En janvier 2020, lors d’un banal contrôle de police en Belgique, un homme de 39 ans originaire de Limoges a été arrêté avec près de 15 000 euros en billets abîmés provenant d’une banque de Benghazi, en Libye. Elle avait été pillée en 2017 lorsque les rebelles libyens ont découvert la présence de 160 millions d’euros fabriqués en Allemagne à la demande de Mouammar Kadhafi, racontait Le Parisien le 6 octobre.
Après la découverte de ce trésor, les rebelles ont utilisé 80 millions d’euros pour acheter des armes et du matériel de guerre, tandis que l’autre moitié était inutilisable. Les bombardements constants avaient en effet frappé la salle des coffres, et lorsque les rebelles ont mis la main sur le pactole, la moitié des billets étaient noircis ou moisis, et donc impossible à écouler.
Ces billets-là ont alors été revendus « entre 20 et 40 % de leur valeur faciale à la mafia turque », selon un rapport de la banque centrale européenne. C’est ainsi qu’à l’été 2018, les restes du trésor de Kadhafi ont afflué en Allemagne puis partout en Europe. D’autres personnes se sont rendues directement en Turquie pour racheter cet argent sale entre 50 et 75 % de sa valeur initiale.
L’ONU et la BCE ont par la suite fait interdire ces billets, mais cela n’a pas empêché certaines personnes de continuer à les écouler. « Tous les agents des banques n’étaient pas forcément vigilants lors des petits dépôts », précise l’enquête. C’est ainsi que le couple de Limoges ont été interpellés en possession de 15 000 euros en billets abîmés. Les policiers ont également saisi 20 000 euros à leur domicile, et ils avaient écoulé le double de ce montant au cours l’année 2020. La femme faisait des allers-retours en Turquie, d’où elle ramenait à chaque fois entre 5 et 10 000 euros.
Les enquêteurs ont ensuite découvert que la quadragénaire travaillait sur les marchés, elle n’avait donc pas de difficulté à justifier auprès de son banquier ses billets en mauvais état. Son compagnon était de son côté chargé d’écouler l’argent dans des pays moins regardants sur ce genre de choses. Les amoureux ont été placés en garde à vue au début du mois d’octobre pour blanchiment en bande organisée et recel de vol aggravé.
Source : Le Parisien