La moitié de la matière visible de l’univers demeurait introuvable depuis le Big Bang, mais des astronomes du monde entier se sont ralliés pour la retrouver. Et ils ont finalement réussi à mettre la main sur cette partie manquante, rapportait CNET mercredi 27 mai.
Jean-Pierre Macquart, astronome au Centre international de recherche sur la radio-astronomie (ICRAR) en Australie, et d’autres chercheurs du monde entier, ont publié une étude mercredi dernier dans laquelle ils se disent désormais capables de quantifier l’intégralité de la matière baryonique, c’est-à-dire la matière visible ou « lumineuse » de l’univers, que l’on distingue de la matière noire.
Selon les estimations, cette matière constituerait environ 5 % de la masse totale l’univers (le reste serait composé de matière noire, encore plus mystérieuse). Mais les scientifiques n’avaient, jusqu’à présent, été capables d’en retrouver que la moitié. Cette énigme excessivement frustrante vient enfin d’être résolue, et sa clé se trouvait dans les sursauts radio rapides (FRB). Depuis des années, les astronomes traquent ces signaux radios qui émanent de différents corps célestes, comme les trous noirs, à l’aide de l’ASKAP, un réseau de radiotélescopes australiens.
« Quand les ondes radios voyagent dans le cosmos, elles interagissent avec des électrons, qui brouillent le signal », explique Geraint Lewis, astrophysicien à l’université de Sydney. Et c’est ce ralentissement du signal qui a servi à retrouver la matière manquante. En effet, lorsqu’elles se déplacent dans le vide absolu, toutes les longueurs d’ondes des FRB voyagent à la même vitesse. Mais lorsqu’elles traversent de la matière, certaines d’entre elles subissent un ralentissement. En quantifiant celui-ci, les astronomes peuvent calculer la quantité de matière que les signaux radio traversent.
Avant cela, de nombreux astronomes avaient tenté de retrouver la matière baryonique manquante en scannant notamment les nuages de gaz autour de trous noirs. Mais ces études sont incomplètes pour Jean-Pierre Macquart, qui explique qu’elles reviennent à deviner la taille d’un chien « en regardant la taille de sa queue ». Pas facile, en effet. Grâce à leur nouvelle méthode, à priori infaillible, le mystère est clos.
Source : CNET