La crise du logement est aujourd’hui si profonde dans la baie de San Francisco, en Californie, que les expulsés sont ceux qui réalisent les expulsions. Dans un article paru le 11 février, le New York Times raconte l’histoire d’un couple de sans-abri chargé d’avertir les mauvais payeurs qu’ils doivent partir.
John Hebbring et sa compagne Kim Hansen vivent dans une caravane infestée de rats, au milieu d’un campement de sans-abri d’Oakland. De là, ils rayonnent sur la côte californienne, à Newark, Millbrae, Fremont, Daly City, East Palo Alto et Hayward, pour délivrer des avis d’expulsion. « Personne ne veut être celui qui annonce la mauvaise nouvelle, mais à l’heure actuelle, c’est notre seule source de revenus », souffle Hebbring.
Avec un revenu inférieur à 1 500 euros, le couple peine à boucler les fins de mois. La société qui les embauche leur verse 27 euros s’ils déposent le document notifiant l’expulsion et 45 euros s’ils le remettent en mains propres. Ce travail les replonge inlassablement dans leur quotidien, comme le rappelle Hebbring. « J’ai presque envie de leur dire : “Si vous êtes expulsés, j’ai une place juste à côté de moi. ” »
En Californie, l’augmentation galopante des prix de l’immobilier a entraîné une vague d’expulsions. Ce phénomène inquiète les responsables locaux, tant le nombre de sans-abri augmente à une vitesse vertigineuse. Même si son ampleur est difficiles à évaluer, l’association Eviction Defence Collaborative évoque 3 000 expulsions annuelles pour la seule ville de San Francisco.
Source : The Independant