Pourquoi certains animaux sont-ils engagés envers leurs compagnons et d’autres pas ? Selon une nouvelle étude portant sur dix espèces de vertébrés, publiée le 7 janvier dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences et menée par des chercheurs de l’université du Texas à Austin, l’évolution a utilisé une sorte de formule universelle pour transformer les espèces non-monogames en espèces monogames, en augmentant l’activité de certains gènes et en réduisant l’activité de certains autres dans le cerveau.
Selon les auteurs, sont monogames les animaux qui « forment un lien de couple avec un partenaire pendant au moins une saison de reproduction, partagent une partie du travail que demande l’élevage de la progéniture, et qui défendent ensemble les jeunes contre les prédateurs ». Les chercheurs ont étudié cinq couples d’espèces qui se ressemblent (quatre mammifères, deux oiseaux, deux grenouilles et deux poissons), chacune avec un membre monogame et un membre non-monogame.
Ils ont ensuite comparé l’expression des gènes dans les cerveaux mâles des dix espèces afin de déterminer les changements survenus dans chacune des transitions évolutives liées aux animaux étroitement apparentés. Malgré la complexité de la monogamie en tant que comportement, ils ont constaté que les mêmes changements dans l’expression des gènes se produisaient à chaque fois.
La découverte suggère donc qu’il existe un lien étroit entre certains comportements sociaux complexes et la façon dont les gènes s’expriment dans le cerveau. En organisant les gènes d’espèces éloignées – telles qu’un poisson et un mammifère – en groupes basés sur des similarités de séquence, l’équipe a pu identifier la formule évolutive commune qui conduit à la création des liens de couple et à la coparentalité chez les cinq espèces à comportement monogame.
D’autres études sur le sujet avaient déjà été faites, mais celle-ci couvre une plus longue période d’évolution que celle explorée précédemment. En effet, les chercheurs ont analysé 450 millions d’années d’évolution. « On ne s’attend pas à ce que, sur 450 millions d’années, des transitions vers des comportements aussi complexes se produisent de la même manière à chaque fois », explique Rebecca Young, associée de recherche au département de biologie intégrative de l’université d’Austin et première auteure de l’étude.
Source : Proceedings of the National Academy of Sciences