En novembre dernier, le chercheur chinois He Jiankui affirmait avoir fait naître les premiers bébés génétiquement modifiés au monde, ce qui a donné des idées à un biologiste russe, annonçait-il dans la revue scientifique Nature le 10 juin 2019.
Denis Rebrikov envisage de modifier davantage d’embryons et de les implanter chez des femmes atteintes du sida dès la fin de l’année, s’il obtient l’accord des autorités. À l’aide de l’outil « CRISPR », il aura préalablement neutralisé le gène qui permet l’entrée du virus. « Je suis assez fou pour le faire », assure le biologiste.
Théoriquement, cette modification permettrait aux bébés d’être immunisés contre le VIH. La loi russe interdit en général les manipulations génétiques sur l’être humain, mais elle apparaît relativement floue en ce qui concerne l’édition génétique dans un embryon.
Une étude publiée le 3 juin avance que l’espérance de vie des deux premières jumelles nées via ce processus, Lulu et Nana, pourrait être réduite à cause de cette manipulation génétique. La plupart des chercheurs s’élèvent contre cette méthode à l’impact potentiellement effroyable. « La technologie n’est pas prête », prévient Jennifer Doudna, biologiste à l’université Berkeley de Californie. « C’est totalement irresponsable d’exercer cette pratique pour l’instant », assure de son côté Alta Charo, membre du comité d’éthique de l’Organisation mondiale de la santé. Ça n’arrêtera pas Denis Rebrikov.
Source : Nature Research