Sur un replat des Alpes suisses, entre les versants couverts de sapins qui culminent en sommets immaculés, une valise trace de petits sillons en roulant dans la neige de Davos. Ce lundi 20 janvier 2020, veille du Forum économique mondial, son propriétaire entre dans un chalet de la ville la plus haute d’Europe. Il a payé près 64 534 francs suisses, soit près de 60 000 euros, pour passer quatre nuits dans un appartement de 150 m2 situé à cinq minutes de marche de l’événement, qui réunit chaque année le gotha mondial. Lors de cette 50e édition, 3 000 chefs d’entreprises, d’États et de gouvernements discuteront des orientations qu’il veulent donner au monde. « Davos, c’est cette réunion où des milliardaires viennent expliquer à des millionnaires comment convaincre des cadres supérieurs qu’ils doivent se serrer la ceinture », raille un grand banquier cité par La Croix.
Depuis son pinacle, le forum symbolise tant les écarts de revenus et de patrimoines vertigineux de la planète, que l’association Oxfam profite de l’occasion, depuis 2014, pour publier un rapport sur les inégalités dans le monde. « En 2018, les milliardaires du monde entier, seulement 2 153 personnes, se partageaient plus de richesses que 4,6 milliards de personnes », y pointe-t-elle. En d’autres termes, les 1 % les plus riches possèdent deux fois plus que les 90 % les moins bien lotis. « Une minorité d’hommes blancs se taille la part du lion », est-il aussi écrit. La France compte par exemple 41 milliardaires, soit quatre fois plus qu’après la crise financière de 2008. Plus de la moitié a hérité de sa fortune.
« Personne n’a besoin d’un milliard de dollars », tranchait le journaliste américain Tom Scocca dans un article relevé par le New York Times le 6 février 2019. Alors que « certaines idées vouées à rendre le monde meilleure demandent une évaluation nuancée et une réflexion sur l’équilibre entre des intérêts divergents, d’autres peuvent s’en passer. Les milliardaires sont néfastes. Nous devrions sans doute nous en débarrasser. De tous. » L’idée n’est bien sûr pas de les éliminer littéralement, mais d’empêcher une telle accumulation. Car aucun critère moral ne permet de dire que certains la méritent, quand d’autres en sont inévitablement pour leurs frais. Avec Tom Scocca, la députée Démocrate américaine Alexandria Ocasio-Cortez défend donc une taxation accrue des grandes fortunes. Et la proposition fait son chemin.
La montagne magique
Le charme est-il rompu ? Haut-lieu de pouvoir et d’argent niché à 1 500 mètres d’altitude, dans les Alpes suisses, Davos a perdu un peu de son magnétisme. Emmanuel Macron, Theresa May et Donald Trump ont renoncé à venir au Forum économique mondial l’an passé. Sous la neige du mois de janvier 2019, la « montagne magique », ainsi que l’écrivain allemand Thomas Mann surnomma la ville en 1911, était parcourue de frissons. Dans ce dîner de gala du capitalisme, dont le fondateur aimerait désormais des « patrons plus modestes », on a disserté sur « les coûts de l’inégalité ». À la moindre secousse, certains craignaient l’avalanche. « C’est effrayant », lâchait Scott Minerd, le responsable de l’investissement de Guggenheim Partners, une société américaine qui brasse des milliards.
L’épicentre se trouvait pourtant à plus de 6 000 kilomètres. Au cours d’une conférence organisée en hommage à Martin Luther King, la veille, dans l’église Riverside de Harlem, la députée de New York Alexandria Ocasio-Cortez a suggéré de taxer 70 % des revenus annuels au-delà de 10 millions de dollars. Si la nouvelle passionnaria Démocrate est trop jeune pour se présenter à la prochaine élection présidentielle, « d’ici là, son idée va prendre de l’ampleur », trésaillait Scott Minerd. « Il y a une chance pour qu’un taux d’imposition à 70 % dans ce genre entre en vigueur. » Un milliardaire qui préfère rester anonyme jugeait pour sa part que « cela n’arrivera pas, croyez-moi ». Quoi qu’il en soit, dans son immense majorité, Davos s’y oppose. Il fallait une ironie grinçante au PDG de Blackstone, Stephen Schwarzman, pour s’avouer « très enthousiaste ».
Quand un journaliste a demandé à Michael Dell, fondateur de l’entreprise informatique du même nom, s’il soutenait la proposition, la salle a explosé de rire. « Je ne la soutiens pas et je ne pense pas que cela aiderait la croissance de l’économie américaine », a-t-il simplement répondu. Voyant la scène rapportée sur Twitter, Alexandria Ocasio-Cortez s’en est amusée à son tour : « Est-ce qu’il commence à faire chaud ici ou c’est juste une prise de conscience de l’augmentation rampante des inégalités de richesse ? »
Même le fondateur d’une société de capital-investissement Glenn Hutchins, pourtant donateur du Parti démocrate, voit le projet d’un mauvais œil. Il vaut mieux « essayer de trouver un moyen de rendre le système fiscal équitable et efficace », juge-t-il, et non défendre une « posture » comme le fait selon lui Ocasio-Cortez. D’après cet autre milliardaire, elle a peu de chance de convaincre la Chambre des représentant et le Sénat. Nous verrons, semble répondre l’alliée de Bernie Sanders. « C’est la transposition en impôt d’une réponse à ces questions : à partir de quel niveau vivons-nous dans l’excès et dans quelle société voulons-nous vivre ? » précisait-elle sur le plateau du Late Show le 22 janvier. « Voulons-nous vivre dans une société où les milliardaires ont leur propre héliport Uber tandis que d’autres travaillent 80 heures par semaines sans pouvoir nourrir leurs enfants ? »
Alors que le Forum économique mondial s’apprêtait à ouvrir ses portes, l’an dernier, l’association Oxfam publiait son rapport sur les inégalités le 21 janvier 2019. Elle y indiquait que 26 personnes possèdent autant de richesses que la moitié la plus pauvre de la planète. Autrement dit, l’équipage d’un mini-bus accapare ce qui fait vivre un continent. Pour arriver à ce constat, Oxfam se basait sur le classement Forbes des plus grandes fortunes, selon lequel 1398,3 milliards de dollars étaient entre les mains de 26 nantis. Si certains contestent sa méthode de calcul, l’économiste Lucas Chancel, qui codirige le Laboratoire sur les inégalités mondiales avec Thomas Piketty et quelques autres a obtenu des résultats similaires : « Les 0,1 % les plus riches détiennent une part disproportionnée du patrimoine mondial (au moins 16 %) alors que les 50 % les plus pauvres ont une part extrêmement faible (au plus 2 %). »
« Après les États-Unis, la France est le pays qui a connu la plus forte progression de millionnaires en 2018 », déplore la porte-parole d’Oxfam France, Pauline Leclère. « Aujourd’hui, en France, huit milliardaires possèdent autant que les 30 % les plus pauvres, suivant une tendance qu’ont empruntée nombre de pays riches avant nous. » Le gouvernement a pourtant décidé de supprimer l’impôt sur la fortune (ISF) en décembre 2017, pour le remplacer par un impôt sur le fortune immobilière (IFI) excluant le patrimoine financier. Ce faisant, il a privé le budget de l’État de près de 4 à 5 milliards d’euros. Dans sa fourchette haute, ce manque à gagner « représente 40 % du budget de l’enseignement supérieur », pointe l’économiste Thomas Piketty. « Il va falloir que Macron rétablisse l’ISF. » Même l’économiste Philippe Aghion, qui a aidé le Président à dessiner une politique fiscale, plaidait le 3 décembre 2018 pour son « rétablissement temporaire ». L’Élysée continue vaille que vaille de l’exclure.
Aux États-Unis, 59 % de la population soutient l’idée d’Ocasio-Cortez, d’après une enquête commandée par le journal The Hill. Il est malgré tout hors de question pour les riches américains présents à Davos de mettre davantage au pot. « Citez-moi un pays où cela marche », s’agace Michael Dell. « Les États-Unis », réplique un autre intervenant, le professeur du Massachusetts Institute of Technology (MIT) Erik Brynjolfsson. Car le taux d’imposition des grosses fortunes n’a pas toujours été de 37 % comme il est actuellement. « Ce n’est pas une idée nouvelle », fait justement remarquer Ocasio-Cortez sur le plateau du Late Show. « Sous Eisenhower, il y avait un taux d’imposition de 90 %. » Il s’est effondré en un demi-siècle.
New New Deal
Si 1 500 jets privés ont atterri à Davos cette année, la ville suisse est trop petite pour accueillir tous les milliardaires. Alors, l’ancien acteur et avocat du président Richard Nixon, Ben Stein, aisément reconverti dans l’analyse économique, fulmine contre Alexandria Ocasio-Cortez depuis les États-Unis. « Staline, Hitler, Mao Zedong sont tous arrivés au pouvoir en promettant le même genre de choses que madame Ocasio-Cortez, et ça a conduit à des massacres de masse, des dictatures et des génocides », bredouille-t-il sur l’antenne de Fox News, le 22 janvier 2019. Dans le livre de cet opposant à l’avortement, Comment détruire votre vie financière et votre porte-monnaie, un chapitre est titré « Ne faites pas attention aux taxes ». « Il vaut mieux en rire qu’en pleurer », réagit le lendemain la députée Démocrate en commentant le portrait que la chaîne fait d’elle.
Seulement, Ben Stein fait une fixation sur Hitler. Pour défendre ses vues créationnistes, il n’hésite pas à rendre le darwinisme responsable de la montée du nazisme. Mais lorsqu’il repeint Ocasio-Cortez en autocrate sanguinaire, ce contempteur de Barack Obama se trompe : le « New Deal vert » qu’elle promeut n’a rien à voir avec un quelconque pacte germano-soviétique ou avec les khmers verts. Il s’inspire du New Deal du président américain Franklin Delano Roosevelt. Avant d’impulser le débarquement qui aboutira à la chute du IIIe Reich, ce Démocrate a relancé l’économie américaine, après le krach de 1929, en créant pléthore d’emplois publics. Une fois élu président, il réforme l’imposition de l’héritage, du revenu et des entreprises.
« La transmission d’importantes fortunes de génération en génération entre en contradiction avec les idéaux de notre génération », justifie-t-il devant le Congrès en 1935. Déjà augmentée par son prédécesseur (de 25 % à 63 % en 1932), la taxe sur les grandes fortunes passe à 79 % en 1936 puis à 91 % en 1941. À l’inverse des inégalités, qui reculent de chaque côté de l’Atlantique, la croissance suit le même mouvement. Admirateur de Roosevelt, le jeune Ronald Reagan vote quatre fois de suite pour les Démocrates. Sa détestation des Soviétiques lui fait cependant changer de camp, au point qu’il soutient le Républicain Dwight D. Eisenhower en 1952. Comme le souligne Ocasio-Cortez, le taux d’imposition maximal est alors de 91 %. En France, où se développe la Sécurité sociale, il atteint 90 %.
Élu en 1969 avec le soutient de Reagan, Richard Nixon a pour conseiller en économie un certain Herbert Stein, père de Ben Stein. Ce dernier met un pied en politique en écrivant des discours au président, qui abaisse l’impôt sur les grandes fortunes à un taux de 72 %. Affectée par les deux crises pétrolières des années 1970, l’économie américaine est moribonde quand Reagan parvient au pouvoir sous la bannière Républicaine en 1981. « Il est temps d’essayer quelque chose de différent et c’est ce que nous allons faire », déclare-t-il. Désormais, aucun Américain n’a à donner plus de la moitié d’un dollar perçu à l’État. Mêlant retrait des pouvoirs publics et déréglementation de la finance, les « Reaganomics » ne sont rien de moins qu’un New Deal à l’envers.
En 1989, alors que leur promoteur quitte la Maison-Blanche et que Berlin est sur le point de perdre son mur, Alexandria Ocasio-Cortez voit le jour à New York. Mais à la différence de l’Allemagne, maintenant réunifiée, elle « grandit entre deux mondes ». Avant même d’entrer à l’école, ses parents décident qu’elle n’ira pas en classe dans le Bronx, où est né son père dans une famille pauvre. Pas plus favorisée, sa mère est elle originaire de Porto Rico. Avec l’aide de proches, un budget est réuni pour permettre à la jeune femme de louer un T3 à Yorktown Heights, dans une banlieue aisée. Élève investie, elle entre au lycée en ayant le sentiment d’appartenir à un monde légèrement différent, sans toutefois avoir de « conscience de classe », se souvient-elle.
À 17 ans, souhaitant devenir gynécologue, la jeune femme s’endette lourdement pour étudier à l’université de Boston. À peine a-t-elle commencé les cours que le foyer la rappelle : son père meurt d’un cancer du poumon. « Ma mère n’en pouvait plus, mon frère était perdu, c’était aussi difficile pour moi », raconte-t-elle. « Mais j’ai fait avec, je suis retournée en classe une semaine après sa mort. La dernière chose qu’il m’a dite, c’est : “Rends-moi fier.” C’est ce que j’ai essayé de faire : mes notes ont monté en flèche. » Passée de la biochimie à l’économie et aux relations internationales, Alexandria Ocasio-Cortez travaille bientôt pour le sénateur Démocrate Edward Kennedy. À son retour dans le Bronx, elle doit accepter un travail de serveuse pour aider sa mère à rembourser des dettes. Contrainte de vendre la maison, la famille déménage en Floride, où elle devient secrétaire.
Après avoir démarché des banques au téléphone pour la campagne de Barack Obama, Ocasio-Cortez se démène pour trouver un QG de campagne à Bernie Sanders dans le Bronx et fait du porte à porte en 2016. L’investiture Démocrate lui étant refusée au profit d’Hillary Clinton, les partisans de Sanders montent une organisation baptisée Brand New Congress pour trouver des candidats de gauche à la députation. Gabriel Ocasio-Cortez envoie une lettre avec le nom de sa sœur. Sa carrière dans la politique est lancée.
Le front du changement
Devant un bouquet de lys et un mur blanc, Alexandria Ocasio-Cortez égraine les remerciements avec un large sourire. « Je suis si reconnaissante, heureuse, flattée et contente d’être ici », lance la nouvelle candidate de la plateforme Brand New Congress, rebaptisée Justice Democrats, devant sa webcam. Elle est encore parfaitement inconnue ce 16 mai 2017. « Je suis la fille de parents de la classe ouvrière », entame-t-elle avec un écouteur vissé dans l’oreille droite. « Mon père avait un petit business et ma mère a tout fait pour que nous ayons de quoi manger. Nous avons dû déménager car il était évident que le code postal avait une influence sur l’éducation et les soins que vous pouviez recevoir. Cela doit cesser. »
Seulement, son plaidoyer pour plus d’égalité n’a pas vraiment le vent en poupe. En France, à peine élu, Emmanuel Macron entreprend de supprimer l’ISF. Alors qu’il y a « 330 000 redevables [concernés] pour une recette de 4,1 milliards d’euros », déclare le ministre de l’Économie Bruno Le Maire devant la Commission des finances de l’Assemblée nationale, ils ne sont plus que 150 000 à l’issue de la réforme. Le gouvernement fait ainsi une croix sur 3,2 milliards d’euros. À quoi la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon répond en novembre par un contre-budget prévoyant une taxe de 90 % pour les revenus dépassant 400 000 euros par an. Le même mois, les Républicains introduisent le Tax Cuts and Jobs Act, faisant tomber l’impôt maximal de 39,6 à 37 %.
Et ce alors que « les inégalités de revenus ont augmenté dans presque toutes les régions du monde ces dernières décennies », pointe le rapport sur les inégalités mondiales publié par les chercheurs Facundo Alvaredo, Lucas Chancel, Thomas Piketty, Emmanuel Saez et Gabriel Zucman en décembre 2017. « Depuis 1980, les inégalités de revenus ont augmenté rapidement en Amérique du Nord, en Chine, en Inde et en Russie, mais de manière plus modérée en Europe (Graphique E2a). Dans une perspective historique plus longue, cet accroissement des inégalités marque la fin du régime égalitariste qui avait pris différentes formes dans ces régions après la Seconde Guerre mondiale. » Autrement dit, 30 ans de baisse des taxes n’ont ni dopé la croissance, ni permis un recul des inégalités.
Dans le 14e district de New York où elle se présente aux primaires Démocrates contre Joe Crowley, élu à la chambre des représentants depuis 1999, « l’intérêt des familles de travailleurs a été sacrifié au profit des promoteurs immobiliers de luxe ces 20 dernières années », critique Alexandria Ocasio-Cortez. Ce 15 juin 2018, sur la chaîne NY1, c’est peu dire que la jeune femme est stressée. « Le matin, je ne savais plus où j’étais et quand je me suis assise face à lui, j’étais persuadée qu’il pouvait voir mon cœur sortir de ma poitrine », se souvient-elle. D’abord condescendant, Crowley tourne aigre devant ses attaques. Et il blêmit franchement lorsqu’elle l’emporte finalement 12 jours plus tard. Pour mener campagne face aux Républicains, AOC reprend le concept de Green New Deal employé par son mentor, Bernie Sanders.
Les énergies renouvelables doivent selon elle alimenter toute l’économie américaine d’ici 12 ans, via des investissements devant permettre d’assurer un emploi à chaque personne qui en veut un, le tout couplé à un programme de revenu minimum et une couverture de santé universelle. « Les mesures telles que l’accès à l’éducation et à la santé sont essentielles pour empêcher que les classes populaires décrochent », confirme Lucas Chancel. « Mais si l’on veut empêcher une trop forte concentration des patrimoines, alors il faut des taux d’imposition plus progressifs à la fois sur les revenus et les patrimoines. » À Davos, bien des participants sont prêts à reconnaître l’importance de l’éducation et de la santé, sans être en faveur d’une augmentation des taxes, tant s’en faut.
« Ces dernières années », analyse l’auteur américain Anand Giridharadas dans une tribune publiée par le Guardian, « beaucoup d’Américains fortunés ont adopté un comportement à la fois louable et intéressé : ils ont essayé d’aider en s’appropriant le problème. Autour de nous, les vainqueurs du statu quo très inéquitable dans lequel nous nous trouvons se sont déclarés partisans du changement. Ils connaissent le problème et veulent faire partie de la solution. Ils veulent même être à la pointe de la recherche pour les solutions. Ils pensent que leurs solutions méritent d’être sur le front du changement social. » Cela expliquerait pourquoi l’impôt, en tant que fossoyeur du statu quo, n’est pas exactement l’option privilégiée par les grands de ce monde.
Alors évidemment, si un gouvernement émet seulement l’éventualité d’interdire les milliardaires, on lui répliquera que cela risque d’entraîner leur fuite. C’est l’argument tenu par le présentateur de télévision Cyril Hanouna, qui touche une obole de 50 millions d’euros par an, face aux gilets jaunes qui voudraient rétablir l’ISF. Les fortunes françaises n’ont d’ailleurs pas attendu cette perspective pour partir, bien que « jusque là, la France [ait] plus ou moins résisté à la baisse de progressivité observée dans le monde anglo-saxon », compare Lucas Chancel. Sauf qu’ « avec Emmanuel Macron, la suppression de l’ISF, la baisse de la progressivité sur l’imposition des revenus du capital et la suppression de la flat tax, on a un ensemble de mesures qui ne vont pas vers plus de progressivité. Ceci a un impact clair sur les inégalités. » Ce n’est pas un hasard si on ne trouve aucune trace de gilet jaune à Davos.
Couverture : Le 1 % des 1 %.