En Équateur, la mort d’un singe une semaine après son déplacement dans un zoo a été à l’origine d’une accusation en justice. Celle-ci a conduit à une décision historique, par laquelle l’Équateur est devenu le premier pays au monde à accorder des droits légaux aux animaux sauvages, relatait Inside Climate News le 29 mars.
L’Équateur, déjà pionnier en matière de droit environnemental et de protection des animaux, vient de franchir un nouveau cap. En 2019, les autorités avaient saisi Estrellita, un singe capturé puis gardé comme animal de compagnie pendant 18 ans par la bibliothécaire Ana Beatriz Burbano Proaño. Bien que la possession d’animaux sauvages soit illégale dans le pays, la propriétaire avait contesté la décision, demandant à ce qu’Estrellita lui soit rendue, et que le tribunal déclare que les droits du singe avaient été violés. La Cour a finalement pris une décision historique : si elle a maintenu que la propriétaire avait violé les droits de l’animal en l’enlevant à son état naturel et en le gardant comme animal de compagnie, elle a rajouté que ce constat s’appliquait aussi au moment du placement du singe dans un zoo par les autorités.
« Ce verdict élève les droits des animaux au niveau de la constitution, la loi suprême de l’Équateur », a réagi l’avocat équatorien spécialiste de l’environnement Hugo Echeverría. Avec cette décision, il confirme que « la Cour a déclaré que les animaux sont sujets de droits, protégés par les droits de la nature ».
L’Équateur était déjà devenu en 2008 le premier pays au monde à reconnaître la nature comme une entité juridique, en inscrivant dans sa constitution le droit de sa population à vivre dans un environnement sain. Mais dans le même temps, il n’était pas encore défini si les animaux sauvages individuels pouvaient bénéficier ou non de cette garantie dans la constitution. C’est désormais chose faite, puisque “l’affaire Estrellita” confère des droits propres aux animaux. Il s’agit d’ailleurs probablement, selon Echeverría, de la première fois que la loi autour des droits de la nature est appliquée dans un tribunal. Pour rappel, peu de pays ont accordé une protection juridique à la nature. Seuls la Colombie, la Nouvelle-Zélande, le Panama, le Chili et le Mexique l’ont pour l’instant fait, que ce soit par le biais de leur constitution ou de leur système judiciaire.
Source : Inside Climate News