Cet ensemble d’articles est publié dans le cadre de notre couverture du Web Summit 2016. banniere-facebook-sansthecamp La robotique et l’intelligence artificielle sont amenées à entretenir une relation de plus en plus proche, pour finalement devenir un seul et même champ de recherche. L’une des problématiques principales de l’intelligence artificielle, dès lors qu’on pense à démocratiser son utilisation, est l’interface utilisateur. Le besoin d’humaniser, tout du moins visuellement les intelligences se fait de plus en plus sentir. C’est d’ailleurs le sens de l’intervention d’Andra Keay et Ben Goertzel aujourd’hui au Web Summit, Robots should look and act like people. De l’autre côté, en plus de l’apparence, l’une des principales problématiques de la robotique avancée est l’intelligence. Le nombre de questions morales et d’ajustements nécessaires aux révolutions que causeront l’introduction de ces technologies dans nos vies est virtuellement incalculable. En revanche, le développement hyper-rapide et la mise sur le marché des voitures sans pilote offre un exemple IRL de ce que vont devenir les interactions hommes-machines dans les années à venir, et de la façon dont nous tentons de gérer raisonnablement les casse-têtes moraux qui en découlent. Notamment, mais pas seulement, le célèbre : la voiture sans conducteur doit-elle protéger son chauffeur à tout prix, y compris si cela coûte la vie à des passants ou à un autre automobiliste ? Inversement, qui serait assez fou pour acheter une voiture qui serait programmée pour sacrifier la vie de son acheteur quand les circonstances l’exigent ? Voici six enquêtes qui sont autant de regards furtifs vers un futur qui est déjà notre présent.

Ce robot veut devenir le meilleur ami de l’homme

Les règles du jeu sont simples et adaptées pour les enfants. Elles ont été conçues pour apprendre aux utilisateurs tout ce qu’il y a à savoir sur l’équilibre alimentaire et le diabète. Je m’assois face à Charlie, mon petit compagnon de jeu. Entre nous, un écran tactile. Notre mission : identifier parmi une liste d’une quinzaine d’aliments ceux qui possèdent un taux faible ou élevé de glucides. En faisant glisser les images, on peut les trier et les classer par catégorie.

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NAO, alias Charlie
Crédits : Xavier Caré/Wikimedia Commons/CC-BY-SA

Charlie est poli, il se lève pour me saluer lorsque je le rejoins autour de la table. Nous jouons chacun notre tour. On se félicite mutuellement lorsque nous trouvons la bonne réponse et nous faisons des commentaires à voix basse lorsque ce n’est pas le cas. Tout se passe bien. Je commence à m’attacher à Charlie. Mais Charlie est un robot, une machine électromécanique de 60 cm. Certes il peut parler mais les choses sont ce qu’elles sont : Charlie est une machine ou plutôt un robot humanoïde. Comment puis-je donc m’y attacher ? Lire la suite

Et si on apprenait aux machines à penser plutôt que calculer ?

« Tout dépend de ce que vous entendez par “intelligence artificielle”. » Douglas Hofstadter se tient dans une épicerie de Bloomington, dans l’Indiana, il choisit des ingrédients pour préparer une salade. « Si par intelligence artificielle on désigne le projet de comprendre l’esprit, ou de créer quelque chose de similaire à l’esprit humain, alors on peut dire – on n’est pas obligé d’aller jusque-là –, mais on peut dire qu’il s’agit d’un des seuls travaux viables dans ce sens. » Hofstadter prononce ces mots avec une désinvolture assumée, car il ne fait aucun doute pour lui que les projets les plus stimulants dans le domaine de l’intelligence artificielle moderne, ceux que le public considère comme autant de jalons vers un monde inspiré de la science-fiction – tels que Watson, le super-ordinateur d’IBM qui joue au Jeopardy!, ou Siri, l’assistant vocal de l’iPhone – n’ont en réalité que bien peu à voir avec l’intelligence. Depuis trente ans, le plus souvent dans une vieille maison sur le campus de l’université de l’Indiana, lui et ses étudiants de master ont pris les choses en main : ils s’emploient à essayer de comprendre le fonctionnement de notre pensée, en développant des programmes informatiques qui pensent. Lire la suite

La nouvelle invention des créateurs de Siri va-t-elle prendre le contrôle du monde ?

Un V vert et impersonnel marque la porte d’un bureau ordinaire du centre ville de San José, en Californie. À l’intérieur, un billard, des tableaux blancs griffonnés de formules et une douzaine de programmeurs travaillent sur des ordinateurs, des pistolets Nerf à portée de main. Les trois fondateurs sont rassemblés dans une salle de conférence aux parois vitrées. « Ce que vous êtes sur le point de voir ici est le tout premier prototype », annonce Dag Kittlaus, l’homme d’affaires. « Ça a à peine quelques semaines. »

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Dans le Viv Labs
Crédits : WP

Sur l’écran du fond de la salle, un V vert apparaît. Des barres vertes se mettent à briller et la connexion s’établit. Voici Viv, leur outil pour dominer le monde. C’est un concept totalement nouveau qui permet de communiquer avec les machines et de les avoir à notre botte – et pas seulement pour leur demander des choses simples, mais aussi pour les faire réfléchir et réagir. À ce moment-là, Adam Cheyer, l’un des fondateurs, est en train de contrôler Viv à partir de son ordinateur. « Je vais commencer avec quelques requêtes simples », dit-il, « et puis je monterai en puissance. » Il pose une question à voix haute : « Où en est JetBlue133 ? » Une seconde plus tard, Viv répond : « Encore en retard. Rien de nouveau, donc. » Lire la suite

Ces deux hommes veulent empêcher les machines de prendre le pouvoir

Comme si le domaine de l’intelligence artificielle (IA) n’était pas déjà assez compétitif – avec des géants comme Google, Apple, Facebook, Microsoft et même des marques automobiles comme Toyota qui se bousculent pour engager des chercheurs –, on compte aujourd’hui un petit nouveau, avec une légère différence cependant. Il s’agit d’une entreprise à but non lucratif du nom d’OpenAI, qui promet de rendre ses résultats publics et ses brevets libres de droits afin d’assurer que l’effrayante perspective de voir les ordinateurs surpasser l’intelligence humaine ne soit pas forcément la dystopie que certains redoutent. Lire la suite

Les voitures autonomes vont-elles mettre tous les chauffeurs au chômage ?

Nous vivons une époque prospère pour les chauffeurs de camion. Selon les données récoltées par le bureau de recensement des États-Unis, il s’agit du métier le plus répandu dans 29 de leurs 50 États.

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Elon Musk
Crédits : Forbes

Ce n’est pourtant pas le choix de carrière le plus ambitieux. En réalité, c’est surtout un métier qui embauche et qui permet de toucher un salaire convenable. Ces dernières années, une foule d’autres emplois ont connu des crises, mais les chauffeurs routiers semblent immunisés aux forces qui ont éliminé ces diverses professions : depuis plusieurs décennies, ordinateurs, distributeurs automatiques et stations libre-service ont respectivement pris la place des secrétaires, des guichetiers et des pompistes. En revanche, on ne peut pas délocaliser la livraison à domicile et on attend encore de pouvoir automatiser la conduite sur de longs trajets. Lire la suite

Comment Elon Musk a sauvé Tesla pour en faire le constructeur automobile du futur

Elon Musk ressemblait à un enfant qui entre dans une usine de jouets. En 2010, le CEO du jeune constructeur automobile Tesla Motors avait 39 ans. Il se tenait à l’étage principal de l’usine de New United Motor Manufacturing et regardait avec émerveillement une machine gigantesque qui se trouvait plus haut. L’usine automobile, surnommée Nummi, est située à Fremont, en Californie, mais c’est une véritable ville industrielle à elle toute seule. Elle recouvre 1,5 million de mètres carrés et contient une usine de fabrication de moules en plastique, deux installations de peinture, 2,4 kilomètres de chaînes de montage et une centrale électrique de 50 mégawatts. Depuis 1984, Toyota et General Motors partageaient les lieux, y produisant jusqu’à 450 000 voitures par an jusqu’à sa fermeture en avril 2010. Aujourd’hui, après un remarquable retournement de situation, Elon Musk en est le propriétaire. Ce twist a semblé le surprendre tout autant que le reste du secteur. Pendant des années, l’entrepreneur à l’ambition démesurée n’avait même pas le droit de visiter l’usine. Les anciens propriétaires de l’endroit n’étaient pas à l’aise avec le fait qu’un potentiel concurrent puisse se promener librement dans le complexe. Non pas qu’ils aient eu grand-chose à craindre : en 2009, Tesla n’était parvenu à produire qu’environ 800 voitures de sport électriques à haute performance. En somme, c’était un constructeur de niche dans une industrie qui produit à la chaîne des millions de véhicules. Lire la suite


Couverture : La marée robotique. (DR)