L’armée russe a proposé ce dimanche de garantir deux couloirs sécurisés à tous les civils qui accepteraient de déposer les armes pour sortir de Marioupol, mais les responsables ukrainiens ont immédiatement refusé l’offre et ont affirmé vouloir continuer la résistance, indique BBC News le 21 mars.
La ville portuaire de Marioupol représente un enjeu stratégique déterminant dans l’invasion russe, et l’Ukraine refuse toujours de la livrer à l’ennemi. Lorsque le colonel russe Mikhail Mizintsev a indiqué ce dimanche autoriser deux couloirs de sortie de la ville côtière à des civils à condition qu’ils soient désarmés, on aurait pu penser que l’Ukraine accepterait de perdre du terrain pour protéger ses civils. « Tous ceux qui déposent les armes sont assurés de pouvoir sortir de Marioupol en toute sécurité », a assuré Mizinstev. Mais c’était sans compter sur la détermination des Ukrainiens, qui ont immédiatement rejeté la demande. « Il ne peut être question d’une quelconque capitulation ou d’un dépôt d’armes. Nous en avons déjà informé la partie russe », a déclaré la Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk.
Si Mizintsev n’a pas précisé quelles pourraient être les mesures que son armée prendrait en cas de rejet de son offre, la riposte russe pourrait à nouveau être sanglante pour la population de Marioupol. La ville subit ainsi les bombardements depuis le 24 février, et les attaques touchent désormais les bâtiments publics où les habitants trouvent refuge. Alors qu’une bombe avait déjà touché un théâtre dans lequel plus de 1 000 personnes s’abritaient, une nouvelle attaque a atteint le 20 mars une école d’art qui protégeait environ 400 civils. « Ils sont sous les décombres, et nous ne savons pas combien d’entre eux ont survécu », a déclaré le président Zelensky à propos de la nouvelle attaque. « Mais nous savons que nous allons certainement abattre le pilote qui a largué cette bombe, comme une centaine d’autres meurtriers de masse de ce type que nous avons déjà abattus. »
La situation continue donc de se dégrader à Marioupol, où une grande partie des 400 000 habitants de la ville sont toujours pris au piège. Tandis que les autorités municipales estiment les pertes à au moins 2 300 personnes, une urgence humanitaire se pose pour les survivants qui ne disposent que de peu de nourriture, d’eau et d’électricité. « Des combats ont lieu dans chaque rue, et chaque maison est devenue une cible », déclare Olga Nikitina, une habitante de Marioupol ayant réussi à quitter la ville. « Des coups de feu étaient tirés de partout, et il faisait moins de zéro degré dans l’appartement », décrit-elle. Si les troupes russes prennent plus de temps que prévu à faire chuter Marioupol, elles semblent déterminées à poursuivre des attaques qui s’annoncent de plus en plus sanglantes. Comme l’ont expliqué des membres de l’Institut pour l’étude de la guerre de Washington, l’échec de la Russie dans son entreprise initiale de “guerre éclair” peut effectivement laisser place à une guerre s’étalant davantage dans le temps, et s’avérant ainsi être bien plus meurtrière.
Source : BBC News