En 2010, alors qu’ils exploraient la grotte d’Abanda au milieu de la forêt tropicale du Gabon, une équipe de spéléologues a fait une découverte inattendue. Au milieu d’une colonie de plus de 50 000 chauves-souris et d’insectes en tout genre (et en très grand nombre), ils sont tombés sur un crocodile. Huit autres ont également été découverts dans deux galeries de plus de 600 mètres. Cette découverte a donné lieu, un an après, à une nouvelle expédition de l’équipe. Mieux préparés et surtout mieux équipés, les spéléologues cherchaient d’abord à comprendre comment ces animaux ont réussi à survivre dans ce milieu très hostile. Leur première premier constat a été que ce milieu avait eu pour conséquence de rendre la peau des crocos orange. Ces crocodiles ont vécu pendant des années totalement isolés de l’extérieur. La caverne était seulement accessible par un aven de sept mètres, que des sédiments avaient bouché. Mais un tout autre paramètre est à l’origine de leur transformation physique : leurs colocataires. Leur couleur orange proviendrait des excréments de chauve-souris présents dans les eaux croupies de la caverne, dans lesquelles baignaient constamment ces animaux. Cela aurait provoqué une attaque chimique de leur peau, qui a viré au orange clair. Des analyses ADN effectuées sur les animaux montrent des différences avec leurs congénères extérieurs. De plus, les crocodiles cavernicoles d’Abanda sont plus petits (la plupart mesurait moins d’un mètre), plus trapus et surtout aveugles. La mission Abanda s’est terminée en mai 2015. Les spéléologues sont repartis avec de nombreux prélèvements, qu’ils s’attellent désormais à analyser. Sources : Abanda Expédition