Dans un article publié dans la revue Études sur la faune néotropicale et l’environnement, des chercheurs ont confirmé la crainte de certains en affirmant que des formes de vie transgéniques s’échappent de la captivité pour s’installer et survivre dans la nature. C’est le cas du poisson zèbre rayonnant, dont plusieurs spécimens génétiquement modifiés et fluorescents ont été observés dans des criques sauvages au Brésil, révélait Forbes le 18 février.
Si les poissons des récifs tropicaux arborent souvent de superbes couleurs, ce n’est parfois pas assez pour de nombreux clients avides de robes toujours plus extrêmes. C’est pour répondre à cette demande que l’Université nationale de Singapour avait montré, dès la fin des années 1990, que l’ajout de gènes de méduses et d’anémones de mer au poisson zèbre pouvait rendre ce dernier rouge et vert. La société texane Yorktown Technologies a dès lors trouvé dans l’industrie des aquariums domestiques un marché facile, et a commencé à vendre des “GloFish” peu de temps après la découverte. La gamme de couleurs proposées a depuis largement évolué, et plusieurs poissons d’aquarium fluorescents sont alors apparus sur un marché devenu très concurrentiel.
Or, la commercialisation d’espèces génétiquement modifiées a rapidement inquiété de nombreux scientifiques, qui craignent que celles-ci s’échappent dans la nature et perturbent certains écosystèmes. C’est en ce sens qu’André Magalhães, de l’Université fédérale de São João del-Rei, et ses coauteurs, ont étudié cinq criques de l’écorégion d’eau douce Paraíba do Sul, au Brésil. Au cours de leurs recherches, les scientifiques ont constaté l’existence d’au moins 70 poissons d’aquarium dans les seules eaux intérieures brésiliennes, dont 31 se sont établis dans leurs nouveaux écosystèmes. Certains d’entre eux semblaient effectivement être capables de se reproduire, et ainsi leur population est susceptible de croître rapidement.
Le risque est donc, selon les auteurs, que les GloFish deviennent à terme une menace pour certaines espèces, voire supplantent des espèces locales. Par exemple, ils indiquent que si les eaux dans lesquelles ils ont été découverts étaient exemptes de prédateurs, leurs couleurs pourraient attirer dans le futur une attention indésirable sur les autres espèces qu’elles recèlent. De plus, toute espèce n’ayant pas de prédateurs locaux peut s’avérer désastreuse pour l’équilibre d’un nouvel environnement, et la possibilité qu’une couleur ou une autre aide les espèces transgéniques à prendre le dessus ne peut être exclue. Pour lutter contre ce problème, la vente de poissons transgéniques est interdite au Brésil depuis 2017… mais la loi n’est pas vraiment appliquée.
Source : Forbes