Studio Camp Victory
Grâce à cette enquête, nous sommes en mesure d’affirmer que le Pentagone a versé plus d’un demi-milliard de dollars à une agence de communication britannique controversée, pour diriger un programme de propagande top secret en Irak. Les productions de Bell Pottinger incluaient de courtes séquences de reportage télévisé réalisées dans le style des chaînes d’information arabes, ainsi que de fausses vidéos d’insurgés. D’après un ancien employé de l’agence, elles auraient été utilisées pour localiser les personnes qui les avaient visionnées.
Les employés de l’agence travaillaient aux côtés de hauts responsables de l’armée américaine dans leur base irakienne de Camp Victory, à Bagdad. Pendant qu’au-dehors, l’insurrection faisait rage. L’ancien président de Bell Pottinger, le baron Timothy Bell, a confirmé au Sunday Times que son entreprise avait travaillé sur une opération militaire clandestine, « tenue au secret par différentes clauses de confidentialité ». Selon ses dires, Bell Pottinger destinait son travail en Irak au Pentagone, à la CIA et au Conseil de sécurité nationale américain. Tim Bell, un des conseillers en relations publiques les plus renommés de Grande-Bretagne, serait le principal artisan de l’image de Dame de fer de Margaret Thatcher, et il aurait aidé le Parti conservateur anglais à remporter trois élections. L’agence dont il est le cofondateur compte parmi ses clients un certain nombre de gouvernements autoritaires, ainsi qu’Asma el-Assad, l’épouse du président syrien.
Le monteur vidéo Martin Wells nous a confié que la période durant laquelle il avait travaillé au Camp Victory avait été « choquante ». « Cela m’a ouvert les yeux et changé la vie », avoue Martin. Il s’agissait de la première interview qu’un employé de Bell Pottinger donnait à propos du travail effectué pour l’armée américaine en Irak. Il affirme que les commandes de l’agence étaient approuvées par l’ancien général de l’armée américaine David Petraeus lui-même – alors commandant des forces de la coalition en Irak –, ou par de hauts responsables de la Maison-Blanche à certaines occasions. Bell Pottinger a réalisé de très nombreux contenus pour le Pentagone, et une partie de celui-ci allait bien au-delà d’un travail de communication standard. Nous avons pu retracer les activités de l’agence en Irak grâce au recensement des contrats de l’US Army, aux rapports de l’inspecteur général du département de la Défense américain, aux historiques de transactions du gouvernement fédéral, ainsi qu’aux documents internes de Bell Pottinger et à des publications spécialisées de propagande militaire. Nous nous sommes également entretenus avec une demi-douzaine d’anciens responsables et de contractants impliqués dans ce type d’opérations d’information militaires en Irak.
Zone interdite
À cette époque en Irak, trois types d’opérations médiatiques étaient généralement utilisées, comme l’explique un contractant militaire familier du travail réalisé là-bas par Bell Pottinger. « Blanc signifie “attribué” : l’agence qui a réalisé le contenu est indiquée sur l’étiquette », dit-il. « Gris signifie “non-attribué”, et noir sert aux fausses attributions. Ce genre d’opérations clandestines, utilisées pour localiser la ou les personnes qui visionnent le contenu, étaient des pratiques relativement répandues dans l’industrie à l’époque. » Le travail de Bell Pottinger en Irak constituait une opération médiatique colossale, qui coûtait en moyenne plus de 100 millions de dollars par an. Un document sur lequel nous avons mis la main prouve que l’entreprise employait une équipe composée d’environ 300 Britanniques et Irakiens à un moment de son activité à Bagdad. L’agence de communication basée à Londres a fait ses débuts en Irak peu après l’invasion américaine. En mars 2004, elle a été chargée par l’administration temporaire du pays de faire la « promotion des élections démocratiques » – une « activité de la plus haute importance », claironnait son rapport annuel.
Au bout de quelques temps, l’agence a cessé de crier ses activités sur les toits. Nous avons identifié des transactions d’une valeur totale de 540 millions de dollars entre le Pentagone et Bell Pottinger, sur une série de contrats émis entre mai 2007 et décembre 2011. Cet investissement massif servait à la réalisation d’opérations d’information et d’opérations psychologiques. Il semblerait qu’un contrat similaire – 120 millions de dollars l’année – était déjà en vigueur en 2006. Le baron Bell a expliqué au Sunday Times que le gros de l’argent couvrait les coûts de production et de distribution. L’agence réalisait environ 15 millions de livres de bénéfices par an. Martin Wells, leur ancien employé, confesse qu’il n’avait aucune idée de ce dans quoi il s’embarquait lorsqu’il a passé son entretien pour le job chez Bell Pottinger en mai 2006. Il travaillait comme monteur freelance lorsqu’il a reçu un coup de téléphone de son agence, lui proposant de se rendre à Londres pour passer un entretien pour un nouveau boulot. « Vous travaillerez sur des images d’actualités en provenance du Moyen-Orient », lui a-t-on dit. « J’ai pensé que ça pouvait être intéressant », se souvient Wells. « Je me suis donc rendu dans cet immeuble, où j’ai été escorté jusqu’au sixième étage. À la sortie de l’ascenseur, il y avait des militaires qui montaient la garde. Je me suis demandé dans quoi j’étais tombé. Il s’est avéré qu’on me proposait de travailler pour la Navy, en gros. De ce que j’ai compris, il s’agissait d’une unité de renseignement médiatique. »
Après une brève discussion, Martin a demandé quand est-ce qu’il saurait s’il était pris. La réponse l’a surpris. « Vous l’êtes déjà », lui a-t-on dit. « Nous avons déjà fait nos recherches sur vous. » C’était un vendredi après-midi et il devait prendre l’avion lundi pour commencer. Il a alors demandé où il travaillerait et la réponse a été un nouveau choc : Bagdad. « J’avais littéralement 48 heures pour rassembler tout ce dont j’avais besoin pour aller vivre dans le désert », dit Wells. Trois jours plus tard, l’avion de Wells a dû atterrir en zigzaguant pour éviter les tirs des insurgés à l’aéroport de Bagdad. Il pensait qu’on le conduirait quelque part dans la zone verte, d’où les responsables de la coalition administraient l’Irak, mais il a été conduit à Camp Victory, une base militaire. Il a appris par la suite que l’agence de communication britannique travaillait au cœur d’une véritable opération de renseignement militaire. Une marée de violence déferlait sur la capitale irakienne lorsque Martin a débuté son contrat. Le mois de son arrivée, il y avait eu cinq attentats-suicides dans la ville, dont une attaque à la voiture piégée près de Camp Victory, qui avait tué 14 personnes et blessé six autres. Martin raconte qu’il a d’abord été troublé par son environnement de travail, très différent de tout ce qu’il avait connu jusqu’ici. « C’était un immeuble très sécurisé », se souvient-il, avec « des panneaux qui disaient : “N’entrez pas, vous êtes dans une zone classifiée. Il est interdit d’entrer sans autorisation.” » À l’intérieur se trouvaient deux ou trois pièces avec de nombreux bureaux, dont une section était réservée au staff de Bell Pottinger et l’autre à l’armée américaine. « J’ai fait l’erreur de pénétrer dans une des zones réservées aux militaires, et un soldat américain à la mine patibulaire m’a foutu dehors. Il m’a crié que la zone m’était interdite en toutes circonstances, que c’était hautement classifié et que je devais déguerpir immédiatement – tout ça avec la main sur son arme. C’était une bonne entrée en matière », raconte Martin. Il est bientôt devenu évident qu’il ferait davantage que de monter des reportages d’actualité.
La chaîne de commandement
Il produisait trois types de contenus. Il y avait d’abord des publicités télévisées faisant un portrait négatif d’Al-Qaïda. Puis des séquences d’actualités réalisées de manière à faire croire qu’elles avaient été « créées par les chaînes arabes », dit Martin. Bell Pottinger envoyait des équipes filmer des vidéos en basse définition d’attentats d’Al-Qaïda, qu’ils les montaient comme s’il s’agissait d’extraits de reportages. Les images étaient commentées en arabe et distribuées aux chaînes TV de la région, selon Martin. L’origine américaine de ces séquences était parfois cachée, à dessein : en 2005, il avait été révélé que l’agence de communication Lincoln Group avait aidé le Pentagone à placer des articles dans les journaux irakiens, présentant l’actualité sous un angle biaisé. Une enquête du département de la Défense avait été ouverte. Le troisième type de programmes décrit par Martin – le plus sensible – étaient de faux films de propagande d’Al-Qaïda. Il recevait des instructions précises pour réaliser les vidéos. « “Nous devons utiliser des images d’Al-Qaïda” », lui a-t-on dit. « Ils voulaient que les vidéos durent une dizaine de minutes et qu’elles soient dans un format précis. Et il fallait les encoder d’une certaine manière. »
Il leur remettait ensuite des CD, que les marines emmenaient en patrouille. Ils les abandonnaient dans des endroits clés, profitant du chaos pour ne pas être vus. « Quand ils entraient dans une maison et qu’ils foutaient le bordel en cherchant des choses, ils laissaient simplement tomber un CD dans la bataille », raconte-t-il. Les vidéos gravées sur le CD ne pouvaient être lues qu’avec Real Player, un lecteur vidéo populaire à l’époque qui devait se connecter à Internet pour fonctionner. Martin explique que l’équipe de Bell Pottinger intégrait un code dans la trame de la vidéo qui les liaient à un compte Google Analytics. Par la suite, chaque fois que quelqu’un visionnait les images, une nouvelle adresse IP apparaissait sur le compte, permettant de localiser l’ordinateur utilisé. La liste des personnes habilitées à accéder au compte Analytics était très réduite, d’après Martin : il y avait lui, qui réceptionnait les données ; un membre confirmé de l’équipe de direction de Bell Pottinger ; et un des commandants de l’armée américaine.
Martin clarifie leur valeur pour le renseignement américain. « Si un CD était visionné dans un autre endroit au cœur de Bagdad, ce pouvait être le signe qu’une cellule terroriste y était établie », dit-il. « Si un CD réapparaissait 48 heures ou une semaine plus tard dans une autre partie du monde, c’était une information plus précieuse encore. C’est ce qu’ils recherchaient en priorité, car cela leur donnait des pistes sérieuses. » Les CD réapparaissaient dans des lieux comme l’Iran, la Syrie et même les États-Unis, se souvient-il. « Je faisais une impression des résultats de la journée, et s’il y avait quoi que ce soit d’intéressant je le transmettais à mes supérieurs, qui prenaient alors les choses en main », dit-il. Le Pentagone a confirmé que Bell Pottinger avait bien travaillé pour eux en Irak, en tant que contractant au sein de l’Information Operations Task Force (IOTF), pour produire du contenu qui n’était divulgué qu’aux forces de la coalition – quand il l’était. Ils ont insisté sur le fait que tout le contenu produit par l’IOTF était « véridique ». Mais il s’avère que l’IOTF n’était pas l’unique mission sur laquelle travaillait Bell Pottinger. Martin affirme que certains de leurs travaux étaient réalisés dans le cadre du Joint Psychological Operations Task Force (JPOTF), ce qu’un responsable du ministère de la Défense américain a confirmé.
Les réalisations de Bell Pottinger étaient approuvées par le commandant des forces de la coalition en Irak.
Ce dernier ajoute qu’il lui est impossible de commenter en détail les activités du JPOTF. « Nous ne divulguons pas nos méthodes de collecte de renseignements, pour des opérations passées ou présentes. » Le baron Bell, qui avait été promu président de Bell Pottinger plus tôt cette année-là, a confié au Sunday Times que le déploiement de dispositifs de repérage comme ceux décrits par Martin Wells était « parfaitement possible », mais il n’en avait personnellement jamais entendu parler. Les réalisations de Bell Pottinger étaient approuvées par le commandant des forces de la coalition en personne. Martin s’en souvient parfaitement : « Nous faisions venir les deux colonels pour qu’ils regardent ce qu’on avait fait, puis nous allions voir le général Petraeus. » Certains projets nécessitaient même l’approbation d’un échelon supérieur de la chaîne de commandement. « Quand Petraeus ne pouvait pas signer, ça remontait jusqu’à la Maison-Blanche. Le feu vert redescendait jusqu’à nous quelques temps plus tard. » Petraeus est devenu directeur de la CIA en 2011, avant de démissionner suite à une affaire d’adultère avec sa biographe, la journaliste Paula Broadwell.
Une guerre de communication
Le fait qu’une entreprise britannique ait décroché un si gros contrat au service du Pentagone a créé du ressentiment. Les agences de communication américaines se bousculaient à l’époque pour travailler en Irak – c’est ce que raconte un ancien employé d’un des rivaux de Bell Pottinger.
« Personne ne comprenait pourquoi une société anglaise recevait des centaines de millions de dollars de fonds américains quand il y avait des agences toutes aussi capables de faire le travail à la maison », explique Andrew Garfield, qui travaillait à l’époque pour Lincoln Group. Il est aujourd’hui chercheur au Foreign Policy Research Institute. « Les agences de communication américaines étaient furieuses. » Ian Tunnicliffe, un ancien soldat britannique, était à la tête d’une commission de trois personnes mandatée par l’Autorité provisoire de la coalition (CPA) – le gouvernement transitionnel en Irak à la suite de l’invasion de 2003. C’est elle qui a accordé à Bell Pottinger leur contrat de 2004 pour faire la promotion des élections démocratiques. D’après Tunnicliffe, le contrat, qui s’élevait à 5,8 millions de dollars, a été accordé après une prise de conscience du CPA. Leurs efforts internes pour expliquer à la population comment fonctionnait légalement cette structure transitoire et comment elle préparait les élections étaient un échec. « Nous avons organisé un appel d’offre un peu précipité mais néanmoins compétitif, auquel plusieurs agences de communication ont participé », se souvient Tunnicliffe. Il explique que le consortium Bell Pottinger était un des trois compétiteurs en lice pour décrocher le contrat et que leurs propositions étaient tout simplement plus convaincantes que celles de leurs rivaux. L’Irak représentait une opportunité juteuse pour de nombreuses agences de communication. Nous avons découvert qu’entre 2006 et 2008, plus de 40 sociétés ont été engagées pour réaliser des placements radio et TV, des productions vidéo, de l’affichage, des publicités et des sondages d’opinion. Elles incluaient des entreprises américaines telles que Lincoln Group, Leonie Industries et SOS International, ainsi que des agences basées en Irak comme Cradle of New Civilization Media, Babylon Media et Iraqi Dream. Mais les sommes les plus importantes que nous avons pu retracer ont toutes été versées à Bell Pottinger.
En 2006, Glen Segell travaillait au sein d’une équipe chargée de coordonner certaines opérations d’information en Irak. Il raconte qu’ils faisaient appel aux agences en partie parce que l’armée n’avait aucune expertise en interne, et d’autre part car elles œuvraient dans un flou juridique. Dans un article qu’il a écrit en 2011, Segell explique que le droit américain interdit au gouvernement de faire usage de propagande sur la population des États-Unis. Or, dans un environnement médiatique mondialisé, les opérations qu’ils réalisaient en Irak pouvaient théoriquement être vues sur le sol américain. C’est pourquoi il était « légalement prudent pour l’armée de ne pas se charger elle-même de toutes ces… activités », écrit Segell. Il soutient que ces opérations « d’information » ont fait la différence sur le terrain, ce dont certains spécialistes doutent. Une étude de 2015 menée par la RAND Corporation, un think tank militaire, a conclu que « produire des analyses dans le but d’informer, d’influencer et de persuader des populations a eu des résultats mitigés pour le gouvernement américain et son département de la Défense ».
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Les opérations de Bell Pottinger pour le compte du gouvernement américain ont pris fin en 2011, lorsque les troupes américaines se sont retirées d’Irak.
Bell Pottinger a changé de propriétaire après son rachat en 2012 et sa structure actuelle n’entretient aucun lien avec l’unité pour laquelle Martin Wells travaillait, qui a été dissoute en 2011. Bien sûr, ceux de ses dirigeants qui travaillaient au sein de cette unité nient toute implication dans le logiciel de repérage décrit par Martin. Ce dernier a quitté l’Irak après moins de deux ans : il ne supportait plus le stress lié au fait de travailler en zone de guerre et le visionnage quotidien d’images d’atrocités. Lorsqu’il repense à ces années passées à créer de la propagande pour l’armée américaine, Martin a un sentiment ambiguë. Il explique que le but avoué du travail de Bell Bottinger en Irak était de faire connaître la violence effroyable d’Al-Qaïda. À l’époque, il pensait que ce n’était pas sans fondement et que leur travail pouvait être bénéfique. « Mais plus tard, quelque part dans ma conscience, une petite voix s’est demandée si c’était vraiment la bonne chose à faire », dit-il. Le baron Bell a confié au Sunday Times qu’il était « fier » du travail de Bell Pottinger en Irak. « Nous avons fait beaucoup pour aider à résoudre le conflit », assure-t-il. « Pas assez. Nous n’avons pas pu stopper le chaos qui a fini par émerger, mais cela faisait partie de la machine de propagande américaine. » Personne ne sait vraiment si les contenus réalisés par Bell Bottinger ont produit l’effet escompté, conclut Martin. « Si on regarde la situation aujourd’hui, je n’ai pas l’impression que ça ait marché. Mais en même temps, si ça a permis de sauver ne serait-ce qu’une seule vie, c’est que c’était la bonne chose à faire. »
Traduit de l’anglais par Nicolas Prouillac et Arthur Scheuer d’après l’article « How the Pentagon paid a British PR firm $500M for top secret Iraq propaganda », paru dans le Bureau of Investigative Journalism et The Sunday Times. Couverture : Un homme filme un attentat à Bagdad.
SUR LE FRONT IRAKIEN : QUI SE BAT CONTRE QUI ET POURQUOI
Au nord de l’Irak, une bataille sans merci a lieu pour le contrôle du village de Kudilah. Elle en dit long sur l’avenir du conflit.
Nous sommes en avril et les combats sont dans l’impasse. Une partie des forces de l’armée irakienne campe dans le village de Kudilah, en Irak, incapables d’avancer plus loin à cause de la résistance acharnée qu’opposent les combattants de l’État islamique. Je fais partie d’une équipe de recherche venue ici pour la première fois en février, dans le but de parler aux combattants de tous les camps de cette bataille féroce. Elle était censée être terminée, ou du moins sur le point de l’être, mais nous continuons à réaliser des entretiens. Notre objectif est de mieux comprendre ce qu’est la « volonté de se battre ». Pour le président Barack Obama et son directeur du renseignement national James Clapper, la situation actuelle est due à la fois à une surestimation de la capacité des alliés à détruire les forces de l’État islamique, et une sous-estimation de l’aptitude des terroristes à leur résister. À Kudilah, les combattants de l’État islamique (qu’on connaît également sous les acronymes EI, ISIS pour les Américains et Daech pour leurs adversaires du Moyen-Orient) affrontent une coalition constituée d’hommes issus des tribus arabes sunnites de la région, des Kurdes de l’armée irakienne et des peshmergas du Gouvernement régional du Kurdistan. La bataille a été planifiée par des conseillers militaires et des contractants privés américains et allemands, qui veulent tester les forces de la coalition qui prendront part à l’assaut de la ville voisine de Mossoul – la deuxième plus grande métropole d’Irak et de loin le plus vaste centre de population sous contrôle de l’État islamique. Nous pensions donc que la « bataille de Kudilah » nous fournirait un terrain d’expérimentation idéal pour nos études psychologiques et anthropologiques portant sur la morale et l’engagement.