Chat veut plus
En octobre dernier, je suis revenue chez moi après un mois d’absence et mon chat ne me parlait plus. Il refusait d’entrer dans la maison. Dès qu’il me voyait, il s’enfuyait. Il a toujours vécu en partie à l’extérieur et fait preuve d’un tempérament indépendant, aussi au début je ne me suis pas inquiétée. Peut-être qu’il n’avait pas accroché avec la femme qui avait sous-loué ma maison en mon absence. Peut-être qu’il m’en voulait d’être partie. Ou peut-être qu’il savourait simplement les dernières semaines d’été et son lent crépuscule, à courir après les souris dodues qui remuent dans l’herbe.
Quelques jours ont passé, puis toute une semaine et il continuait à m’éviter. Deux semaines après mon retour à la maison, j’ai passé un après-midi assise sans bouger, à le regarder prendre le soleil dans la cour de mon voisin. Il avait l’air en bonne santé et content de lui, en pleine forme féline. Mais soudain, il a dû sentir mon regard peser sur lui : il s’est redressé et a sauté prestement par-dessus la barrière, disparaissant pour aller se réfugier dans quelque espace secret où il aime se prélasser. J’ai fini par solliciter mes amis pour qu’ils arpentent le quartier avec moi en appelant son nom – comme s’il avait jamais été le genre d’animal à rappliquer sur demande. Je me suis aventurée aussi loin que j’ai pu dans les broussailles qui s’étendent de l’autre côté de la voie ferrée, en essayant de l’appâter avec de l’herbe-aux-chats. J’ai acheté de la nourriture incroyablement chère, humide, bio et sans céréales, le genre de nourriture pour chats accompagnée d’un sachet d’herbes et d’épices, et lui ai déposé devant la porte. Ça n’a pas marché, alors j’ai tenté avec la pâtée la plus basique possible – ces espèces de globules gris très suspects, suspendus dans de la gelée. J’essayais de lui envoyer un message : je te donnerai ce que tu veux, mon pote, pourvu que tu rentres à la maison. Mais il n’est pas rentré à la maison.
Mon voisin le voyait plus que moi. Il aimait se montrer au lever du jour pour le regarder nourrir ses poules. Ils étaient parvenus à un accord de paix fragile, mais dès que j’apparaissais, il filait dans une de ses cachettes secrètes. Un matin au début du mois de novembre, les buses avaient disparu – le signe que le premier froid de l’année allait venir. Cette nuit-là, le temps a changé. Le vent soufflait comme un intrus cherchant à s’infiltrer dans la maison, et il y avait du gel sur l’herbe au matin. Mon voisin m’a rassuré : Musa était venu le regarder nourrir les poules et il n’avait pas l’air d’aller mal. Les mystères insondables de sa vie secrète me rendait folle. Où est-ce qu’il dormait ? Où est-ce qu’il mangeait ? Savait-il qu’il me brisait le cœur ? En décembre, mon ami Brandon est passé un jour me rendre un livre qu’il m’avait emprunté. Lorsqu’il m’a demandé comment j’allais, j’ai commencé à pleurer sans plus pouvoir m’arrêter. Je me sentais idiote, mais aussi très, très triste. « Tu es sûr que c’est à cause du chat ? » m’a-t-il demandé. Je voyais ce qu’il voulait dire, mais j’étais sûre que oui. J’ai appelé ma mère pour parler. « Peut-être qu’il faut juste que tu acceptes qu’il a envie d’un autre style de vie », a-t-elle dit. Je lui ai raccroché au nez sans même rappeler pour m’excuser. Deux semaines avant Noël, j’ai expliqué à une amie en ville que si j’avais l’air plus angoissée qu’à l’habitude, c’était simplement parce que j’essayais de m’accoutumer au fait que mon chat ne voulait plus être mon chat. « Sans déconner », m’a-t-elle dit. « Bon, voilà ce que tu vas faire : tu vas appeler Dawn. » C’est là qu’elle m’a donné le numéro de la voyante pour chats.
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Il peut sembler ridicule de dire que mon chat a arrêté de me parler, car évidemment, il ne m’a jamais parlé. Je ne suis pas chamane et je ne vis pas dans un dessin animé Disney. Mais les gens qui ont des animaux domestiques voient bien ce que je veux dire. Quand on vit avec des animaux, on est impliqué dans une forme de communication simple mais constante avec eux.
Le degré incroyable d’intimité que nous partageons avec nos compagnons non-humains nous rend familiers de leurs expressions et de leur langage corporel. Nous apprenons peu à peu à décoder leurs jappements et leurs miaulements. Pourtant, le manque d’un langage parlé commun fait qu’il subsiste toujours un fossé d’incompréhension entre nous. Peut-être est-ce la raison pour laquelle parler aux animaux est un fantasme aussi durable : les Grecs racontaient déjà qu’Orphée avait la capacité de communiquer musicalement et mystiquement avec les bêtes sauvages. 2 000 ans plus tard, les enfants lisent des livres à propos de personnages imaginaires dotés de la faculté de parler aux crocodiles. Et les gens achètent des livres comme How to Speak Cat? (comment parler le chat), qui promet d’analyser les 16 différents types de miaulements que produit votre chat. Sur YouTube, on voit pas mal d’individus à priori normaux filmer leurs chiens émettre des sons confus, supposés sonner comme « I love you ».
Notre désir de parler à nos animaux est si fort et nous sommes prêts à passer l’éponge sur pas mal d’absurdités. L’auteur de How to Speak Cat? a admis que sa théorie des 16 miaulements était fabriquée de toutes pièces. Ceux qui vivent avec des animaux ont forcément un jour ou l’autre cédé à cette forme particulière de solipsisme qui nous fait projeter nos pensées et nos sentiments humains sur les animaux avec lesquels nous vivons. (Je suis sortie avec un type qui m’avait confié que la clé pour comprendre sa mère, c’était de prendre chaque phrase dans laquelle elle parlait de ce que son chien pensait ou ressentait et de remplacer son nom par le sien : Daisy est si contente de te rencontrer ! Daisy est fatiguée. Daisy est très excitée quand il y a trop de monde à la maison.) D’où l’objection morale à l’anthropomorphisme : « Imaginer que les animaux pensent comme les humains ou faire porter aux animaux des rôles humains est une forme de narcissisme auto-centré : nous contemplons le monde et n’y voyons que notre propre reflet », écrivent Lorraine Daston et Gregg Mitman dans leur livre sur la question. L’anthropomorphisme peut aussi refléter un manque d’imagination. Assimiler le comportement d’un troupeau d’éléphants à celui d’une famille nombreuse américaine, ou faire porter un tutu à un Yorkshire frappe ces critiques comme un genre de provincialisme d’espèce, un échec presque pathologique à saisir la diversité majestueuse du monde naturel. « Un provincialisme comparable à celui de ces touristes qui portent des œillères et s’imaginent que les natifs des pays étrangers qu’ils visitent auront les mêmes coutumes ou la même langue qu’ils pratiquent chez eux. »
Dawn
Lorsque j’ai fait mes recherches sur elle en ligne, Dawn s’est avérée être bien plus qu’une « simple » voyante pour chats. Son site présente des photos de toutes sortes d’animaux, allant des chevaux aux rongeurs. Il y a aussi des liens vers son livre pour enfants, qui parle d’un lapin géant. D’après sa biographie, elle aime la broderie, faire du roller et passer du temps avec des animaux.
Sur son site, Dawn fait attention à bien définir où commencent et où finissent ses capacités. Elle peut communiquer directement avec les animaux par télépathie, aidant ses clients à apprendre « ce que ressentent leurs animaux, quels sont leurs besoins et qui ils sont vraiment ». Les premières consultations téléphoniques durent 40 minutes – « parfait pour savoir tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur votre compagnon » – et coûtent 65 dollars. Je ne suis pas de nature à croire aux médiums, même si j’aimerais. Comparé à certains de mes amis qui s’envoient des textos avec leurs chamanes ou s’embarquent dans des quêtes de vision dans le désert, je me suis toujours trouvée terriblement terre-à-terre et peu réceptive aux miracles. J’étais pourtant allée consulter une voyante quand j’avais 20 ans. Elle a dit que j’avais une vieille âme, ce qui ne voulait pas dire grand-chose pour moi. J’eu le sentiment qu’elle devait dire cela à tout le monde. Mais là, j’étais désespérée. J’ai réservé la prochaine séance disponible chez la voyante pour chats. Dawn m’a appelé à 11 heures un mardi matin. Je lui ai expliqué la situation, en butant sur les mots. J’avais peur qu’elle soit assez douée pour voir que je ne croyais pas aux voyants, encore moins pour chats, et encore beaucoup moins par téléphone à plus de 3 000 kilomètres d’ici. Je lui ai raconté toute l’histoire : mon mois d’absence, la sous-locataire, et la froideur persistante de Musa. « Mmh », dit-elle, comme si je l’avais mise face à une énigme particulièrement retorse. « C’est un cas difficile, n’est-ce pas ? » La voix de Dawn était patiente mais ferme. Je n’avais aucun mal à l’imaginer prononcer des paroles apaisantes pour calmer un animal en panique. Elle m’a demandé si je savais ce que Musa mangeait et où il le mangeait, et s’il y avait eu quelque autre changement significatif à la maison. « Ma mère dit que peut-être qu’il ne veut tout simplement plus être mon chat », ai-je dit. « Non. Bien sûr que non », a-t-elle répondu. « Ces choses-là prennent juste du temps. » Elle avait l’air confiante et optimiste. J’ai réalisé que c’était moi, l’animal qu’elle calmait. « À présent je vais me taire quelques instants, car je parle avec Musa », m’a dit Dawn. « Mais si vous ne m’entendez pas après une dizaine de minutes, c’est probablement que nous aurons été déconnectées. Il faudra que vous me rappeliez dans ces cas-là. »
Rester silencieuse avec une étrangère au téléphone semblait étrangement intime. Je me suis demandée s’il y avait une sorte de fil psychique sur lequel je devrais me concentrer, ou si mes efforts ne feraient qu’ajouter de la friture sur la ligne. Au lieu de quoi j’ai fermé les yeux et commencé à compter mes respirations. Après avoir atteint 17, Dawn s’est remise à parler. « Eh bien, il est adorable, n’est-ce pas ? Il dit qu’il vous aime fort. » J’aurais pu verser quelques larmes. Et si ce n’était que la version pour animaux de la « vieille âme » ? C’est ce que je me suis dit, ou que j’avais besoin de me dire. Peut-être n’y avait-il pas grande différence entre les deux à ce moment-là. Dawn m’a raconté que Musa avait été très effrayé par mon départ et l’arrivée de la sous-locataire. Même s’il savait que j’étais revenue depuis des mois, il était en quelque sorte bloqué dans une boucle traumatique qui déclenchait chez lui de l’anxiété à chaque fois qu’il me voyait. Il allait bien – il lui a dit qu’un de mes voisins le nourrissait – mais il n’était pas au mieux de sa forme. Elle m’a dit que la liberté était ce qu’il chérissait le plus, et que s’il rentrait à l’intérieur, même pour une seconde, il fallait que je le laisse sortir dès qu’il le demandait. Elle a ajouté qu’elle l’avait gentiment encouragé à rentrer à la maison, où il faisait bon et où il y avait de la nourriture en abondance.
Notre temps était écoulé, mais je continuais à songer à des questions pour garder Dawn au bout du fil. Je n’étais pas tout à fait prête à la laisser partir. Notre conversation de 40 minutes avait été comme une de ces séances de thérapie particulièrement intenses où l’on ressort lessivé, avec le sentiment de s’être lavé le cœur à l’eau vive. Vous allez probablement vous dire que j’invente, mais je jure que c’est ce qu’il s’est passé : deux jours après que j’ai parlé avec Dawn, je travaillais à mon bureau quand j’ai entendu un miaulement. Musa se tenait dehors à attendre, l’air un peu agacé. J’ai ouvert la porte et l’ai laissé entrer, en essayant de ne pas faire de geste brusque. Il s’est promené dans la maison avec nonchalance, se frottant contre moi comme s’il n’avait pas passé les deux derniers mois à éviter tout contact. Puis il a semblé changer d’avis et il est sorti. Je lui ai laissé la porte ouverte. Quelques minutes plus tard, il est revenu et s’est précipité vers son bol de nourriture. Je l’ai écouté mâcher ses croquettes, un son qui m’avait manqué sans que je m’en aperçoive. Sa présence dans la maison était comme un petit miracle, le genre de merveille dont ne sont crédités que les saints les plus obscurs. C’était la fin du mois de décembre. Depuis ce jour, nous avons repris notre relation où nous l’avions laissée. Musa dort sur mon lit, roulé en boule comme un cloporte. Le matin, il se plaint jusqu’à ce que je le laisse sortir. Il aime toujours regarder les poules manger. Lorsque les soirées sont chaudes, je m’assieds sur le porche et boit une bière pendant que Musa garde un œil sur les oiseaux.
L’abîme
Il y a environ un siècle, un professeur de mathématiques et mystique allemand du nom de Wilhelm von Osten avait un cheval nommé Hans le Malin. Sur une période de plusieurs années, von Osten raconte qu’il a patiemment donné à Hans l’équivalent d’un enseignement de maternelle, lui apprenant même les bases de l’arithmétique. La conversation allait dans les deux sens : Hans communiquait avec ses sabots, frappant le sol un certain nombre de fois pour indiquer un nombre ou une lettre particuliers. Les fans affluaient sur la propriété de von Osten, située aux abords de Berlin, pour voir le cheval en personne. Hans le Malin faisait montre de ses talents devant des ducs et des médecins. La plupart des gens étaient conquis : Von Osten demandait à son cheval combien de dames se tenaient en rang devant lui, et il tapait du sabot le nombre exact de fois. Hans était apparemment capable de faire la différence entre l’or, l’argent et le cuivre. Il connaissait les jours de la semaine et savait quel était le mois de l’année. Il réalisait des opérations d’arithmétique très simples et savait lire l’heure. « La versatilité de Hans est époustouflante », écrivait le New York Times en 1904. « Il sait distinguer chapeaux de feutre et chapeaux de paille, cannes et parapluies. Il connaît même les différentes couleurs. » Mais tout le monde n’était pas convaincu.
En 1907, un groupe d’experts – des psychologues, des zoologues ainsi qu’un dresseur de cirque – connu sous le nom de Commission Hans a élaboré une série d’expériences pour essayer de faire la lumière sur les extraordinaires capacités de Hans le Malin. Ils ont mis des œillères à l’animal et essayé de faire poser les questions par quelqu’un d’autre que von Osten. Au final, la commission a conclu qu’il n’y avait pas de tricherie à l’œuvre, mais également que le cheval n’était pas capable de comprendre le langage humain, du moins pas au sens où von Osten l’entendait. Il était si juste dans l’interprétation du langage corporel de son maître qu’il était capable de repérer les indices les plus subtils – des indices que von Osten n’avait pas conscience de donner :
L’état requis pour que la bonne réaction se produise n’était pas l’attente passive que le cheval tape le nombre qu’on lui avait demandé de taper, ni le désir qu’il le fasse, mais plutôt la détermination qu’il devait le faire. Un « tu dois » indicible était transmis au cheval. Cet état émotionnel était enregistré dans sa conscience sous forme d’une sensation de tension musculaire entre la tête et le cou, par des sensations intra-organiques, et finalement par un sentiment de malaise progressif. Lorsque le nombre final était atteint, la tension se relâchait soudainement et laissait la place à une curieuse sensation de relaxation.
Cette révélation publique n’a pas découragé les fans de Hans le Malin, qui continuaient à affluer pour le voir. Von Osten n’a jamais été totalement convaincu que son cheval ne le comprenait pas – peut-être parce qu’ils communiquaient tous les deux à un degré de complicité remarquable, même si la forme de cette conversation n’était pas exactement ce que von Osten pensait qu’elle était. Il y a évidemment des explications rationnelles au retour de mon chat. Mon père, fervent matérialiste, croit que Musa a profité du fait que la voyante pour chats m’avait calmée. Un quelconque message subtil transmis par mon langage corporel lui aura fait savoir que j’avais décidé de lui accorder autant de liberté qu’il voulait. Au final, le mécanisme m’importe peu. Qu’il s’agisse de télépathie, de langage corporel ou bien de chance, je ne vois pas le retour de Musa autrement que comme un miracle. « Le mot “amour” est absent de l’index de l’Oxford Companion du comportement animal ainsi que l’Encyclopédie du comportement animal », écrit le comportementaliste animal Jonathan Balcombe dans son livre. Il émet l’hypothèse que c’est en partie car « il est difficile, sinon impossible, de faire la preuve de l’amour d’un autre individu, même chez l’homme. C’est le défi de l’expérience privée. »
Quand on est proche de quelqu’un – chat, humain ou quoi que ce soit d’autre –, il est facile de le tenir pour acquis, jusqu’à ce qu’ils fassent quelque chose qui nous fait les regarder en se disant : Oh ! Tu es une créature différente avec un esprit différent du mien ! Et voilà qu’un abîme vous sépare. Le « défi de l’expérience privée » de Balcombe m’a semblé être une formule polie pour parler du sentiment désagréable de s’ouvrir le gouffre inéluctable qui sépare tous les esprits. Malgré cela, nous continuons à faire de nos messages des avions de papier que nous envoyons voler par-dessus le précipice. Je pense que certains d’entre eux arrivent à bon port. « Le désir de penser avec les animaux » n’est pas toujours solipsiste, écrivent Daston et Mitman dans leur ouvrage sur le sujet. Certaines fois, il s’agit même de tout le contraire – « un acte virtuose mais condamné d’empathie totale ». La distance est toujours là, et nous essayons sans cesse de l’abolir, de quelque façon que ce soit.
Traduit de l’anglais par Nicolas Prouillac et Arthur Scheuer d’après l’article « The Cat Psychic », paru dans Hazlitt. Couverture : Une voyante, un chat, l’univers, des éclairs. (Ulyces)
APOCALYPSE MIAOU AU CŒUR DE LA SECTE QUI VÉNÈRE LES CHATS COMME DES ÊTRES DIVINS
Lorsque l’association Eva’s Eden a ouvert son refuge pour chatons, personne n’imaginait que ses bénévoles faisaient partie d’un culte aussi absurde que dangereux.
La liste des raisons pour lesquelles vous êtes susceptible de connaître Columbia est vite faite. C’est dans cette ville du Tennessee qu’est né James K. Polk, le 11e président des États-Unis. Chaque année en avril y est organisé le « jour de la mule », avec sa parade et son festival. Et peut-être avez-vous eu vent des émeutes qui s’y sont déroulées en 1946, quand ses habitants afro-américains luttaient pour que l’avocat Thurgood Marshall ait le droit d’exercer sa profession (il a plus tard été élu à la Cour Suprême). Il se pourrait aussi qu’elle abrite un culte apocalyptique des chats.
La révérende Sheryl Ruthven et quelques dizaines de ses adeptes ont quitté l’État de Washington il y a trois ans. Ils cherchaient un endroit où vivre en paix en attendant tranquillement l’apocalypse. D’ici là, ils espéraient sauver le plus de chats possible. D’après les écrits de Ruthven et des entretiens avec ses anciens adeptes, les chats seraient des créatures divines censées porter les 144 000 âmes mentionnées dans le Livre de la Révélation. Mais l’histoire controversée du groupe l’a suivi à travers le pays. En public, les adeptes de Ruthven – qui s’occupent d’un refuge pour chats à but non lucratif connu sous le nom d’Eva’s Eden (l’Éden d’Ève) – se présentent comme une association paisible dévouée à Mère Nature et à la vie en harmonie. Ils recueillent chez eux des dizaines de chatons et organisent des journées d’adoption dans leur caravane climatisée, transformée en cour de récré pour chats. « Notre credo a toujours été d’aider à apaiser les souffrances, nous sommes l’Éden d’Ève … nous apportons l’amour au monde, un chat après l’autre », ont-ils écrit dans un post Facebook aujourd’hui effacé. Mais certains de ses anciens adeptes disent que le ministère de Ruthven est un culte de la personnalité dédié à sa prophétesse. Elle prétendrait être la Divine Madeleine, la réincarnation d’une figure messianique qui créera un nouvel Éden après l’apocalypse. Ces anciens adeptes racontent qu’ils adulaient Ruthven, suivant chacun de ses commandements, même lorsqu’il a leur a fallu abandonner leurs familles pour la suivre. Ils administrent maintenant une page Facebook dénonçant ce qu’ils considèrent comme une secte. L’Éden d’Ève nie en bloc. Ils affirment que ces anciens membres sont des haters coordonnés par l’ex-mari de Ruthven, voués à calomnier leur foi. L’association a répondu aux critiques en les attaquant en ligne et en échangeant des lettres de menaces de poursuites… avant de poster des vidéos d’adorables chatons sur YouTube.