Des Ukrainiens ayant prêté serment à la Légion étrangère française seraient en train de la quitter pour se rendre dans leur pays, malgré l’interdiction initiale de leur commandant. Si leurs motivations et leur nombre précis restent inconnus, Mediapart s’est entretenu avec l’un d’entre eux, dans un reportage publié le 6 mars.
L’invasion russe de l’Ukraine continue d’avoir des conséquences grave, visiblement jusqu’au sein de la Légion étrangère. Comptant 700 Ukrainiens dans ses rangs, la Légion a d’abord interdit à 14 d’entre eux de participer aux combats aux côtés des forces armées ukrainiennes. Le commandant Alain Lardet a néanmoins fini par « détacher » certains d’entre eux, considérant que ses hommes « se battent pour des raisons qu’il ne (lui) appartient pas de juger ». Ce sont donc (au moins) 25 légionnaires ukrainiens qui seraient déjà partis, dont une douzaine auraient l’intention de combattre l’armée russe.
Tous ne sont pas nécessairement motivés par la volonté d’en découdre avec l’armée russe. Nombre d’entre eux ont plutôt l’intention de rejoindre leur famille pour les aider, qu’elles soient en Ukraine ou qu’elles aient fui ailleurs. « Les Ukrainiens de la Légion étrangère sont très inquiets pour leurs familles », confirme le commandant Lardet. Une partie des soldats a d’ailleurs été signalée dans un autocar à destination de l’Ukraine. Aucun d’entre eux ne portait d’arme ou d’autre équipement non autorisé.
Pour rappel, les recrues de la Légion étrangère peuvent obtenir la nationalité française après plusieurs années de service seulement, et selon le respect strict de l’engagement qu’ils ont passé. Celui-ci peut évoluer, en atteste le fait que la Légion a mis en place un moyen légal pour ses membres ukrainiens puissent rejoindre leur famille. Mais sur les 14 soldats signalés dans le bus, neuf d’entre eux n’avaient pas été correctement informés de cette nouvelle voie légale. Ils ne devraient donc pas être inquiétés par leur hiérarchie. Pour les cinq autres en revanche, des sanctions sont à prévoir car leur décision relève d’une violation du serment légionnaire. Ils devraient être placés en détention militaire, pour avoir commis « une violation grave du code d’honneur des membres de la Légion », indique le commandant Lardet.
Source : Mediapart