Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a admis que la Russie connaissait des « pertes significatives » au sein de ses troupes en Ukraine, et que son armée ne progressait pas aussi rapidement que le Kremlin le souhaitait. C’est la première fois que la Russie fait part publiquement de ses difficultés, peu après sa suspension du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, rapporte BBC News ce 8 avril.
Bientôt un mois et demi après le lancement de l’invasion de l’Ukraine le 24 février, un représentant du gouvernement russe a reconnu pour la première fois publiquement que le pays subissait des pertes importantes. Le ministère russe de la Défense a ainsi communiqué des chiffres sur les pertes au sein de son armée, mais s’il a déclaré que 1 351 de ses soldats avaient été tués au combat, l’Ukraine estime à près de 19 000 le nombre de morts russes. En plus de ce bilan humain, le Premier ministre Mikhaïl Michoustine s’est exprimé sur les sanctions économiques à la Douma, le parlement russe. Il a admis à cette occasion que l’impact cumulé des sanctions tend à confronter le pays aux pires perspectives économiques depuis des décennies. « Sans aucun doute, la situation actuelle pourrait être qualifiée de plus difficile depuis trois décennies pour la Russie », a-t-il confirmé. « De telles sanctions n’ont pas été utilisées même dans les périodes les plus sombres de la Guerre froide. »
« Nous avons des pertes de troupes significatives. C’est une énorme tragédie pour nous », a ainsi déclaré Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin. Alors qu’il évoquait les difficultés que les troupes russes connaissent en Ukraine, il a également annoncé espérer que Moscou puisse « atteindre ses objectifs de guerre dans les jours à suivre ». Si la Russie se concentre désormais sur la région orientale du Donbass, Martin Griffiths, chef des opérations humanitaires de l’ONU, a lui fait part de son pessimisme quant à la possibilité d’obtenir un cessez-le-feu. « Je pense que ça ne va pas être facile parce que les deux parties, comme je le sais maintenant… ont très peu de confiance l’une envers l’autre. Je ne suis pas optimiste », a-t-il expliqué.
Ces déclarations de certains membres du Kremlin font suite à la décision de l’ONU de suspendre, avec 93 votes favorables, 24 contre et 58 abstentions, la Russie du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies. L’organisation avait exprimé sa « grave préoccupation face à la crise humanitaire et des droits de l’Homme en cours », et a dénoncé des « crimes de guerre » après la découverte des corps de civils à Boutcha le week-end dernier. Après avoir réfuté les accusations concernant son implication dans les meurtres à Boutcha en dénonçant une « falsification monstrueuse » de l’Ukraine, la Russie a réagi en quittant le Conseil de l’ONU. Dmitri Peskov a quant à lui rejeté l’idée selon laquelle Poutine pourrait comparaître devant un tribunal international pour crimes de guerre. « Nous n’en voyons pas la possibilité, nous ne la considérons pas comme réaliste », a-t-il indiqué.
Source : BBC News