Heartless Crew Pour résoudre un litige juridique entre deux rappeurs, un juge britannique a décrété que le hip-hop devait être considéré comme une langue étrangère. En 2000, le groupe de musique électronique Ant’ill Mob sort le single « Burnin’ ». En 2002, c’est au tour du trio de hip-hop londonien Heartless Crew de produire un titre du même nom, avec comme motif musical le single d’Ant’ill Mob. Ant’ill Mob attaque Heartless Crew en justice l’année d’après. Comme le raconte Matthew Rimmer dans un livre sur le droit d’auteur numérique, Ant’ill Mob prétendait que le groupe Heartless Crew avait plagié sa chanson et portait atteinte à sa réputation, car le titre des plagiaires faisait trop référence à la violence et à la drogue. Sauf que les paroles de la version de Burnin’ par Heartless Crew ont laissé les trois juges chargés de l’affaire perplexes. L’un deux, Kim Lewison, raconte que la scène était surréaliste : des juges en perruques essayant d’analyser le sens d’expressions comme « mish mish man » – un homme au centre de toutes les attentions dans un groupe – et « shizzle my nizzle », qui signifie « bien sûr, mon frère », utilisée entre rappeurs à Londres. Même en écoutant la musique au ralenti, les juges ne comprenaient rien aux paroles. Kim Lewison en a conclu que l’argot devait être considéré comme une langue à part entière. « Le sens des mots d’une langue étrangère ne peut être expliqué que par des experts », a-t-il expliqué à l’époque, suggérant alors de faire comparaître un dealer à la barre en qualité d’expert. La cour n’a pas souhaité retenir cette solution. Elle a statué que la version de Burnin’ par Heartless Crew ne portait pas atteinte à la réputation de Ant’ill Mob et que le groupe de rap était bel et bien en droit d’utiliser la piste puisqu’un contrat de licence avait été signé. Source : Matthew Rimmer Royce 5’9 raconte son retour dans un témoignage poignant. ↓