Crédits : DR Thanksgiving, célébration américaine par excellence, est une pure invention. C’est Abraham Lincoln qui, en 1863, l’a imaginée avant que Franklin D. Roosevelt ne lui attribue une date définie. Depuis, la fête de Thanksgiving est devenue une tradition incontournable et très codifiée. Personne ne touche à Thanksgiving. Pourtant, en 1911, Auguste Escoffier, le grand maître de la cuisine française moderne, a tenté le coup. Il s’est mis au défi de proposer à ses admirateurs américains un diner de Thanksgiving d’inspiration française. Et il s’est planté. On connait tous la rengaine : une dinde, des patates douces, des haricots verts, de la sauce cranberry et une tarte à la citrouille. Auguste Escoffier a tout balayé d’un revers de la main. Il décida qu’il était plus judicieux de s’inspirer de la cuisine d’un établissement qu’il avait apprécié à Périgueux pour confectionner son livre de recettes de Thanksgiving. Le menu comprenait donc une omelette aux pommes de terre et au lard, des ris de veau aux épinards, une selle d’agneau rôtie, une salade de cèleri, des champignons sautés et de la terrine de perdrix. Sans surprise, le livre de recettes de Thanksgiving à la sauce frenchy a été un échec cuisant. Les américains ne se sont pas du tout identifiés à cette cuisine française “élitiste” que leur proposait malgré lui Auguste Escoffier. Le chef a eu beau expliquer que ses recettes étaient pensées pour être économiques et représentatives de la cuisine familiale française, pas d’un étoilé parisien, rien à faire. Il est même allé jusqu’à expliquer que d’après lui, les américains ne faisaient pas suffisamment bon usage de tous les bons légumes dont ils disposaient chez eux. Un historien de l’Université du Mississippi, Andrew Haley, s’est même attelé à décrypter l’échec du plus emblématique des chefs français. Selon lui, à cette époque-là, la culture culinaire était au milieu d’une lente phase de transition. Les classes moyennes américaines commençaient à plus souvent dîner dehors, rejetant massivement la cuisine française au profit de la cuisine américaine afin d’affirmer leur identité. Sources : thewednesdaychef Des ruelles de Bologne au plus grand restaurant de Modène, Matt Goulding a exploré les confins de l’Émilie-Romagne en quête de la sauce parfaite.