En 1997, le Costa Rica a accepté qu’une entreprise de jus de fruits abandonne ses peaux d’oranges dans la nature, pour la science. Des chercheurs de l’université de Princeton, dans le New Jersey, avaient l’intuition que cette décharge de déchets organiques à ciel ouvert pourrait avoir un effet inespéré sur l’environnement. Et ils avaient raison.
Le duo d’écologistes de l’université américaine ont expliqué à l’entreprise costaricienne Del Oro que ses peaux d’oranges pouvaient être bénéfiques pour l’environnement. Del Oro possédait des terres stériles aux abords de la zone de conservation de Guanacaste, qui serait classée au patrimoine mondial deux ans plus tard. Elle a accepté de les céder à la science après que les chercheurs leur ont parlé de leur projet fou : celui de déverser des tonnes de peaux dans la zone pour une expérience inédite.
Quelques temps après le début de l’expérience, cependant, des groupes de défense de l’environnement locaux se sont insurgés contre le projet, arguant qu’il avait de bonnes chances de porter atteinte aux précieux écosystèmes du parc national. La Cour suprême du Costa Rica est tombée d’accord avec eux, et l’expérience a été arrêtée. Mais entre-temps, 12 000 tonnes de peaux d’oranges avaient recouvert la zone, et personne n’a levé le petit doigt pour les enlever.
Seize ans plus tard, en 2013, un jeune écologiste de Princeton du nom de Timothy Treuer s’est mis en tête d’aller voir sur place quelles avaient été les conséquences de l’expérience de ses aînés. La surprise a été de taille. « La zone était tellement envahie d’arbres et de plantes grimpantes que je n’arrivais pas à avoir à plus de deux mètres devant moi », décrit le chercheur. « La différence avant/après était incroyable. »
Les chercheurs ont conclu que les peaux d’orange avaient dû stopper l’avancée des mauvaises herbes qui empêchaient le développement de la forêt, en plus de nourrir le sol pour le revitaliser. Ils cherchent actuellement comment utiliser les fruits de cette expérience pour reproduire ailleurs le miracle des oranges de Guanacaste.
Source : Princeton University