Le visage de Garry Kasparov se ferme puis se réfugie dans ses mains. Ce 11 mai 1997, à New York, le maître incontesté des échecs n’a pas eu à s’en servir beaucoup. Après 19 coups, au bout de la sixième partie, il s’est incliné contre Deep Blue, un ordinateur. Pour la première fois, la machine triomphe sur l’homme. Cela signifie-t-il qu’elle lui est supérieure ? Non, répond Roger Penrose, un mathématicien d’Oxford. « Le cerveau humain peut réussir des choses dont un super-ordinateur est incapable, mais nous ne savons pas pourquoi. » Aux échecs, dans certains cas, ce dernier « va compter le nombre de pièces et leurs positions pour en déduire le résultat, mais l’homme pourra rapidement s’apercevoir que cette conclusion est erronée », étaye-t-il. Car il a pour lui la conscience. Bien, mais de quoi s’agit-il ? Au lieu de chercher une définition philosophique à la notion, Penrose se sert des échecs pour renverser le problème : si nous parvenions à savoir ce qui nous sépare des superordinateurs, à découvrir les fondements de notre supériorité, n’aurions-nous pas une vision éclairée de la conscience ? À l’appui de son raisonnement, Penrose soumet le problème d’échecs suivant : Un ordinateur donnera toujours les noirs vainqueurs dans ce scénario car les trois fous vont l’amener à considérer des possibilités si multiples qu’elles excéderont toute la puissance de calcul que recèle la planète. En revanche,↕ n’importe quel être humain verra immédiatement qu’il ne peut y avoir trois fous noir sur un jeu d’échec. À lui seul, son raisonnement ne dira pas grand-chose de la conscience. Mais comparé à des centaines d’autres, il permettra peut-être à Penrose de cerner le fonctionnement de l’esprit. Source : The Telegraph