Le Sri Lanka connaît sa pire crise économique depuis des décennies, et les protestations des citoyens ont mené à la démission de l’ensemble du gouvernement. Mais alors que 26 ministres ont démissionné, le président et le Premier ministre ont conservé leurs fonctions, relatait le New York Times le 3 avril.
Avec des coupures de courant qui durent une demi-journée ou plus et des pénuries de nourriture, de médicaments ou encore de carburant, la colère du peuple sri lankais est de plus en plus difficile à contenir pour le gouvernement. C’est dans ce contexte économique, qui semble être le pire pour le pays depuis son indépendance en 1948, que les 26 ministres du gouvernement ont adressé leurs lettres de démission. Problème : le Premier ministre Mahinda Rajapaksa, et son frère, le président Gotabaya Rajapaksa, ont décidé de conserver leurs fonctions. La décision n’a pas plu au peuple sri lankais, qui tient le président et sa famille pour responsables de la situation dans laquelle se trouve le pays.
« Nous voulons que vous partiez tous – les Rajapaksa, le cabinet, leurs sbires politiques, les copains corrompus, les médias. Tous », s’est ainsi emporté un internaute sur les réseaux sociaux. Les manifestations se sont depuis enchaînées à travers le pays, comme dans la capitale Colombo où des centaines d’étudiants se sont rassemblés. « Je suis sortie aujourd’hui parce qu’on m’a retiré mes droits, et je suis très en colère », a ainsi déclaré Anjalee Wandurgala, qui faisait partie du regroupement.
En plus de la crise économique, la protection des droits du peuple sri lankais pose elle aussi question, suite notamment à l’instauration ce week-end d’un couvre-feu pour empêcher les manifestations. La mesure, contestée par beaucoup, interdit à quiconque de se trouver sur la voie publique, dans un parc, dans un train ou au bord de la mer, sauf autorisation écrite des autorités. Elle s’ajoute à l’interdiction des réseaux sociaux tels que Facebook, WhatsApp ou Twitter, qui auraient pu permettre aux manifestants de s’échanger des informations sur les rassemblements. Pourtant, « la loi suprême du pays protège le droit du peuple à partager ses opinions, à manifester et à s’engager dans des activités démocratiques pacifiques », a rappelé le chef de l’opposition Sajith Premadasa. « Ce droit ne peut donc pas être violé », a-t-il conclu, ajoutant que le couvre-feu et l’interdiction des réseaux sociaux étaient des mesures « dictatoriales, autocratiques et draconiennes ».
Source : The New York Times