Court et sucré ou long et salé ? Un donut ou des céréales ? Par respect pour vous et pour les efforts que vous avez fournis afin d’obtenir votre diplôme, j’ai longuement réfléchi à ce que je pourrais partager avec vous ici ce soir. Devais-je me tenir sur cette estrade à vous lire vos droits ? Devais-je vous raconter quelques anecdotes désopilantes ? J’ai pensé à ce que vous voudriez entendre. J’ai pensé à ce qui pourrait vous être utile. J’ai aussi pensé à ce que je tenais à dire. À ce que j’avais besoin de dire… Avec un peu de chance, nous serons tous satisfaits… Et comme on dit : retenez ce qui vous plaira et laissez tomber le reste. Merci de m’accueillir parmi vous. Avant que je ne partage avec vous ce que je sais, parlons d’abord de ce que je ne sais pas. J’ai deux frères plus âgés que moi. Le premier était au lycée au début des années 1970, une époque où le baccalauréat vous assurait de trouver un travail et où le diplôme universitaire était la panacée.
Mon autre frère était au lycée au début des années 1980, et à ce moment-là déjà, le baccalauréat ne suffisait plus à vous garantir un emploi : pour cela, il fallait un diplôme universitaire, et si vous en obteniez un, vous aviez de fortes chances d’accéder au poste que vous visiez après la fin de vos études. Quant à moi, j’ai fini le lycée en 1988 et j’ai décroché mon diplôme en 1993. Ce diplôme-là ? Il ne valait pas grand-chose. Pas de ticket spécial, pas d’entrée gratuite pour quoi que ce soit. Alors quelle est la signification de votre diplôme universitaire ? Il signifie que vous avez fait des études, que vous avez plus de savoir sur un sujet spécifique, une vocation, ou que vous pourriez avoir plus d’expertise à faire valoir dans votre domaine. Mais qu’est-ce qu’il vaut sur le marché actuel de l’emploi ? Nous savons que le marché pour les diplômés universitaires est plus concurrentiel que jamais. D’ailleurs, certains d’entre vous ont déjà un emploi tout trouvé, une voie tracée où le job d’aujourd’hui peut faire la carrière de demain. Mais pour la majorité d’entre vous, l’avenir semble encore quelque peu confus : votre poste ne reflète pas directement le diplôme que vous venez d’obtenir, et beaucoup d’entre vous n’ont même pas encore d’emploi. Vous venez tout juste d’achever le cursus pédagogique de votre vie, celui que vous avez commencé à cinq ans et qui a duré jusqu’à présent… et votre avenir pourrait ne pas être plus clair qu’il y a cinq ans : vous n’avez pas toutes les réponses, et c’est effrayant. Mais ce n’est pas grave, car c’est la vie, c’est la réalité à laquelle vous devez faire face, le monde dans lequel vous vivez… Je ne suis pas là pour vous décourager ou dévaloriser de quelque façon que ce soit la réussite qui est la vôtre et que nous célébrons ce soir. Je suis ici pour parler de choses sérieuses, pour vous épargner la flatterie et les félicitations, car il y a une chose que je sais.
Plus vite on cesse d’être impressionné par notre vie, par nos accomplissements, par notre carrière, par les perspectives qui nous attendent… plus vite on abandonne la contemplation au profit de l’engagement dans les choses, et plus vite on devient meilleur dans leur réalisation. Aussi, je vais vous parler de certaines choses que j’ai apprises tout au long de mon parcours. L’essentiel vient de mon expérience personnelle, le reste de paroles que j’ai entendues en passant – et j’applique encore nombre d’entre elles aujourd’hui –, mais toutes ces choses sont vraies. Elles correspondent peut-être à des vérités pour moi, mais ne croyez pas que cela en fait ma propriété. On ne peut pas posséder une vérité. Voyez ça comme des panneaux de signalisation, des approches, des références, un corps donné à des idées qu’on se fait. Vous pouvez les voler, les partager, les comparer à celles de votre propre vie, et les mettre en application, à votre façon, seulement si vous le souhaitez.
La constance de la joie
1. La vie n’est pas facile La vie n’est pas simple… n’essayez donc pas de la rendre facile. Elle n’est pas juste, elle ne l’a jamais été, elle ne l’est pas aujourd’hui et ne le sera jamais. Ne tombez pas dans le piège qui consiste à vous persuader que vous êtes une victime. Vous n’en êtes pas une. Reprenez-vous et passez à autre chose. La plupart des accomplissements semblent plus gratifiants quand vous les obtenez à la sueur de votre front. 2. « Incroyable » est le mot le plus idiot du dictionnaire Il ne devrait jamais sortir de votre bouche. Exemple : « Quel jeu incroyable ! » C’était un livre incroyable, un film incroyable, un acte de courage incroyable… vraiment ?
C’était peut-être spectaculaire, phénoménal, tout à fait excellent, vraiment exceptionnel… mais incroyable ? Non. Donnez du mérite aux autres et à vous-mêmes. C’est arrivé, sous vos yeux, vous l’avez fait, croyez-moi. Et à l’inverse de l’incroyable ? Quand nous, les humains, « travaillons en vain » ou agissons de manière inhabituelle ? Un homme fait s’écraser un avion dans le World Trade Center, des millions de gens meurent de maladies pour lesquelles nous ne possédons pas de remède, Bob le constructeur jure que notre maison sera prête pour Thanksgiving et on ne peut finalement pas y emménager avant Noël – de l’année prochaine ! Notre meilleur ami nous ment et nous nous mentons à nous-mêmes, tout le temps… incroyable ? Je ne crois pas, non… Encore une fois, c’est arrivé, tout simplement, et cela arrive tous les jours. Rien de ce que nous faisons, nous les Homo sapiens qui habitons sur Terre, n’est incroyable : tout ce qu’on peut attendre des hommes, c’est qu’ils se comportent… comme des hommes. Nous ne devrions pas être surpris, nous sommes les bipèdes les plus complexes de la planète ! (Je ne me soucie pas des singes, mais juste de vous et moi.) Acceptez que les actes de grandeur soient réels, et ne soyez pas naïfs en ce qui concerne la capacité de l’humanité à faire le mal. Ne soyez pas non plus dans le déni concernant nos propres défauts. Rien de ce que nous faisons n’est incroyable. Quel mot à la con. Un mot in-croya-ble-ment stupide.
3. Ne pas confondre joie et bonheur « Je veux seulement être heureux. » J’entends ça constamment. Mais qu’est-ce que le bonheur ? Le bonheur est une réponse émotionnelle à un résultat : si je gagne, je serai content, pas dans le cas contraire. C’est un cas du type « si-alors », un rapport de cause à effet, une norme dans le donnant-donnant qu’on ne peut pas maintenir, car on met la barre plus haut aussitôt après l’avoir atteint. Ainsi le bonheur demande un certain aboutissement, il est basé sur le résultat. Si c’est le bonheur que vous cherchez, alors vous serez souvent déçus, et malheureux la plupart du temps. La joie en revanche, c’est autre chose. Ce n’est pas un choix, pas plus qu’une réponse à un quelconque résultat, c’est un état constant. La joie, c’est le sentiment qu’on ressent en faisant ce qu’on sait faire, qu’importe le résultat.
Nos valeurs culturelles ont été « monétisées ».
Personnellement, en tant qu’acteur, j’ai commencé à apprécier mon travail et à devenir réellement plus heureux lorsque j’ai arrêté d’essayer de faire du labeur quotidien un moyen pour atteindre une fin, comme le besoin qu’un film cartonne au box-office, qu’on reconnaisse la qualité de mon jeu d’acteur ou que mes semblables me respectent. Toutes ces aspirations sont raisonnables, mais la vérité c’est que dès que le travail en lui-même, le tournage du film et l’accomplissement de la tâche sont devenus la récompense, mes films sont montés au box-office et j’ai reçu plus d’éloges et de respect que jamais auparavant. Vous voyez, la joie est toujours en cours, en construction, elle est constamment en approche, bien portante et dynamique, contenue dans la réalisation de ce qu’on sait faire… et dans le plaisir qu’on a à le faire.
4. Ayez votre définition du succès Il y a quelques années, je suis entré dans une boutique de vaudou, au sud de la Nouvelle-Orléans. Ils avaient des fioles remplies de potions « magiques », rangées par colonnes avec des étiquettes, selon l’usage qu’on pouvait en faire : fertilité, santé, famille, aide juridique, énergie, pardon, argent. Devinez quelle colonne était vide ? Argent. Il faut se rendre à l’évidence, l’argent est roi de nos jours, il fait tourner le monde. L’argent, c’est le succès, plus vous en avez, plus vous avez de « succès », pas vrai ? Je dirais même que nos valeurs culturelles ont été « monétisées » : l’humilité n’est plus en vogue, elle est trop passive. Aujourd’hui, nous vivons dans un monde où c’est la course à la fortune sur Internet, pour grappiller 15 minutes de gloire. On le voit tous les jours. Pourtant, nous voulons tous réussir, n’est-ce pas ? La question à se poser est la suivante : Que représente pour nous la réussite, que représente-t-elle pour vous ? Plus d’argent ? Très bien, je n’ai rien contre l’argent. Mais peut-être s’agit-il également d’une famille en bonne santé ? D’un mariage heureux ? D’aider son prochain ? De la célébrité ? D’un éveil spirituel ? De laisser derrière vous un monde un peu meilleur que celui que vous avez trouvé à votre arrivée ? Continuez à vous poser la question. Votre réponse peut bien changer au fil du temps, ce n’est pas grave, mais faites-vous une fleur : qu’importe votre réponse, ne choisissez rien qui puisse mettre votre âme en péril. Donnez la priorité à la personne que vous êtes, à celle que vous voulez devenir, et ne perdez pas de temps avec ce qui fait obstacle à votre personnalité. Réfléchissez avant d’agir ! Ce qui peut vous sembler bon aujourd’hui pourrait vous poser problème demain. La vie n’est pas un concours de popularité. Soyez courageux et gravissez la pente jusqu’au sommet, mais d’abord, répondez à cette question : « Quel est mon sommet ? »
Ma définition du succès ? Pour moi, c’est l’équilibre de cinq choses : être père, être un bon mari, être en bonne santé, avoir une carrière et être entouré de mes amis. C’est ce qui m’importe le plus dans la vie. C’est pourquoi chaque jour, j’essaye d’en tenir compte et de voir si je sais maintenir à flot chacune d’entre elles. Si je suis dans le vert ou dans le rouge. Par exemple, il arrive que ma carrière marche bien (vert), mais il m’apparaît alors que ma relation avec ma femme mériterait plus d’attention. Il faut que je rattrape mon retard sur la partie « être un bon mari », la sortir du rouge. Ou peut-être est-ce ma santé spirituelle qui aurait besoin d’une révision (rouge), alors que mes amitiés et ma vie sociale tournent à plein régime (vert)… Je dois recalibrer, vérifier et équilibrer constamment ; aller à la messe et penser à dire merci plus souvent. Ce suivi permanent est capital si je veux que la vie irrigue correctement ces cinq choses. Et je sais que si je n’en prends pas soin, si je ne continue pas à les entretenir, l’une d’elles va se fragiliser et décliner jusqu’à s’éteindre. Il faut donc tout d’abord définir son succès, puis faire l’effort de le maintenir : faire un suivi, tondre la pelouse, garder les choses importantes en bon état. Ne nous voilons pas la face, nous avons deux loups en nous : un bon et un mauvais, vous savez de quoi je parle. Et tous deux sont affamés… il suffit de nourrir le bon loup un peu plus que l’autre.
Trouver sa place
5. Le processus d’élimination est le premier pas vers notre identité (ou : « savoir où n’est pas notre place est aussi important que de savoir où elle est ») En 1992, j’ai décroché mon premier rôle. Trois répliques, trois jours de travail, dans un film intitulé Génération rebelle. Bon, très bien. Bien, bien, bien.
Le réalisateur, Richard Linklater, m’invitait chaque nuit à revenir sur le tournage, il me faisait jouer dans plus de scènes, ce qui demandait plus de répliques, auxquelles j’étais heureux de dire « oui ». Je m’éclatais ! Les gens disaient que j’avais du talent, ils me faisaient des chèques à 325 dollars la journée. Moi je disais : « Carrément, donnez-moi plus de scènes, j’adore ça ! » et vers la fin du tournage, ces trois répliques s’étaient transformées en trois semaines de travail, pour finalement donner cette scène où les héros vont chercher leurs billets pour Aerosmith dans la Chevelle de Wooderson. La classe. Il y a quelques années, j’étais en train de revoir le film quand j’ai remarqué deux scènes où je n’aurais vraiment pas dû me trouver. Dans l’une d’elles, je sors du plan pour aller quelque part, puis je reviens pour « revérifier » si personne, parmi les autres personnages, ne veut venir avec moi. Vous serez d’accord avec moi si vous connaissez le personnage de Wooderson : il n’est pas du genre à dire « à plus », puis à revenir pour voir si vous êtes sûrs de ne pas vouloir l’accompagner. Non, quand Wooderson part, il part, il ne revient pas sur ses pas, il ne faiblit pas, il ne revient pas en arrière, il ne demande ou ne sollicite pas deux fois, pas vrai ? Tout ce qu’il aime, ce sont les lycéennes, parce que lui vieillit alors qu’elles ont toujours le même âge. Bref, le fait est que je n’aurais pas dû me trouver dans cette scène, j’aurais dû partir et ne jamais revenir. Mais à l’époque, tourner dans mon premier film, être invité à revenir sur le plateau, encaisser ce chèque et prendre mon pied… Je voulais plus d’apparitions à l’écran, je voulais rester plus longtemps dans la scène et revenir, vous comprenez ? Je n’aurais pas dû me trouver là. Wooderson n’aurait pas dû être là. Savoir où n’est pas notre place est aussi important que de savoir où elle est. Généralement, le premier pas vers notre identité dans la vie, ce n’est pas « je sais qui je suis », mais plutôt « je sais qui je ne suis pas ». On procède par élimination. Nous déterminer par rapport à ce que nous ne sommes pas, c’est le premier pas vers une connaissance parfaite de notre for intérieur. Vous savez, ce groupe d’amis avec lequel vous traînez et qui ne font pas ressortir le meilleur en vous ? Ils racontent trop de ragots, ils sont un peu louches et ils risquent de ne pas être là pour vous quand vous en aurez besoin. Ou bien ce bar qu’on n’arrête pas de fréquenter et duquel on ressort toujours avec la pire des gueules de bois ? Ou cet écran d’ordinateur qui sert toujours de prétexte pour ne pas sortir, communiquer avec le monde et avoir un contact humain ? Et la nourriture qu’on mange tout le temps ? Celle qui est bonne pendant qu’on l’engloutit, mais qui nous fait nous sentir mal la semaine d’après, quand on se sent à plat et qu’on ne cesse de prendre du poids. Ces gens, ces lieux, ces choses… il ne faut pas leur consacrer tant de temps et d’énergie. N’y allez pas, laissez tomber ! Une fois que vous arrêterez de leur consacrer du temps, vous vous retrouverez d’un coup à en passer davantage dans des endroits plus sains pour vous, et qui vous rendent plus joyeux.
Pourquoi ? Parce que vous aurez ainsi éliminé les personnes, les lieux, les choses et les moments qui vous éloignaient de votre identité. Croyez-moi, avoir trop de choix nous transforme en tyrans. Alors débarrassez-vous de l’excès, du temps perdu, limitez vos options… et devant vous, tout à fait par hasard, presque en toute innocence, il ne restera que le plus important. Trouver qui nous sommes est vraiment difficile. Facilitez-vous la tâche. Éliminez d’abord ce que vous n’êtes pas et vous vous trouverez là où est votre place. 6. Ne laissez pas de miettes (ou la beauté de la satisfaction différée) Que sont les miettes ? Les miettes dont je parle, c’est ce choix qui nous oblige à regarder plus tard derrière nous. Vous deviez de l’argent à un gars que vous n’avez toujours pas remboursé et ce soir, il est assis à trois rangées derrière vous. Merde… Vous avez trompé votre femme et vous venez d’apprendre que demain, elle et votre maîtresse seront à la même rencontre de parents d’élèves. Re-merde… Vous avez trop bu la nuit dernière et maintenant, vous avez une gueule de bois trop forte pour conduire votre fils à son entraînement de baseball samedi à huit heures du mat’. C’est ça, les miettes ! Elles apparaissent sous la forme du regret, de la culpabilité ou du remords. Vous les oubliez aujourd’hui, et elles vous feront stresser davantage demain. Elles vous empêchent de vous tailler un avenir sur mesure dans lequel vous n’aurez pas à regarder en arrière. Aussi, renversons la tendance. Au lieu d’engendrer des conséquences qui nous obligent à nous épuiser, créons-en davantage qui s’avéreront payantes, qui nous combleront, qui garderont vive la flamme qui brûle en nous, qui éveilleront notre passion, pour la plus grande partie de notre avenir. Voilà ce qu’est la beauté de la satisfaction différée.
Organisez-vous. Rendez-vous service : faites les bons choix, les achats d’aujourd’hui qui vous paieront demain. Les revenus résiduels. Dans mon travail, on appelle ça les royalties. Si je fais bien mon boulot aujourd’hui, je reçois encore des chèques dans ma boîte aux lettres cinq ans plus tard. Une sacrée bonne affaire. Donc, qu’il s’agisse de préparer votre cafetière à l’avance le soir pour n’avoir qu’à appuyer sur le bouton le matin ou de vous préparer pour un entretien plus tôt pour ne pas avoir à bûcher la veille, ou de choisir de ne pas passer la nuit avec telle femme mariée car vous savez que demain vous vous sentirez mal (sans compter que son mari porte une arme), ou de payer vos dettes à temps pour qu’en revoyant ce fameux gars ce soir, vous n’ayez pas à vous enfoncer dans votre siège en espérant passer inaperçu… Gagnez un RSI – un retour sur investissement –, votre investissement. À vous. Vous seul forgez votre avenir. Ne laissez pas de miettes.
7. « Disséquez » votre succès – et les bienfaits de la reconnaissance Nous nous concentrons souvent sur les échecs. Nous les examinons. Ils nous obsèdent. On les « dissèque ». Ils finissent par nous griser jusqu’à la désillusion. Quand écrit-on dans son journal intime ? Quand on est déprimé. Autour de quoi tournent les potins ? Autour des défauts et des bourdes des autres. On pourrait se disséquer jusqu’à se détester, si on ne faisait pas attention. Je trouve que la plupart du temps, notre obsession des défauts n’engendre que du négatif et davantage d’échecs.
Je ne fais pas une fixation sur l’aspect défavorable de leur critique, mais je cherche ce que je peux en tirer.
Je ne dis pas qu’il faut nier ses erreurs. Non, on peut aussi en apprendre des choses, mais seulement si on les aborde de façon constructive. Comme un moyen de révéler nos points forts, ce qu’on doit améliorer, nos réussites. La façon la plus simple d’étudier la réussite, c’est à travers la gratitude. Être reconnaissant pour ce qu’on a, pour ce qui marche, apprécier les choses simples qu’on considère comme allant de soi. C’est simple, ça marche. J’ai lu énormément de critiques négatives sur moi, et les bonnes « critiques négatives », écrites par des critiques talentueux, sont constructives. Elles me révèlent ce qui transparaît derrière mon travail. Je ne fais pas une fixation sur l’aspect défavorable de leur critique, mais je cherche ce que je peux en tirer, car en vérité, leur mécontentement met davantage en valeur ce que je fais de bien, et ce que je réussis… et c’est cela que je « dissèque ». Puisque nous sommes les architectes de notre vie, étudions les habitudes, les pratiques, les routines qui mènent à notre succès, ou qui y participent. Étudions cela de près et soyons-en reconnaissants. Que se passe-t-il lorsqu’on fait cela ? On s’améliore… ce qui donne plus de matière à disséquer.
Les obligations
8. Créez des obligations volontaires Papa et maman nous apprennent des choses lorsqu’on est enfant. Les enseignants, les mentors, le gouvernement et la loi nous donnent tous des indications pour naviguer dans la vie, des règles à respecter au nom de la responsabilité.
Je ne parle pas de ces obligations-là. Je parle des obligations que nous avons envers nous-mêmes, envers notre dieu, envers notre propre conscience. Je parle des obligations qui nous opposent à nous-mêmes. Elles sont nécessaires. Encore une fois, ce ne sont pas des lois ou des attentes dictées par la société. Ce sont des obligations, basées sur la confiance, que nous nous fixons. Il n’y aura pas de diminution sur votre prime d’assurance pour votre bonne conduite, vous n’aurez pas d’amende et ne serez pas jeté en prison pour avoir enfreint ces obligations dont je veux parler : elles ne sont régies que par vous. Ce sont des secrets que vous gardez, un conseil privé, des protocoles personnels, et si personne n’organise de fête en votre honneur quand vous les respectez, personne ne va vous arrêter non plus si vous vous en déchargez. Excepté vous. Ou quelques flics qui auraient reçu un appel pour « trouble à l’ordre public » à 2 h 30 du matin, parce que vous jouez du bongo dans le plus simple appareil. L’oreiller de l’homme honnête, c’est sa tranquillité d’esprit, et quand vient le soir, on se repose sur cet oreiller. Peu importe qui partage notre lit, nous sommes seuls dans notre sommeil. Nos obligations sont nos Jiminy Cricket personnels. Et il n’y a pas assez de flics sur cette Terre pour les contrôler. Il n’y a que vous
. 9. De pouvoir à vouloir J’ai reçu mon premier gros cachet en tant qu’acteur en 1995. Je crois que c’était 150 000 dollars. C’était pour Avec ou sans hommes. On tournait à Tucson, en Arizona, et je logeais dans cette jolie maison d’hôte en torchis, au bord du parc national de Saguaro. La maison avait une gouvernante. Ma première gouvernante ! C’était super. Une amie vient dans la nuit du vendredi, on passe un bon moment et je lui raconte à quel point je suis bien logé ici. La maison. La gouvernante. Surtout la gouvernante. Je lui dis : « Dès que je pars, elle fait le ménage, la lessive, la vaisselle, elle me met de l’eau fraîche près du lit, elle me laisse parfois des repas tout prêts, et elle repasse même mes jeans ! » Mon amie me sourit, heureuse de voir mon enthousiasme sincère devant ce « service luxueux » auquel j’ai droit, et elle sort : « Eh bien… c’est super… si tu aimes que tes jeans soient repassés. » Je l’ai regardée bizarrement, je suis resté un moment sans voix, vous savez, avec cet air bête qu’on peut avoir, et j’ai pigé… Je détestais cette ligne le long de mes jeans ! Et c’est à ce moment-là que j’ai remarqué que je n’avais jamais pensé à ne pas l’aimer, cette ligne amidonnée à l’avant, qui passe le long de chaque jambe ! Parce qu’avant, je n’avais pas de bonne pour repasser mes jeans ! Et maintenant que c’était le cas, pour la première fois de ma vie, j’étais content simplement parce que je pouvais obtenir cette ligne ! Je ne m’étais jamais demandé si je la voulais vraiment. Et finalement je n’en voulais pas, de cette ligne… Et ce soir-là, j’ai appris quelque chose.
Seulement parce qu’on peut ? Non, ce n’est pas une raison suffisante pour faire quelque chose. Même si cela permet d’avoir plus, soyez perspicaces, choisissez-le parce que vous le voulez, faites-le parce que vous le voulez. Depuis, plus personne ne repasse mes jeans. 10. Les barrières sont une création de l’homme 3 janvier 1993. Pendant le match décisif de la NFL. Les Oilers de Houston contre les Bills de Buffalo. À la mi-temps, les Oilers sont à 28 contre 3, 35 contre 3 au début du troisième quart-temps. Frank Reich et les Bills reviennent en force pour gagner 41 à 38 pendant les prolongations, une des plus belles remontés de l’histoire de la NFL. Oui, les Bills ont gagné, mais ils n’ont pas vraiment battu les Oilers. Les Oilers ont perdu ce match, ils se sont battus eux-mêmes. Pourquoi ? Parce qu’à la pause, ils se sont fixés des barrières, un plafond, une limite, une « défense préventive » comme ils disent. Peut-être qu’à la pause, ils ont commencé à penser à leur prochain adversaire, avant de repartir pour le second quart-temps, quand le mental n’était pas au plus haut. Et voilà, ils ont perdu. En à peine deux quart-temps, Jim Eddy, le coordinateur des Oilers, est passé du « coordinateur défensif de l’année » et du « mec bien parti pour être coach principal l’année prochaine » à un type au chômage à la NFL. Et vous, vous n’avez jamais craqué ? Vous savez, raté la ligne d’arrivée, mis les pieds dans le plat une fois que le micro était à vous, eu un trou de mémoire durant un examen auquel vous vous étiez préparés, oublié la chute d’une blague devant 4 000 jeunes diplômés durant le discours de fin d’année à l’université de Houston ? Ou peut-être avez-vous connu ce sentiment qui fait se dire : « Oh, mon Dieu, c’est beaucoup trop bien, est-ce que je le mérite vraiment ? »
Qu’arrive-t-il lorsqu’on ressent ce sentiment ? On se crispe, on a une expérience de dépersonnalisation qui nous fait nous voir littéralement de l’extérieur. On se rend compte qu’on est dépassés par les événements. Avez-vous déjà ressenti cela ? Moi, oui. Tout ça parce qu’on s’est fixé des barrières imaginaires, un plafond, une limite à nos attentes quand on se dit que c’est trop beau pour être vrai. Mais ce n’est pas le cas ! Et ce n’est pas à nous de dire ou de croire que c’est le cas ! Nous ne devrions pas nous restreindre. Gagner la première place, inaugurer une statue à son effigie, avoir une idée en or, trouver l’amour de sa vie, nager dans le bonheur… Qui sommes-nous pour penser que nous ne méritons pas ou n’avons rien fait pour obtenir ces présents lorsqu’on les reçoit ? Nous n’en avons pas le droit. Mais si nous restons connectés à nous-mêmes et à l’instant présent, à la joie de l’action, on ne risque pas de craquer avant la ligne d’arrivée. Pourquoi ? Parce qu’on ne pense pas à la ligne d’arrivée, on ne regarde pas le temps, on ne se voit pas à l’écran. Bo Jackson a traversé tout le terrain, la ligne d’en-but, jusqu’à disparaître dans le tunnel du stade. Les meilleurs snipers du monde ne visent pas directement la cible, mais ce qu’il y a derrière. Nous faisons de notre mieux lorsque notre destination est au-delà du « mesurable », lorsque notre but est hors de portée, lorsque nous avons des lignes d’arrivée interminables. Quand on fait cela, la course ne se termine jamais. Le voyage n’a pas de port. L’aventure ne s’arrête pas, car nous sommes toujours en route. Laissez-les vous donner une tape dans le dos ponctuée d’un : « Hé, t’as marqué ! » Laissez-les vous dire : « Tu as gagné. » Laissez-les venir vous dire : « Tu peux rentrer chez toi, maintenant. » Laissez-les vous dire : « Je t’aime aussi. » Laissez-les vous dire : « Merci. » Supprimez ces barrières artificielles et partez toujours du principe que vous êtes en train de perdre.
11. Tourner la page Le défunt Daryl Royal, un super entraîneur de football américain de l’université du Texas, était mon ami et un bon ami pour beaucoup. Nombreux étaient ceux qui l’admiraient. L’un d’eux était un musicien prénommé Larry. À ce moment de sa vie, Larry était au sommet de sa carrière dans la musique country, il avait des tubes à son actif et tout marchait comme sur des roulettes. Entre-temps, il avait pris pour habitude de sniffer de la poudre blanche, et lors d’une fête, après un « passage aux toilettes », Larry, tout confiant, a rejoint son mentor, Daryl, et a commencé à lui raconter une histoire.
Ce dernier l’a écouté, comme d’habitude, et quand Larry a terminé son anecdote et qu’il s’apprêtait à partir, le coach a posé une main bienveillante sur son épaule et lui a dit discrètement : « Larry, mon pote, t’as quelque chose sur le nez. » Larry s’est alors précipité jusqu’au miroir des toilettes où il a remarqué qu’il avait de la poudre qu’il n’avait pas nettoyée sur son nez. Il avait honte. Il était gêné. Tant parce qu’il se sentait irrespectueux envers Royal que parce qu’il était si habitué à la drogue qu’il en oubliait de le cacher comme il aurait dû. Eh bien, le jour suivant, Larry est allé sonner à la porte de l’entraîneur, et quand il lui a ouvert, Larry a dit : « Coach, j’ai besoin de vous parler. » Daryl a répondu : « Bien sûr, entre. » Larry a tout avoué. Il a expié ses fautes devant le coach. Il lui a raconté qu’il se sentait embarrassé, qu’il s’était « égaré » au milieu de toute cette gloire et de toute cette fortune, et après presque une heure, Larry, en larmes, a demandé à l’entraîneur : « Qu’est-ce que je devrais faire d’après vous ? » Le coach étant quelqu’un de peu loquace, il l’a regardé et calmement et lui a avoué une chose. Il a dit : « Larry, je n’ai jamais eu de mal à tourner la page dans le livre de ma vie. » Ce jour-là, Larry a arrêté la drogue, et cela fait quarante ans qu’il n’en a pas repris. Vous ne vous êtes jamais enlisés dans la routine ? Pris dans le cercle vicieux d’une mauvaise habitude ? Moi, si. Vous ferez des erreurs : admettez-les, corrigez-les, et avancez. La culpabilité et le regret tuent beaucoup d’hommes avant l’heure. Tournez la page, sortez du cercle. Vous êtes les auteurs du livre de votre vie. Tournez la page.
Recevoir la vérité
12. Donnez du mérite à vos obstacles Vous savez, ces t-shirts « No Fear ». Ne les portez pas. Sérieusement, moi, je me fais des frayeurs tous les jours. J’ai des nœuds à l’estomac tous les matins avant de partir au travail. J’étais nerveux avant de venir ici pour vous parler ce soir. Je pense que la peur est une bonne chose. Pourquoi ? Parce qu’elle amplifie notre envie de la surmonter. Disons que votre obstacle soit la peur d’être rejeté. Vous voulez demander à cette fille de sortir avec vous, mais vous avez peur qu’elle vous dise « non ». Vous voulez demander une promotion, mais vous avez peur que votre patron trouve que vous dépassez les bornes.
Je ne me supportais plus.
Au lieu de s’opposer à ces peurs, exprimez-les à haute voix, admettez-les, donnez-leur du mérite, comme il se doit. Ne vous la jouez pas macho et n’agissez pas comme si de rien n’était. Ne vous braquez pas, en niant leur existence et en abandonnant votre besoin de les surmonter. Personnellement, j’adhère à l’idée que, de toute façon, on sera tous amenés un jour à faire ce dont on a le plus peur. Donnez donc du mérite à vos obstacles et franchissez-en un. Trouvez le courage d’aller au-delà et de voir clairement qu’ils ne valent pas la peine de s’y attarder. Soyez courageux. Quand vous aurez ce courage, vous en deviendrez plus forts, plus attentifs et plus respectueux de vous-mêmes et de l’objet de votre peur.
13. Comment savons-nous que nous avons atteint la vérité ? Treize. Pourquoi treize ? Ce numéro porte malheur, n’est-ce pas ? Quand est-ce que le treize a gagné sa mauvaise réputation, devenant le mouton noir de la numérologie ? Il n’a jamais rien fait de mal. D’ailleurs, le numéro treize m’a plutôt porté chance. Voilà comment. J’ai toujours pris part seul à des voyages en 21 jours dans des endroits reculés dont je ne connais généralement pas la langue, et où personne ne connaît mon nom. Ce sont des aventures qui me permettent de me ressourcer, de me purifier. 21 jours sans surveillance, loin de toutes ces choses dont ma vie est bien remplie. C’est un éloignement qui me permet de me retrouver. Vous voyez où j’en suis, forcé de m’avoir pour seule compagnie, pour me regarder dans le miroir ? Vous savez ce qui se passe lorsqu’on fait cela ? Parfois, notre reflet ne nous enchante pas. En 1996, juste après être devenu « célèbre » grâce à un film intitulé Le Droit de tuer ?, je suis parti pour un de ces circuits de 21 jours – cette fois, c’étaient les jungles et les montagnes du Pérou. Ma célébrité fulgurante était quelque peu déstabilisante. Partout on retrouvait mon visage, tout le monde voulait me toucher, des inconnus m’assuraient qu’ils m’aimaient, et partout où j’allais, j’étais là. Sur un panneau d’affichage, sur la couverture d’un magazine… C’était très étrange. « Qu’est-ce qui se passe ? Où est la part de réel, où sont les conneries ? Est-ce que je mérite ça ? » Voilà les questions que je me posais.
« Qui suis-je ? » en était une autre. Il y a toujours une période d’acclimatation avec ces voyages. Un temps nécessaire pour que le voyageur s’initie au lieu. Un certain temps pour se déconnecter du monde laissé derrière nous, et pour s’immerger dans celui qu’on visite à présent… Pour ma part, cette période d’adaptation dure habituellement treize jours. Oui. Treize jours épouvantables jusqu’à ce que je sorte enfin de ma routine. Après ça, le voyage peut débuter en toute tranquillité. Ça s’est passé la nuit du douzième jour de mon voyage en 21 jours. J’installais mon campement. À ce moment-là, j’avais déjà marché sur plus de 128 kilomètres, et une randonnée de trois jours jusqu’au Machu Picchu m’attendait encore. Je ne me supportais plus. J’étais confronté à ma perte d’anonymat, plein de regret, la conscience rongée par le remords à cause d’anciens péchés. Je me sentais seul, répugné par la seule personne qui m’accompagnait : moi-même. Et j’étais plutôt doué pour me coller une raclée mentale. Luttant contre mes démons cette nuit-là, je ne trouvais pas le sommeil. Tous ces badges, ces bannières, ces attentes et cette anxiété que je portais avec moi et dont je devais me libérer… Je me demandais sans cesse : « Qui suis-je ? » Et pas seulement durant ce voyage, mais aussi dans la vie. Alors, je me suis dépouillé de tout. Je me suis débarrassé des noms qui m’apportaient fierté et assurance, des artifices, de l’emballage passé autour mon cœur. J’ai jeté ma casquette américaine fétiche, ôté mes talismans gardés en souvenir d’anciennes aventures. Je me suis même débarrassé de la bague en or offerte par mon défunt père, une fusion des anneaux universitaires de mes parents avec la dent en or de ma mère. J’étais mis à nu. Au sens littéral et figuré. Et je suis tombé malade. Trempé de sueur, j’ai vomi de la bile, et j’ai fini par m’évanouir de fatigue. Quelques heures plus tard, je me suis réveillé le matin du treizième jour, devant le lever du soleil. Frais et dispo, chose étonnante. Je me suis habillé, j’ai fait du thé et je suis sorti pour une promenade matinale. Non pas en direction de ma destination, le Machu Picchu, juste comme ça. J’avais l’estomac encore un peu retourné à cause de la purge de la veille mais curieusement, je me sentais bien : en vie, propre, libre, léger. Sur un chemin boueux durant cette promenade, j’ai tourné à l’angle et là, au beau milieu de la route, il y avait un mirage des plus magnifiques nuances de rose, de bleu et de rouge que j’aie jamais vu. C’était électrique, rayonnant et vibrant, ça planait juste au-dessus de la surface, comme des néons branchés à une sorte de générateur. Je me suis arrêté. Je l’ai fixé du regard. En réalité, le sol de la jungle devant moi était couvert de milliers de papillons. Ici même, sur mon chemin. C’était spectaculaire. Je suis resté là un moment, et tandis que je me trouvais fasciné, j’ai entendu cette petite voix dans ma tête me dire ces mots : « Je ne veux que ce que je vois, et ce que je vois est devant moi. »
À ce moment-là, j’ai arrêté pour la première fois de mon voyage d’anticiper ce qui se trouvait au coin de la route, de penser à ce qui allait arriver ensuite et ce qui m’attendait. Le temps s’est ralenti. Je n’étais plus pressé d’aller où que ce soit. Mes inquiétudes ont été apaisées. Quelques heures plus tard, je suis rentré au camp et j’ai remballé mes affaires pour continuer mon voyage jusqu’au Machu Picchu. Je marchais presque en sautillant, avec une énergie nouvelle. Les Sherpas du coin avec lesquels je voyageais l’ont remarqué, me lançant : « Sois luz Mateo, sois luz ! », « vous êtes la lumière » en espagnol. Je me suis pardonné ce matin-là. J’ai oublié ma culpabilité, le poids qui pesait sur mes épaules, j’ai fait pénitence et je me trouvais à nouveau dans la grâce de Dieu. J’ai fait la paix avec moi-même : mon ami, celui qu’on est de toute façon obligés de se coltiner. À partir de ce matin-là, l’aventure a été géniale. J’étais là, loin de mes habitudes, n’anticipant pas la suite, embrassant du regard seulement ce qui était se trouvait moi, rendant justice à tout. En fait, j’ai atteint la vérité ce matin-là. Est-ce que je l’ai trouvée ? Je ne sais pas, je crois que c’est elle qui m’a trouvé. Pourquoi ? Parce que je me suis placé là où elle pouvait me trouver. Je me suis mis dans une position où je pouvais la recevoir. Alors, quand sait-on qu’on a atteint la vérité ? Je crois qu’elle est tout autour de nous, tout le temps. La réponse, vous savez, n’est jamais loin. Mais on ne la voit pas toujours, on ne la saisit pas toujours, on ne l’entend pas toujours, on n’y accède pas toujours – parce qu’on ne se trouve pas au bon endroit. Alors que faire ?
Si on peut faire ça, alors on obtient ce que j’appelle « le paradis sur terre ».
Il faut d’abord bien se placer pour recevoir la vérité. Nous vivons dans un monde extrêmement bruyant avec toutes sortes d’interférences qui parviennent jusqu’à nous : des engagements, des délais. Répare ceci, fais cela, des plans, des attentes… Il est difficile d’y voir clair et d’avoir l’esprit tranquille. Ainsi, il faut volontairement se placer dans un endroit où l’on peut recevoir cette clarté. Qu’il s’agisse d’une prière, de méditation, d’une excursion, d’être bien accompagné, d’un voyage en voiture… ce qui vous arrange. Profitez de ce temps-là pour vous trouver en position de recevoir la vérité. Si on l’entend, si elle devient limpide, une vérité naturelle et infinie, alors vient la seconde étape… celle qui consiste à se l’approprier. Demandez-vous comment ça marche pour vous, comment ça s’applique à votre cas, pourquoi vous en avez besoin dans votre vie personnelle. Quand on fait cela, vient alors la troisième étape : avoir la patience de l’assimiler, de l’intégrer jusque dans vos os, dans votre âme, dans votre instinct. On ne doit pas presser cette étape-là, elle prend du temps. Et si on arrive jusque-là – qu’on la reçoit, qu’on se l’approprie, qu’on l’assimile –, si on arrive aussi loin, alors vient le plus important : avoir le courage d’agir en fonction de ce qu’on sait. Il s’agit de l’apporter à notre vie quotidienne et de la mettre en pratique, d’en faire une partie active de nous-mêmes et de vivre avec. Si on trouve en soi la force d’accomplir cela, alors on obtient ce que j’appelle « le paradis sur terre ». C’est l’endroit où ce qu’on veut est ce dont on a besoin. C’est ça, le fameux ticket gagnant, non ?! C’est ça, l’endroit où je veux vivre ! Tant que nous sommes sur Terre, faisons de cet endroit un lieu où l’on travaille dur, où l’on prend plaisir à réussir dans les domaines et les endroits qu’on connaît. Où l’on n’a pas besoin de regarder en arrière parce qu’on est trop occupés à faire ce pour quoi on est doués, en respectant nos obligations, parce qu’on le désire, en cheminant vers un enchevêtrement de lignes d’arrivées sans fin, en surmontant nos peurs, en nous liant d’amitié avec nous-mêmes. C’est cela, la place dont je parle et qu’il faut trouver. Merci, bonne chance à vous et continuez votre route.
Traduit de l’anglais par Anastasiya Reznik d’après l’article « Matthew McConaughey to Grads: Always Play Like an Underdog », paru dans Time. Couverture : Matthew McConaughey dans la série True Detective de Cary Fukunaga.