Le chien serait le meilleur ami de l’homme depuis bien plus longtemps qu’on ne le croit. Jusqu’à présent, on tenait pour certain que l’homme avait commencé à apprivoisé le loup il y a environ 15 000 ans. Mais de récentes découvertes et analyses ADN avancent que cette relation serait en réalité vieille de plus de 30 000, voire 40 000 ans. Ces nouvelles conclusions ont été rendues possibles par la découverte d’empreintes d’enfants et de loups, marchant côte à côte. Elles ont été découvertes au fond de la grotte de Chauvet, dans de l’argile, et s’étendent sur plus de 45 mètres. Plusieurs équipes ont planché dessus, dont celle de Pat Shipman, qui a publié ses conclusions dans la revue scientifique American Scientist. L’enfant aurait été âgé de huit ans et devait mesurer 1,40 m. Les traces de ses petits pas semblent avoir légèrement dérapé dans l’argile humide. Les chercheurs affirment aussi qu’il semblait tenir une torche, car des traces de charbon ont été retrouvées à proximité. Les empreintes du loup (ou du très gros chien) qui accompagnait l’enfant ont donc permis de faire émerger une nouvelle théorie. Jusqu’à présent, on pensait qu’à la fin de l’âge de glace, les loups avaient commencé à se rapprocher des fermes pour se nourrir des déchets des hommes. Cette habitude naissante aurait permis aux hommes d’approcher de jeunes loups, qu’ils ont fini par apprivoiser. Désormais, une nouvelle théorie avance que les hommes et les loups auraient en réalité évolué ensemble. Les deux espèces se seraient, en quelques sortes, choisies mutuellement et auraient partagé leurs caractéristiques. Cela expliquerait la grande complicité qui les lie. Les loups auraient commencé à interagir avec des chasseurs-cueilleurs il y a environ 30 000 ans, car la taille et l’organisation de leurs « meutes » respectives étaient semblables. Avec un peu de recul, cette théorie semble bien plus logique que celle des loups voleurs de déchets. Des universitaires ont également suggéré que le loup et le chien auraient servi de bêtes de somme, pour servir le travail de l’homme. Cependant, la grotte de Chauvet ne comporte aucune représentation peinte de chien ou de loup. Des experts ont expliqué que cela ne voulait pas forcément dire qu’ils n’interagissaient pas avec l’homme, mais plutôt que celui-ci entretenait une relation différente avec l’animal. Ainsi, il ne l’aurait pas représenté comme les autres espèces, considérées comme des prédateurs. L’analyse de certains bijoux découverts dans la grotte de Chauvet appuient cette hypothèse. Autrefois, les hommes utilisaient des dents d’animaux pour concevoir des parures. Il y a 30 000 ans, les loups étaient rares et constituaient seulement 3 % de la faune totale. Or, les deux tiers des ornements découverts sont des dents de loups ou de chiens, ce qui prouve leur très grande proximité avec l’homme. D’après Pat Shipman, pour les hommes de l’époque, ces bijoux devaient servir de remarquable concrétisation d’une relation, dont ils étaient certainement fiers. Source : American Scientist