Un nouveau projet de base de données compilées par des scientifiques a identifié plus de 140 000 espèces virales qui vivent dans l’intestin humain. Le catalogue géant est d’autant plus étonnant que plus de la moitié de ces virus étaient auparavant inconnus de la science, rapportait le Wellcome Sanger Institute le 18 février.
Le nouveau catalogue de virus, appelé Gut Phage Database (GPD), a été compilé en analysant plus de 28 000 métagénomes individuels, soit l’ensemble des gènes contenus dans un biotope donné, ici l’intestin, toutes espèces mélangées. Les résultats ont révélé que 142 809 espèces virales résident dans l’intestin humain, constituant un type spécifique de virus connu sous le nom de bactériophage. Ces virus infectent les bactéries, en plus d’organismes unicellulaires appelés archées. Dans l’environnement mystérieux du microbiome intestinal, les bactériophages joueraient un rôle important en régulant à la fois les bactéries et la santé de l’intestin lui-même.
« Il est important de se rappeler que tous les virus ne sont pas nocifs, mais qu’ils font partie intégrante de l’écosystème intestinal », explique le biochimiste Alexandre Almeida, du Wellcome Sanger Institute. « Les bactériophages influencent profondément les communautés microbiennes en fonctionnant comme des vecteurs de transfert horizontal de gènes, en codant des fonctions accessoires avantageuses pour les espèces bactériennes hôtes et en favorisant des interactions co-évolutives dynamiques », écrivent les chercheurs dans leur article.
La recherche montre que plus d’un tiers (36 %) des grappes virales identifiées ne se limitent pas à infecter une seule espèce de bactéries, ce qui signifie qu’elles peuvent créer des réseaux de flux génique à travers des espèces bactériennes phylogénétiquement distinctes. En outre, la création d’une telle base de données relance la recherche autour des bactériophages, dont les utilisations thérapeutiques pourraient s’avérer nombreuses.
Source : Wellcome Sanger Institute