Après avoir fui les nazis au printemps 1939, Betty Grebenschikoff avait cherché par tous les moyens possibles à retrouver la trace de sa meilleure amie de l’époque. Elle y est finalement parvenue à la suite d’un concours de circonstances incroyable, 82 ans après leur séparation, rapportait Global News le 27 février.
Betty n’avait que neuf ans lorsque sa famille s’est enfuie de Berlin. L’une des dernières choses dont elle se souvient avant de partir est d’avoir dit au revoir à sa meilleure amie : Anne Marie Wahrenberg. Avec sa famille, elle s’est installée dans l’un des seuls endroits au monde qui accueillait les familles juives sans visa : à Shanghai, en Chine.
Après avoir vécu la Seconde Guerre mondiale, puis la révolution communiste, la jeune femme s’est mariée et s’est finalement installée à Ventnor, dans le New Jersey, où elle et son mari ont eu cinq enfants. Et pendant tout ce temps, elle n’a cessé de chercher son amie. Elle en avait même parlé lors de son interview par la USC Shoah Foundation, en 1997 : « Elle s’appelait Anne Marie Wahrenberg et je me demande toujours ce qui lui est arrivé. Peut-être qu’elle est quelque part et qu’elle peut voir ça. »
En novembre 2020, Ita Gordon, indexeuse auprès de la Shoah Foundation, a assisté à une conférence Zoom en ligne organisée par un groupe de musées d’Amérique du Sud. Le sujet était les événements du 9 novembre 1939, la nuit du verre brisé, quand des foules en colère se sont révoltées à travers l’Allemagne contre les foyers, les entreprises et les synagogues juifs. L’orateur de la conférence était une remplaçante de dernière minute, une femme de 90 ans du nom d’Ana Maria Wahrenberg…
Gordon avait retrouvé les deux amies perdues depuis longtemps, toutes deux pensant que l’autre était probablement morte. La jeune femme et ses parents avaient fui l’Allemagne plusieurs mois après les Grebenschikoff, quelques jours avant le début de la Seconde Guerre mondiale, et s’étaient installés pour leur part au Chili.
Après 82 ans, Betty Grebenschikoff a sauté sur l’occasion. « Dès qu’elle a commencé à parler avec moi, il y a tout de suite eu une connexion », dit Grebenschikoff. « Nous sommes restés 82 ans sans contact, aucun », dit Wahrenberg. « C’est un immense plaisir, une joie, une surprise. » Quant à Ita Gordon, grâce à qui les retrouvailles ont été possibles, elle était également très émue. « J’étais presque engourdie », a-t-elle expliqué. « Je pensais que je pleurerais, mais c’est le contraire. J’étais si heureuse et si chanceuse d’en être témoin. »
Les deux femmes ont discuté pendant près de 50 minutes avant que leurs familles ne les rejoignent et que les présentations puissent être faites. Elles ont maintenant un appel programmé chaque semaine, le dimanche à midi, mais s’envoient également des e-mails et messages sur WhatsApp les autres jours. De plus, les deux survivantes ont fait le pacte de rester en bonne santé pendant la pandémie, et prévoient des retrouvailles en personne dès que la situation sanitaire le permettra.
Source : Global News