Face à l’explosion démographique, deux États de l’Inde envisagent de durcir leur politique de natalité. Le gouvernement de l’Uttar Pradesh souhaite mettre en œuvre une politique des deux enfants ainsi qu’un programme de stérilisation volontaire à dessein de garantir « un équilibre démographique entre les différentes communautés », rapportait Vice le 19 juillet.
Les suggestions faites proposent de pénaliser les familles nombreuses en les rendant inéligibles aux élections locales, en leur interdisant l’accès aux emplois publics, aux promotions et aux programmes d’allocations gouvernementales. Les incitations à la « stérilisation volontaire » vont des abattements fiscaux et des salaires supplémentaires pour les emplois publics, aux subventions pour l’achat d’une maison ou d’un terrain. Il existe même une prime unique en espèces d’environ 910 euros si l’enfant unique s’avère être un garçon, et d’environ 1 135 euros s’il s’agit d’une fille.
L’État du nord de l’Inde est l’une des régions les plus peuplées du monde, avec une densité de population deux fois supérieure à la moyenne nationale. L’Uttar Pradesh compte plus de 220 millions d’habitants, soit plus de trois fois la population française sur un territoire presque trois fois plus petit. « La nouvelle politique démographique ne vise pas seulement à stabiliser la croissance de la population, mais aussi à offrir un chemin vers la prospérité à chaque citoyen », a déclaré Yogi Adityanath, ministre en chef de la région, lors de la présentation des mesures. Les critiques affirment qu’il s’agit d’une politique est coercitive, notamment à l’égard des femmes et des minorités.
« Les mesures de contrôle de la population peuvent entraîner une recrudescence des pratiques de sélection du sexe et des avortements dangereux, étant donné la forte préférence pour les fils en Inde, comme on a pu le constater dans certains États par le passé », argue Poonam Muttreja, directrice exécutive de la Fondation indienne pour la population. Pourtant, les exemples ne manquent pas. « La Chine est un excellent exemple de l’inefficacité avérée des politiques coercitives, et montre que l’Inde ne doit pas les adopter », ajoute-t-elle.
Aujourd’hui confrontée à une crise de pénurie des jeunes actifs, en mai 2021, Pékin a annoncé le relâchement de la politique des deux enfants, préférée en 2015 à la politique de l’enfant unique. Quant à l’opposant Shashi Tharoor, leader régional du Congrès national indien, il décèle un ciblage communautaire. En effet, la campagne de stérilisation proposée détient des sous-entendus islamophobes, selon lui. Divers groupes nationalistes hindous ont affirmé, sur la base de données infondées et de théories complotistes, que les musulmans sont à l’origine d’un problème démographique. Au moins sept autres États indiens disposent déjà de dispositions de contrôle de la population similaires à celles proposées par le gouvernement de l’Uttar Pradesh.
Source : Vice