Cet article est publié en partenariat avec La Poste.
Sous les pics du massif de Chartreuse, en Isère, un camion double le cimetière du Fontanil-Cornillon, puis passe devant une rangée de maisons postées à flanc de route et de montagne. Quelques dizaines de mètres plus loin, il s’enfonce dans les bois pour grimper vers le sommet, aiguille verte et grise perdue dans les nuages. Le véhicule serpente ainsi jusqu’à Mont-Saint-Martin, dépose quelques lettres dans ce village de moins de 100 habitants nichés à 760 mètres d’altitude, et redescend aussitôt. Trente minutes se sont écoulées.
Cette ascension prend du temps. Alors elle va disparaître peu à peu, comme les cimes dans la brume. Jeudi 7 novembre 2019, La Poste a annoncé via sa filiale de livraison DPD France qu’elle ouvrait une deuxième ligne commerciale régulière pour acheminer des colis par drone. Ses livreurs peuvent désormais s’arrêter au Fontanil-Cornillon, en contre-bas, pour charger les paquets de moins de 2 kilos dans une boîte blanche accrochée à un petit appareil sans pilote. Doté d’une autonomie de 15 km, l’aéronef décolle automatiquement avant de rallier Mont-Saint-Martin à une vitesse de croisière de 35 km/h. Là, un terminal de livraison connecté reçoit le colis et prévient la mairie, dont un employé le remet ensuite au destinataire. En 8 minutes, l’appareil est déjà retourné à son point de départ sous la surveillance d’un opérateur qualifié par la Direction générale de l’aviation civile (DGAC).
« En plus du gain de temps, c’est une réduction du risque routier sur des routes parfois peu praticables en montagne, en particulier durant l’hiver », fait valoir La Poste. « Pour le client, c’est la garantie de recevoir son colis même lorsque la route est rendue impraticable par les précipitations. » Le dispositif est éprouvé dans le Var. Depuis décembre 2016, un drone postal relie Saint-Maximin-la-Sainte-Baume à Pourrières. Élaboré par la société Atechsys, il fonctionne à l’électricité et n’émet donc guère de CO2.
Horizon vert
Pour réduire son empreinte écologique, tout en répondant à une demande croissante de livraison de colis à domicile, La Poste s’est engagée dans une démarche de développement responsable depuis 2004. Cela l’a conduit à proposer un ensemble d’offres neutres en carbone à ses clients, ses fournisseurs et aux collectivités.
Cette démarche est prolongée par l’engagement de La Poste pour une logistique urbaine plus écologique. La Poste travaille avec les collectivités locales pour réguler l’encombrement des centres-villes engendré par les livraisons de colis achetés en ligne, afin que l’espace urbain soit restitué aux habitants. Une série d’accords passés avec 19 métropoles françaises fait émerger des solutions logistiques adaptées à chaque besoin local.
Le groupe dispose par ailleurs de la plus grande flotte de véhicules électriques au monde. « À mon arrivée, il y a quatre ans, je n’avais qu’une voiture diesel », se souvient Jérémy, facteur à Marssac-sur-Tarn, près d’Albi. « Maintenant il y a le trois roues motrices Staby et des vélos à assistance électrique. »
Engagée sur le chemin de la neutralité carbone, La Poste ne se contente pas de proposer des offres 100% neutres en carbone depuis 2012. Elle mesure son impact sur l’environnement ainsi que celui de ses prestataires pour mieux l’atténuer. Depuis 2013, ses émissions ont chuté de 20 %. Et celles qui restent plus difficiles à juguler sont compensées par des projets de réduction ou de captation de carbone comme de lutte contre la déforestation en Dordogne et en Ardèche. Les énergies renouvelables sont promues au Kenya et l’agriculture durable en Bretagne.
Début octobre, une autre filiale du groupe, Chronopost, a annoncé que ses 230 tournées seraient désormais effectuées en véhicules propres, électriques ou au gaz naturel. Ils sont 300 à être mis en service dans l’Hexagone cette année, avant le déploiement de 200 nouvelles unités, d’ici juillet 2020, à Strasbourg, Lille, Rouen, Nantes, Toulouse, Bordeaux, Montpellier, Lyon, Marseille, Nice et dans la grande couronne parisienne. À Dijon, les voitures diesel ont été remplacées par des vélos à assistance électrique sur 69 tournées, par des véhicules électriques dans 21 cas, et 5 autres sont réalisées à pied. L’objectif est de réaliser « 20 à 25 % de la distribution en moyen propre » en 2022, sachant que 80 000 postiers ont été formés à l’éco-conduite depuis 2007.
Pour épargner des kilomètres inutiles à ces véhicules, Chronopost veut par ailleurs développer des « mini-dépôts » en centre-ville, où les colis seront réceptionnés avant d’être distribués à vélo, à pied ou en véhicule électrique dans un quartier. Il en existe déjà à Boulogne-Billancourt, à Levallois-Perret et dans les 14e et 20e arrondissements de Paris. Le public peut y venir déposer son courrier mais aussi essayer des appareils électroniques facilitant l’envoi et la réception de colis. Colis qui pourront être transportés non seulement par des drones mais également par des chariots intelligents, capables de suivre le facteur comme son ombre. En cours d’expérimentation, ils portent jusqu’à 150 kilos de colis et de lettres contre 45 kilos pour un chariot classique. Le livreur ne doit ainsi pas tout porter lui-même. Alors que le volume d’objets échangés n’a cessé d’augmenter depuis la création de La Poste, lestant le sac du facteur, de nouvelles solutions innovantes sont expérimentées pour lui apporter de l’agilité.
Services gagnants
Depuis les relais de postes institués par Louis XI en 1477, La Poste a couvert les cinq coins de l’Hexagone avec une rapidité croissante. Un mouvement engagé bien avant le lancement des drones vers Mont-Saint-Martin. À la fin du XIXe siècle, alors que la voiture était encore au stade de prototype, le ministère des Postes a créé des établissements auxiliaires pour améliorer son maillage du territoire et atteindre les endroits les plus reculés. Sans quoi, leurs habitants ne recevaient pas leurs courriers. Puis le groupe s’est diversifié.
Aujourd’hui, La Poste est dotée de cinq branches : la Caisse d’épargne postale fondée en 1881 a donné naissance à la Banque postale, le développement des échanges internationaux a favorisé la création de GeoPost, l’extension de la zone de distribution a entraîné la création du Réseau La Poste et une Branche numérique est venue s’occuper des activités dématérialisées, sans oublier la Branche Services-Courriers-Colis. Un bouleversement d’ampleur est à l’œuvre pour ces derniers. Alors que les lettres représentaient 70 % de l’activité postale en 1990, leur part a chuté à 40 % en 2010 et elle devrait continuer à dévisser pour atteindre 20 % en 2020. Dans le même temps, le nombre de colis augmente : il était en hausse de 8 % à l’été 2018 par rapport l’année précédente.
Dans son plan stratégique, La Poste se donne pour ambition de devenir la première entreprise de services de proximité humaine. En s’appuyant sur son cœur de métier, elle veut répondre à différentes attentes de la société. Ses services s’orientent vers les personnes âgées dont le nombre grimpe en France. Avec l’essor du e-commerce, des opportunités sont aussi à saisir dans la logistique urbaine, notamment à l’international. Internet donne l’opportunité au groupe de jouer le rôle de tiers de confiance auprès du grand public et des entreprises : autrement dit, il se place en position de garant des échanges numériques dans le cadre de la modernisation de l’action publique. La Poste protège et prévient des risques avec La Banque postale.
Le facteur ne se contente plus de livrer. Il peut aussi rendre des visites régulières aux personnes âgées isolées dans le cadre du dispositif « Veiller sur mes parents », agrémenté d’une téléassistance, grâce à un équipement connecté installé au domicile. « On est plus intime avec les gens », se réjouit Yohan Noclercq, facteur à Saint-Gaudens, en Haute-Garonne. La tablette Ardoiz donne aux seniors la possibilité de rester connectés avec leurs proches. À partir de 2021, l’hôtel des postes de Strasbourg sera transformé en résidence pour personnes âgées, dotée de 84 appartements, une conciergerie, une blanchisserie et un restaurant. Une vingtaine d’autres bâtiments pourraient ainsi être reconvertis.
En prenant une participation majoritaire dans Axeo Services en 2016, La Poste s’est donné les moyens de fournir « une gamme complète de services autour de la maison, du maintien à domicile et de la vie quotidienne », du jardinage au ménage. Il a racheté Asten Santé, « l’un des leaders français de la prestation de santé à domicile » et accompagne la croissance d’ExactCure, une société proposant un jumeau numérique aux patients qui voudraient prévoir la réaction de leur organisme à un médicament. « Ça permet d’imaginer l’effet d’un traitement », expose Vanessa Chocteau, directrice du programme French IoT, qui accélère le développement de start-ups. Ces jeudi 21 et vendredi 22 novembre, elle est au salon de nouvelles technologies finlandais Slush avec quelques start-ups triées sur le volet. L’innovation de La Poste passe par ces collaborations et par le rachat d’entreprises en pointe dans leur domaine.
Une fois l’intégration de la société de conseil Économie d’Énergie achevée cette année, certains facteurs seront formés pour réaliser des diagnostics énergétiques chez les particuliers et pour les conseiller sur les travaux à effectuer de manière à rationaliser leur consommation énergétique. « Cela pourrait représenter à terme environ l’équivalent de 300 emplois temps plein », juge Philippe Dorge, directeur de la branche Services-Courrier-Colis.
Sur sa tournée, le facteur va emporter des caméras et des capteurs avec lui. À travers sa filiale Geoptis, La Poste propose aux collectivité plusieurs solutions pour contrôler l’état des routes, mesurer la qualité de l’air ou encore la couverture des réseaux de téléphonie mobile. Les données des audits de voiries sont transmises à un data center et diffusées dans une cellule de vidéocodage, basée au Mans et hébergeant une petite dizaine de postiers formés au recensement des dégradations de la voirie. Pour l’analyse des autres données, Geoptis travaille divers spécialistes dont Probayes, une autre filiale du groupe experte en intelligence artificielle.
Écran total
Avant de pouvoir embarquer des capteurs ou de se faire accompagner par un chariot suiveur, les facteurs ont été munis d’un smartphone : Factéo. Depuis 2016, il leur permet de faire signer les objets suivis comme les recommandés, d’identifier les procurations en cas d’absence ou de suivre les réexpéditions. Leur tournée figure sur l’écran. « Il y a un historique de tous les objets sécurisés qu’on a distribués et les prestations à réaliser », décrit Jérémy. « Tout est centralisé, il n’y a plus de papier et c’est plus rapide à traiter. » Une messagerie et une palette d’applications viennent ainsi en aide aux 70 000 facteurs qui possèdent chacun leur appareil.
Pour la direction de la Branche Services-Courrier-Colis, la filiale du groupe dédiée à la transformation numérique, c’est « un outil formidable pour rentrer en relation avec son facteur, en tant que client – et pour La Poste, de pouvoir demander à son facteur de faire d’autres tâches en complément de celles traditionnelles et qui concourent à enrichir la relation avec ses clients. » Le contact instantané offert par Factéo facilite la livraison d’une grande variété de produits et sert de support aux services de proximité tels que les visites aux personnes âgées isolées.
Ces données sont protégées mais ce ne sont pas les seules : Docaposte, la filiale de La Poste dédiée à la transformation numérique a développé une identité numérique offrant à chacun un identifiant unique pour accéder à une kyrielle de démarches. Grâce à une application, les détenteurs de cette Identité Numérique peuvent utiliser les services de La Poste mais aussi, via France Connect, des impôts, de l’assurance maladie, de l’assurance retraite ou encore du ministère de l’Intérieur. Afin d’en disposer, sans mot de passe, il faut s’enregistrer sur le site L’Identité Numérique à l’aide d’une photo de sa pièce d’identité française. Les informations devront ensuite être vérifiées au bureau de poste ou par un facteur au domicile, à l’aide de Factéo.
Ce service gratuit, censé éviter les usurpations d’identité, protéger les données personnelles et simplifier les démarches, est utilisé par quelque 250 000 personnes. Elles possèdent le même identifiant pour demander une carte grise, consulter le solde de leur permis à points, accéder à leur compte de formation, où inscrire leur enfant à l’école. La plateforme devrait bientôt permettre de souscrire aux offres de banques, mutuelles ou de téléphonie mobile, en conformité avec le règlement européen pour l’identification électronique (eIDAS).
Dans un même souci de regroupement des démarches, et de sécurisation des données, La Poste a lancé un partenariat avec le ministère de l’Intérieur, le 15 novembre 2019, qui permet aux étudiants d’exporter leurs attestations de diplôme depuis le site diplôme.gouv.fr vers la boîte aux lettres numérique Digiposte. Ces documents rejoindront ainsi les copies de cartes d’identités, de passeports, de justificatifs de domiciles ou de relevés de comptes qui peuvent y être réunis et classés selon leur nature. Plus de 3,7 millions d’individus s’en servent.
La Poste repère les innovations en germe par le biais du programme French IoT. « Nous pratiquons le foisonnement », indique sa directrice, Vanessa Chocteau. « L’innovation naît des postiers qui sont en contact avec les gens tous les jours, nous rachetons des entreprises, et le programme French IoT repère des briques technologiques pour enrichir nos services. » La société Stimergy bénéficie par exemple d’un accompagnement de La Poste. Elle conçoit des data centers propres en plongeant ses serveurs informatiques dans un fluide qui se charge des calories et les transforme en chauffage ou en eau chaude. « Grâce à La Poste, nous avons des rendez-vous avec des investisseurs, des formations, des faisons des tests », sourit son fondateur, Christophe Perron.
Au sein de La Poste, « il y a déjà eu une transformation numérique et beaucoup d’innovations depuis que je suis arrivé il y a quatre ans », constate Jérémy. Elle compte sur ses 270 filiales pour continuer à innover et suit de près de nombreuses start-ups. En novembre 2019, la société LivingPackets a reçu le prix de l’innovation lors du CES Unveiled Paris 2020 dans la catégorie « Tech for a Better World ». Avec l’aide de La Poste et de son programme d’innovation French IoT, elle a développé The Box, un emballage géolocalisé, sécurisé grâce à un système de verrouillage à caméra embarquée, et réutilisable près de 1 000 fois.
Il y a donc une chance pour retrouver ses colis un jour dans les drones qui montent vers Mont-Saint-Martin, pendant que le véhicule propre du livreur contrôlera l’état de la route et de l’air. Cela devrait lui laisser le temps de s’occuper de personnes âgées comme des autres, et de proposer une palette de solutions aux particuliers afin que leur environnement soit plus sain.