Rose Marie Bentley a eu une vie normale. Si elle n’avait décidé de donner son corps à la science, ses proches ignoreraient encore aujourd’hui qu’elle a vécu près d’un siècle avec une malformation extrêmement rare. Après sa mort à l’âge de 99 ans, en octobre 2017, Cam Walker l’a auscultée à l’université d’Oregon, près de chez elle. « Je savais que quelque chose clochait mais il nous a fallu un moment avant d’observer son anatomie », a-t-il confié à EurekAlert. Puis, le 1er avril 2019, le médecin et ses collègues ont rendu leur conclusion : la plupart de ses organes vitaux étaient à la mauvaise place.
Cette mère de trois enfants était atteinte d’une « lévocardie avec situs inversus », qui se traduisait par une inversion de l’emplacement des organes dans la poitrine et l’abdomen. Seul le cœur était au bon endroit. Or, « normalement, on peut vivre avec un situs inversus si tous les organes sont déplacés, y compris le cœur », explique Walker. « Mais quand ce dernier reste à gauche, les vaisseaux sanguins doivent changer leur orientation, ce qui entraîne en général de gros problèmes de santé. » Par conséquent, seules 5 à 13 % des personnes nées avec la malformation dépassent l’âge de 5 ans.
Rose Marie Bentley a quant à elle vécu sans problème, en dehors d’une arthrose. Trois organes on dû lui être retirés de son vivant, mais les médecins n’ont constaté qu’un déplacement de l’appendice. Ce n’est qu’après son décès que Walker et ses collègues ont remarqué que la partie supérieure de son estomac était sortie du diaphragme, une anomalie généralement appelée hernie hiatale. Si elle l’avait su, Bentley « aurait trouvé ça trop cool de pouvoir apprendre quelque chose à la science et d’être différente », a déclaré sa fille, Louise Allee.
Source : Eurekalert