Crédits : Campbell MacDiarmid Dans les environs de Kirkouk, au retour du printemps, les terres arides du nord de l’Irak subissent une étonnante transformation. Les pluies de l’hiver ont rendu le paysage ondulé verdoyant. Entre les affleurements de grès, les champs et les collines sont recouvertes de fleurs sauvages. Et en-dessous, la terre argileuse abrite des trésors insoupçonnés : des truffes du désert. Moins chères et beaucoup plus abondantes que leurs lointaines cousines européennes, les truffes du désert appartiennent au genre Terfezia et se retrouvent dans de nombreux pays du Moyen-Orient et d’Afrique. Mais elles exercent sur les hommes la même attraction que les truffes françaises et italiennes. En Irak, certains ont perdu leur vie en les cherchant, quand d’autres les traquent sans relâche. « Les terres kurdes produisent des domalan noires », a confié un vendeur de truffes à Campbell MacDiarmid, reporter pour Roads & Kingdoms. En kurde, domalan veut dire « truffes ». « Les blanches sont des domalan arabes. » Une variété beaucoup moins bonne, d’après lui. Crédits : Campbell MacDiarmid Tandis que la guerre contre l’État islamique se poursuit aux portes du Kurdistan irakien, les peshmergas ont depuis trois étés réussi à dresser un bouclier entre leur région et l’organisation terroriste. La quiétude relative qui leur est offerte explique que les habitants de la région puissent s’adonner à ce genre d’activités. Mais chasser les truffes n’est pas exempt de tout danger : il y a trois mois, deux hommes sont partis en quête de truffes au-delà des positions peshmergas. Ils ont été capturés par des miliciens de Daech et ont plus tard été décapités. La guerre a également un effet sur le marché de la truffe lui-même. À Kirkouk, elles se vendent 12 000 dinars le kilo cette année pour les plus grosses (un peu plus d’une centaine d’euros), 9 000 pour les plus petites. Si elles sont moins chères que les variétés européennes, elles en sont pas à la portée de tous les travailleurs de Kirkouk. Avec la chute du prix du pétrole et la guerre contre l’État islamique, les finances du pays sont au plus mal et les vendeurs de truffes s’en ressentent. « Personne n’a d’argent ces temps-ci », déplore un vendeur. Les prix n’ont jamais été aussi bas. Mais malgré cela, les Kurdes ont leurs façons bien à eux de consommer les truffes : frites dans l’huile avec du raisin et servie avec du riz, ou fraîche avec une soupe. Avec les amandes fraîches, la rhubarbe sauvage et les baies de sumac, ces chasses à la truffe sont la continuation d’une tradition ancestrale de cueillette pour les Kurdes d’Irak. Crédits : Campbell MacDiarmid Source : Roads & Kingdoms Des combattants volontaires au Kurdistan irakien. ↓