10 000 membres de gangs auraient été arrêtés au Salvador moins de trois semaines après une tuerie qui a fait 62 morts, indiquait Vice le 14 avril. Cette vague d’arrestations s’accompagne d’une nouvelle loi qui vise à censurer les reportages de la presse sur les gangs.
Le président Nayib Bukele – qui a remporté la victoire en 2019 à l’âge de 37 ans en promettant de s’attaquer à la corruption de la sphère politique – fait ainsi un pas de plus vers l’accomplissement de ses tentatives de longue date de censurer les médias, selon les groupes de défense des droits humains. Depuis le vote par le Congrès salvadorien de cette loi, le 5 avril, quiconque partage des informations sur les gangs encourt en effet une peine allant jusqu’à 15 ans de prison.
La simple mention des activités des gangs dans un article de presse pourrait conduire les journalistes qui en font état en prison, menant certains médias à réduire leur couverture du sujet. « Les chaînes de télévision et de radio traditionnelles ont compris cette loi comme étant un ordre d’arrêter de parler des gangs », a analysé César Fagoaga, président de l’Association des journalistes du Salvador. « Les médias écrits continuent de couvrir l’activité des gangs », a-t-il ajouté, « mais ils consultent désormais des avocats pour savoir si leurs récits ou leurs phrases peuvent enfreindre la loi ».
Un homme, qui s’est identifié comme analyste politique et membre du parti de Bukele, a déjà annoncé sur Twitter qu’il porterait plainte contre deux journalistes du journal d’investigation El Faro, pour avoir enfreint la loi en relayant « des messages liés aux gangs afin d’effrayer la population ». Il fait référence à un article qui parle de la façon dont les autorités salvadoriennes ont libéré, sans motif valable, un chef du gang MS-13 condamné à 60 ans de prison pour homicide et actuellement recherché par les États-Unis pour extradition.
Source : Vice