par Gretchen E. Henderson M. Howell, libraire d’occasion, découvre en 1887 un étonnant ouvrage : « Le Club le Plus Honorable et Facétieux des Visages Moches ». À Liverpool, au début du XVIIIe siècle, quiconque répondant à d’exigeants critères de laideur faciale avait ses chances d’intégrer le groupe, comme le documente le site Ninteenth-Century Disabiliy. Le slogan de ce club très secret ? La sentence latine du poète satirique Juvénal, « Avant toute chose un visage moche » (Tetrum ante omnia vultum). Large bouche, mâchoire fine, lèvres graisseuses ou encore strabisme… autant de traits qui vous auraient aidés à être admis au sein du club. « Une attention particulière devra être portée à la proéminence du nez des candidats, et à la longueur de leur menton », stipulait encore l’ouvrage. Le casting se terminait par un vote des membres du club. Certains passages du livre, qui retracent la décennie d’existence du club entre 1743 et 1753, justifient la qualification des candidats en décrivant par exemple le « large visage de pancake » de Francis Gildart, ou les « yeux creux de cochon » de Brancker. Ce club plein d’auto-dérision était une « organisation volontaire et fraternelle » dans laquelle les membres se retrouvaient entre célibataires laids « autour d’un café, pour boire une bière ou chanter des chansons ». Si l’un des « moches » se mariait, il devait payer un forfait au club. Si originale et piquante qu’elle paraisse, cette organisation est loin d’avoir été unique en son genre. Nombreux à l’époque, ces clubs ont bourgeonné pendant la période satirique du début du XVIIIe, au cours de laquelle la littérature sur la laideur et les déformations était prolifique dans la culture anglo-saxonne. Aux États-Unis, des fraternités dans les universités prenaient la forme de « clubs de moches ». Néanmoins, la fin du XIXe siècle et les réelles déformations causées par la Guerre de Sécession ont mis un coup de frein à cette mise en dérision de la laideur. Source : Ninteenth Century Disability