J’ai touché le fond dans une ferme pour employés de bureau, mal ventilée et sans fenêtres, en périphérie de Kalispell, dans le Montana. Il fut un temps où je préparais et lavais des plats au Golden Corral. Par la suite, je me suis planté royalement en tant que manager d’une boutique Abercrombie & Fitch. Et me voilà à 22 ans, collecteur de dettes pour un cabinet d’avocats dans un centre commercial, avec pour patrons un avocat aux abonnés absents et une ribambelle de gangsters purs et durs originaires de Chicago. Je ne m’attendais pas à ce que les choses se passent ainsi. J’avais déménagé dans le Montana pour devenir enseignant, garde forestier, garde frontière, voire écrivain à la N. Scott Momaday – versé dans l’art du western. Tout, sauf ce que j’avais été en Caroline du Nord, à savoir dépressif. Mais à Kalispell, dans l’agonie d’une dépression économique aussi sérieuse que la mienne, il n’y avait aucun remède miracle pour remettre sur pied un ex-habitant mal en point de la Caroline du Nord.

Kalispell est une ville du Montana aux portes du parc national de GlacierCrédits

Kalispell, aux portes du parc national de Glacier
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La ville comptait un bon paquet de boulots de bas étage pour anciens escrocs, militants antigouvernementaux, travailleurs payés en nature et autres flemmards en fin de vie. D’homme à tout faire à concierge et inversement, on trouvait de tout « aux portes du parc national de Glacier ». C’était également le siège d’une importante agence de recouvrement qui avait fait paraître une annonce pleine page dans le journal du coin, qui disait : « OUVERT À TOUS : CHERCHE ASSOCIÉS, BON SALAIRE ET BONUS À LA CLÉ ». Le journal en question avait refusé de m’accorder quelques piges sous-payées. Aussi, armé de mon esprit retors et les poches quasi-vides, je me suis pointé aux portes ouvertes de l’agence, qui m’a immédiatement embauché pour dix mois. J’en suis ressorti convaincu que la plupart des sociétés de financement de ce bas monde ne cherchent qu’à vous baiser.

Les bras cassés

Avant d’aller plus loin, laissez-moi vous expliquer en quoi consiste ce boulot. L’agence de recouvrement exerçait sous le nom Law Firm & Associates (« cabinet d’avocats et associés »), vu qu’elle payait le salopard d’avocat susmentionné pour qu’il affiche sa pancarte à l’extérieur du cabinet. Nous autres, les « associés », étions assis devant un ordinateur Compaq vieux de six ans et tentions de recouvrer l’argent de vieilles dettes rachetées une misère à Chase Bank, à Household Bank, à American Express et autres créanciers initiaux. Une formule complexe dictait la valeur de chaque dollar de la créance en question, et ce que nous, les « associés », devions récupérer dessus – si vous dépassiez ce chiffre, vous receviez un bonus. Dans le cas contraire, c’était bye-bye. Nous étions des « associés », car ce noble titre était censé pousser les débiteurs, appelés officiellement chez nous des « bras cassés » ou des « sacs à merde », à payer d’anciennes dettes qu’ils auraient préféré oublier. Même si je n’étais pas encore avocat, cette étiquette d’ « associé » devait apporter davantage de crédibilité à mes revendications sur leur argent. Si le débiteur, malin, ne mordait pas à l’hameçon et comprenait que c’était un simple gars de 22 ans qui l’appelait, je donnais des réponses vagues comme : « Eh bien, je n’ai pas encore passé mon barreau dans le Montana », ou : « Je suis associé dans ce cabinet d’avocats. » Aussi foireuses qu’elles soient, ces affirmations ne dérogeaient pas au Fair Debt Collection Practices Act (FDCPA), une loi fédérale votée sous l’administration de Jimmy Carter visant à régulariser les activités des agences de recouvrement. Ainsi, mes « associés » et moi-même continuions à les débiter. C’était immoral, mais bon, tout ce que je faisais dans ce cabinet l’était.

Crédits : Stellar Recovery

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Il y avait deux jours de « formation ». Ces derniers consistaient essentiellement à nous apprendre comment allumer les ordinateurs, tout en nous rappelant que l’utilisation personnelle d’Internet aux heures de bureau était strictement interdite, à moins que ce ne soit pour traquer un débiteur. Après cela, on m’a conduit devant un terminal informatique, demandé de m’asseoir, et dit qu’on attendait de moi que je passe les dix prochaines heures à « sourire et à composer les numéros » des « sacs à merde » dont les noms figuraient dans mon dossier de collecte. Le responsable – une ancien acteur de films pour adultes qui commençait à prendre de l’âge et fils d’un de ces gangsters de Chicago à qui appartenait le cabinet – m’a ensuite annoncé qu’il voulait faire un bras de fer avec moi. « — Hé, mon salaud ! a-t-il dit en saisissant mon biceps. T’es un grand gaillard, toi. — Euh, ouais, ai-je répondu. — Ils sont gros comment tes biceps ? — Aucune idée. — Quand j’étais à L.A. et que je tournais des films et des vidéos, les miens faisaient 48 cm, mais je n’avais pas de jolies courbes comme les tiennes, ces belles courbes à la Schwarzenegger. Tu les as déjà mesurés ? — Je ne sais pas du tout combien ils font. — C’est bon, on fera un bras de fer. Je vais te botter le cul. Et si tu fais une pause clope, on refera un bras de fer et je te botterai encore le cul. — Je ne fume pas. — Je te botterai quand même le cul, tu verras. Attends un peu ! » Après ça, il est sorti fumer une cigarette, chose à laquelle il consacrait la majeure partie de sa journée. Il revenait de ces pauses seulement pour « conclure une affaire » avec tout débiteur qui se montrerait hésitant et serait disposé à ouvrir son chéquier. Mon premier appel, comme la plupart d’entre eux, n’avait rien de spécial :

Les agences ne vous lâchent jamais. Même si vous êtes mort. Crédits

Les agences ne vous lâchent jamais. Même si vous êtes mort. 
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Moi : Bonjour, c’est M. le Débiteur ? D : Qui appelle ? Moi : Puis-je parler à M. le Débiteur ? D : C’est à quel propos ? Moi : Est-ce que vous êtes M. le Débiteur ? D : Oui, c’est moi. De quoi s’agit-il ? Moi (en m’éclaircissant la voix) : Eh bien, M. le Débiteur, je suis un associé de Law Film & Associates, et j’appelle à propos de votre compte chez Household Bank Visa, à qui vous devez le somme de 4 500,33 dollars. Veuillez noter que ceci est une manœuvre de recouvrement de dette et que toute information obtenue sera utilisée pour… D : Allez vous faire foutre. [Clic] Mon collègue de box, lui, était un sacré spécimen : un ex-détective de San Francisco devenu avocat ; devenu alcoolique ; devenu fanatique ; devenu collecteur de dettes ; redevenu alcoolique ; puis collecteur de dettes viré II ; devenu fanatique II ; devenu finalement collecteur de dettes III. En plus de persécuter impitoyablement les « bras cassés » et autres « sacs à merde » dont les dettes appartenaient à présent à Law Firm & Associates, il entretenait une conversation perpétuelle, sûrement dans l’espoir de me conseiller pendant que je m’engageais sur la voie hasardeuse du véritable éveil spirituel. « Donc tu veux être écrivain… ben je connais un gars à General Mills…t’as pensé à écrire des articles au dos des boîtes de céréales ?… je veux dire, c’est déjà quelque chose… et je peux l’appeler… on volait souvent ensemble à l’époque où j’avais un avion… c’était le bon temps… je volais tout le temps avant… parfois, lui et moi on allait jusqu’à Bakersfield ou Sacramento… un rapide aller-retour… mais je pourrais l’appeler… tu sais… lui en toucher un mot… ce sera peut-être un début… j’ai suivi mes rêves et Dieu m’a montré la voie… je n’étais pas que détective… non, j’allais à l’école de droit le soir… et j’étais avocat… c’était ça mon rêve… et non… maintenant je ne fais plus ça… Dieu me l’a donné et Dieu me l’a repris… mais je te le dis : suis tes rêves… “celui qui cherche trouve, et l’on ouvre à celui qui frappe et je ne dis pas que j’arriverai à grand-chose… si ça se trouve, il ne travaille plus chez General Mills… mais c’est une idée… et… BONJOUR, C’EST M. LE DÉBITEUR, hum ? » Il radotait pendant des heures et des heures, jusqu’à ce que je comprenne progressivement que je me trouvais en présence d’une personne qui, un millénaire auparavant, aurait pu être considéré comme un gourou ou un homme saint. Si on avions été en l’an 1004 ap. J.-C., je l’aurais bien vu nous guider dans la prière jusqu’au sommet d’une falaise, avant qu’on fasse le saut de l’ange pour tenter d’avoir une illumination. Au lieu de quoi nous étions en 2004, et il persuadait les gens de lui donner l’argent qu’ils n’avaient pas pour payer des dettes insignifiantes. Ensemble, ce cinglé et moi faisions partie d’une vaste équipe de robots nettoyeurs qui reprenaient des dettes impayées et essayaient d’en tirer autant d’argent que possible. Law Firm & Associates regroupait les restes d’un système capitaliste à la dérive et nous, on triait le tout à la recherche d’un louis d’or ou deux.

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Les ruses

Chaque dossier de débiteur arrivait avec ses informations personnelles (numéro de téléphone, adresse, etc.) – obsolètes la plupart du temps – et des dossiers de crédit venant d’Equifax, d’Experian et de TransUnion. Après quelques mois, je lisais ces formulaires avec la précision d’un expert en authentification de métaux précieux. On a beau croire qu’on est unique et incroyable, notre vie financière est composée de détails extrêmement ordinaires et répétitifs. Tous ces « bras cassés » correspondaient à un de ces quatre profils : L’échec précoce : une personne avec une première flopée de cartes de crédit radiées, un crédit automobile raisonnable, toujours en cours ou pas, et peut-être une ou deux poursuites judiciaires devant une cour des petites créances. Ces débiteurs n’avaient généralement pas de biens personnels, mais des parents ou des grands-parents sur qui faire pression pour régler les comptes, si tout le monde était assez apeuré et connaissait mal les conséquences d’une dette reprise par un « cabinet d’avocats » au lieu d’une « agence de recouvrement ». (Puisqu’on ne traînait jamais personne en justice, il n’y avait que le nom qui changeait.) Le gros lot : une personne avec un gros prêt immobilier, un crédit automobile bien cher et des dettes importantes accumulées sur des cartes de premier ordre comme American Express. Ces débiteurs étaient très rares, très doués pour se cacher, mais parfois tout à fait capables d’effectuer d’énormes règlements s’ils sortaient d’une faillite quelconque ou qu’un divorce était à l’origine de leurs déboires.

Cartes de crédits radiés, crédits impayés... Le profil des débiteurs est toujours le mêmeCrédits

Cartes de crédits radiées, crédits impayés…
Le profil des débiteurs est toujours le même
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La victime : une personne dont le dossier comportait également des milliers de dollars de frais médicaux impayés. (Je ne récupérais jamais ceux-là. C’étaient des cas particuliers.) Ces gens, victimes d’une maladie désastreuse, étaient sur le point de s’en sortir et n’avaient en règle générale pas envie de payer leurs dettes. Les conversations avec ces débiteurs étaient parmi les plus pénibles de ma carrière à Law Firm & Associates.

Le débiteur à vie : une personne systématiquement criblée de dettes qui avait sûrement aggravé une première banqueroute. Ou deux. Elle avait alors à son actif des crédits de départ et des crédits renouvelables (généralement chez Fingerhut et Rent-A-Center) sur lesquels elle ne déposait pas un sou. Elle avait généralement des mises en demeure des prêteurs sur salaire, et des tampons « 100 % approuvé » des concessionnaires spécialisés dans les voitures d’occasion à mettre aussi sur son compte — deux professions douteuses et parasitaires qui vivent sur le dos des pauvres et des naïfs. On ne s’attend donc tout naturellement pas à ce qu’elle paie ses dettes, dont elle n’a que faire vu sa mauvaise solvabilité habituelle. Aussi doué soit-il pour harceler ces pauvres gens, mon collègue ne pesait pas bien lourd face aux collecteurs de dettes par téléphone d’antan. Notre responsable ex-star du porno se plaignait des changements provoqués par le Fair Debt Collection Practices Act. En effet, les « bras cassés » ne pouvaient plus recevoir de cartes postales pour les informer qu’ils avaient gagné un concours et qu’ils devaient appeler un numéro spécial afin de recevoir leur récompense. Ou, encore mieux, pour les informer que leur mère était à l’hôpital suite à une grave attaque cardiaque et qu’il s’agissait d’un numéro très secret à appeler pour avoir d’autres « renseignements sensibles ». Non, nous on harcelait encore et encore (raccourci en « E&E » noté dans le dossier du débiteur) ces « sacs à merde ». Au début de notre appel, nous faisions une « mise en garde officielle », comme le stipule la FDCPA : « Ceci est une tentative de recouvrement et toute information obtenue sera utilisée dans ce but », puis nous demandions un règlement intégral. À ce stade, la notion même de « règlement intégral » était ridicule au vu des chiffres gonflés par les frais, les intérêts et autres pénalités. Law Firm & Associates en ajoutait également, aussi lorsque je réussissais enfin à avoir les débiteurs au téléphone et leur annonçais la somme rondelette qu’ils devaient régler, ils étaient plus que choqués. À tous les coups, le débiteur me répondait qu’il lui était impossible de payer la dette, et je proposais un paiement en trois ou quatre fois. Une fois la proposition rejetée, ce qui était presque systématique grâce à l’intervention inopinée de proches riches ou d’autres sauveurs, je mettais fin à la conversation et transférais l’appel vers un « supérieur », un collecteur plus expérimenté qui exigerait lui aussi un règlement intégral.

Ces agences utilisaient des répondeurs automatique pour harceler des gens persuadés d’avoir déjà réglé leur dette.

Le collecteur expérimenté passait à nouveau en mode « E&E » avec le débiteur, avant d’offrir la même proposition que moi. Le débiteur objectait encore et l’appel passait cette fois aux mains d’un « supérieur en chef ». Généralement, il s’agissait de mon collègue complètement dingue qui répétait le processus en utilisant des mots plus grandiloquents et plus véhéments. S’il gardait le débiteur au bout du fil plus de trente minutes, c’était gagné (à peu de choses près). Le supérieur en chef négociait enfin un arrangement à 85 % du prix du solde de départ. Mais c’est là que ça devient encore plus louche : même si les consommateurs recevaient une lettre officielle confirmant le règlement de leur dette avec Law Firm & Associates, le reste de la somme à payer était immédiatement revendu à une autre agence de recouvrement. Une agence habituée à traiter des quantités importantes de dettes et extrêmement difficiles à collecter. Ces agences, composées en majorité d’employés payés au smic et basés dans des centres d’appel à l’étranger, utilisaient des répondeurs automatiques afin de harceler des gens persuadés d’avoir déjà réglé leur dette.

Les améliorations

Bien sûr, cela pourrait être pire. En limitant la plupart des pratiques dont raffolaient les collecteurs sans scrupules du bon vieux temps, la FDCPA nuisait beaucoup à leur « plaisir ». Parmi ces mesures plus humaines, il y avait : – Ne pas appeler les gens après 21 h, heure locale, ou avant 8 h du matin (chose facile à contourner puisqu’on se trouvait dans la célèbre heure des Rocheuses). – Ne pas rappeler si on vous demande d’arrêter les appels. – Ne plus appeler les débiteurs au travail si leur patron vous demande d’arrêter. – Ne plus parler aux débiteurs s’ils vous disent qu’ils sont représentés par un avocat. – Ne pas mentir sur l’identité du correspondant ou de son entreprise, ce qui inclut de dire au débiteur que vous êtes avocat (même s’il était possible de déformer la vérité aussi longtemps que possible, comme expliqué plus tôt) ou que vous comptez le poursuivre en justice alors que vous n’en avez pas l’intention (ce qui donnait lieu à des phrases alambiqué du type « entreprendre éventuellement des mesures sérieuses après étude approfondie de votre dossier et initier la possibilité de lancer une action en justice ») S’il y avait bien un point qui n’avait pas changé dans l’industrie du recouvrement, c’était la nature véreuse et procédurière de ces opérations. Law Firm & Associates, présent sur le marché cinq ans au total, a fermé du jour au lendemain à la fin des années 2000. L’avocat a disparu, deux des gangsters sont allés en taule pour détournement de fonds et le troisième a ouvert une autre agence de recouvrement avec un nom aussi vide de sens que le premier.

Crédits : Stellar Recovery

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La fin de mon aventure avec eux est arrivée bien plus tôt. Un matin, j’ai reçu l’appel d’un collègue m’informant que mes effets personnels – une pince de compétition, Garfield en pin-up, un pot à lait vide et un exemplaire de l’autobiographie de Jesse « The Body » Ventura– avaient été déposés dans un carton à la porte. Lorsque je suis venu les chercher, le responsable ex-star du porno m’attendait, bras croisés sur un torse qu’il gonflait dans l’espoir de m’impressionner ou de m’intimider – sûrement les deux. « — Oscar, ce boulot… — Oliver, l’ai-je corrigé. — Oliver, ce boulot n’est pas pour toi, a-t-il lancé en me tendant ma boîte. Tu n’atteins pas tes bonus, alors on doit te virer. Désolé, vieux. Continue dans ta voie. »

Oliver aujourd'hui/strong>Crédits : Twitter

Oliver aujourd’hui
Crédits : Twitter

Ce genre de conseil, donné d’habitude par des imbéciles voulant bien faire, était complètement stupide : peu importe où j’allais trouver ma voie, ce ne serait pas ici, aussi qu’en avait-il à foutre ? Mon collègue, dans son baratin d’adepte New Age et chrétien fondamentaliste, aimait faire remarquer que ce qui comptait, c’était le voyage et non la destination – et cela me correspondait déjà plus. Les années ont passé, je suis devenu avocat et même professeur à l’université, mais c’est ce travail malhonnête et médiocre qui m’a appris le plus à me connaître. Je n’étais pas le genre de personne à appeler les autres des « sacs à merde » ou des « bras cassés » simplement parce qu’ils auraient dû dire à American Express d’aller se faire foutre. Non, j’ai compris que j’étais quelqu’un qui se préoccupait un minimum de monde autour quand, comme le dit Langston Hughes, « trop peu d’entre nous s’en soucient ». Et puis, ces années atroces en tant que collecteur de dettes avaient quand même un bon côté. Après avoir passé dix mois à m’apitoyer sur le sort des autres, j’avais du mal à trouver des raisons de déprimer sur moi-même.


Traduit de l’anglais par Anastasiya Reznik d’après l’article « My Time as a Professional Debt Collector Made Me Lose Faith in Humanity », paru dans VICE. Couverture : Un homme inquiet. Création graphique par Ulyces.