Le gouvernement britannique a annoncé qu’il travaillait sur un accord avec le Rwanda pour envoyer certains de ses demandeurs d’asile dans le pays africain. Considérée comme inapplicable et inhumaine par l’opposition et les associations de défense des droits de l’homme, le gouvernement de Boris Johnson fait lui référence à un « partenariat de développement économique », relate BBC News ce 14 avril.
Pour lutter contre une présence d’immigrés sur son territoire qu’il considère problématique, le parti conservateur au pouvoir de Boris Johnson redouble d’inventivité. C’est en ce sens qu’un nouveau plan gouvernemental a été évoqué dans la presse britannique, que la ministre de l’Intérieur Priti Patel est supposée annoncer jeudi au Rwanda. A priori, celui-ci prévoit que certains hommes célibataires – qui arrivent en Grande-Bretagne après une traversée de la Manche dans de petites embarcations – soient finalement transportés par avion sur 6 400 kilomètres jusqu’au Rwanda pendant que leur demande d’asile est traitée. Pour justifier cette idée folle, Boris Johnson a joué la carte de la lutte contre les bandes criminelles de passeurs. Le Premier ministre britannique répète effectivement depuis plusieurs années vouloir agir pour arrêter « les ignobles passeurs qui abusent des personnes vulnérables, et transforment la Manche en un cimetière aquatique, avec des hommes, des femmes et des enfants qui se noient dans des bateaux en mauvais état et qui suffoquent dans des camions réfrigérés ».
« Si nous avons un arrangement avec le gouvernement rwandais pour le traitement correct et humain de ces personnes, alors les gangs criminels réaliseront que leur source potentielle de revenus se tarira », a déclaré Simon Hart, secrétaire d’État pour le Pays de Galles. Mais l’idée est loin de faire l’unanimité. Steve Valdez-Symonds, directeur chargé des réfugiés à Amnesty International Royaume-Uni, l’a lui trouvée « choquante et mal conçue », et pense qu’elle risque d’aller « beaucoup plus loin en infligeant des souffrances tout en gaspillant d’énormes quantités d’argent public ». Il a de plus a précisé que le bilan « lamentable » du Rwanda en matière de droits de l’homme rendait la situation encore plus préoccupante.
Cette ambition du gouvernement de Boris Johnson découle d’un problème de longue date qui se pose dans la Manche, entre le Nord de la France et les côtes britanniques. Les migrants utilisent effectivement depuis longtemps ce passage pour rejoindre la Grande-Bretagne, en embarquant dans des camions, des ferries, ou dans des canots pneumatiques souvent mis à l’eau par des passeurs. Ces passages sont pourtant très dangereux, et des dizaines de personnes y trouvent la mort chaque année, dont 27 lors du chavirement d’un seul bateau en novembre. Mais selon de nombreuses associations, transporter les migrants au Rwanda ne règle en aucun cas le problème. Une membre du parti travailliste, Lucy Powell, a d’ailleurs déclaré que ce plan « ferait certainement la Une des journaux, car il est très controversé et contestable. Mais en réalité, il est inapplicable, coûteux et contraire à l’éthique ». Elle pense donc à un coup de communication de la part du gouvernement qui pourrait séduire son électorat conservateur, afin de faire oublier les difficultés qu’il rencontre actuellement. « Je pense plutôt qu’il s’agit moins de s’occuper de petits bateaux, que de s’occuper du propre bateau du Premier ministre, qui coule », conclut ainsi Powell.
Source : BBC News