Ce n’est pas le cœur léger que le Professeur Charles Tyler a prononcé le discours d’ouverture du 50e anniversaire du dîner annuel de la Société des pêches des Îles britanniques, le 3 juillet dernier, à l’université d’Exeter. Voilà bientôt dix ans que l’ichtyophysiologiste et écotoxicologue diplômé d’Oxford met en garde le monde scientifique et industriel contre les effets dévastateurs des produits chimiques sur la faune qui peuple les cours d’eau, des ruisseaux aux rivières. En 2008, le professeur de l’université d’Exeter avait déjà publié une étude indiquant que sur les poissons de 51 sites différents en Angleterre, un cinquième des mâles présentaient des signes d’un changement de sexe. Comme on l’imagine, la situation ne s’est pas arrangée depuis. La faute est évidemment à chercher du côté des produits chimiques. Si le processus reste encore mystérieux – bien qu’il semble qu’ils atterrissent là lorsque les consommateurs s’en débarrassent en tirant la chasse… –, Charles Tyler en a détecté plus de 200 responsables de l’apparition de caractéristiques femelles chez des poissons mâles, en les exposant à des taux élevés d’œstrogènes. Ils ont notamment découvert des poissons mâles portant des œufs dans leurs gonades, ou sécrétant un sperme à la fertilité notablement réduite. « Nous commençons à voir que cela n’affecte pas que le sexe du poisson, ces produits chimiques peuvent aussi affecter les processus physiologiques de l’animal », a confié le professeur Tyler au journal The Independent. Si ces effets ne tuent pas le poisson, ils pourraient réduire les populations au fil du temps du fait de leur impact négatif sur la reproduction. Pour stopper l’hémorragie, le chercheur préconise davantage de fermeté du gouvernement « sur les restrictions » ou tout simplement de bannir l’utilisation de ces produits. Les chercheurs hexagonaux seraient bien inspirés de mener des recherches semblables en France, car peut-être parviendraient-ils à un résultat quelque peu inquiétant. Source : The Independent