Crédits : DR Dans la religion bouddhiste, le terme sokushinbutsu désigne le fait de devenir un véritable Bouddha, de tout son corps et de toute son âme. Cette croyance est un des principes fondateurs de la secte Shingon, un courant ésotérique fondé en 806 par un moine appelé Kūkai. L’histoire de Kūkai commence dans les montagnes de la région montagneuse de Yamagate, dans le nord du Japon, lorsqu’en 835, alors que ses congénères le pensaient mort, il aurait en fait atteint un état de méditation suprême appelé nyūjō, lors duquel l’activité du corps se suspend totalement. D’après la prophétie, Kūkai devrait émerger de sa médiation dans environ 5,67 millions d’années, pour faire profiter de son expérience et de sa sagesse à ses semblables. C’est ce qu’on appelle se faire désirer. Depuis Kūkai, 17 cas d’auto-momifications de moines bouddhistes ont été rapportés, entre 1081 et 1903. Ce processus feindrait la mort afin d’atteindre le nyūjō, soit la méditation suprême. L’auto-momification était un processus très long qui prenait environ trois ans de préparation. Un régime appelé mokujikigyō interdisait par exemple la consommation de graines cultivées. Il était sensé renforcer l’esprit et l’éloigner du monde des mortels. Au terme de ce régime, le candidat nyūjō éliminait la nourriture et réduisait drastiquement les boissons pour être enfin prêt. De nombreuses croyances avancent que certains moines complétaient leur régime avec du thé urushi, qui contiendrait les mêmes composantes toxiques que l’herbe à puces et qui immuniserait le corps contre les bactéries et les parasites responsables de la décomposition. Après tout cela, le moine était enfermé dans un cercueil, lui même enterré à trois mètres dans le sol dans un endroit pré-déterminé. Seul un bambou remontant à la surface permettait au condamné de respirer. Abandonné en pleine méditation, le moine devait sonner une cloche de temps à autre. Lorsque la cloche ne sonnait plus, le moine était considéré comme mort. Le bambou était alors retiré. Au bout de cent jours, la tombe était rouverte. Si aucun signe de décomposition n’était constaté sur le moine, il était alors élevé au rang de véritable sokushinbutsu. Le dernier sokushinbutsu, baptisé Bukkai, a été déclaré mort en 1903, trois siècles après sa mise en terre. Kanzeonji, où repose aujourd’hui Bukkai. Crédits : Jakob Hatun. Aujourd’hui au Japon, 16 sokushinbutsu sont toujours considérés comme vivants mais plongés dans un profond nyūjō. 13 d’entre eux se trouvent dans la région de Tohoku. Pour de nombreux croyants bouddhistes, ces lieux sont aujourd’hui des lieux de pèlerinage sacrés et incontournables. Samantabhadra, l’un des 13 buddhas du bouddhisme Shingon. Crédits : DR. Source : Huffington Post