Crédits : Monica Akhtar/The Washington Post Deux équipes indépendantes de scientifiques, l’une issue de l’université de New York, l’autre de l’université Rockefeller (basée à New York elle aussi), ont publié le 8 août deux articles concernant la même expérience génétique. Toutes deux ont génétiquement modifié des fourmis, créant ainsi « le premier mutant parmi les insectes sociaux », a confié Claude Desplan, biologiste à l’université de New York, au Washington Post. Si les scientifiques ont ainsi créé des fourmis-mutantes, c’est avant tout pour comprendre comment fonctionne ce petit insecte aux colonies si bien organisées : « Si vous mettez un millier de mouches dans un seau rempli de saletés, elles vont soit se battre, soit copuler. Faites la même chose avec des fourmis et vous verrez qu’elles se mettront directement au travail, cherchant un foyer ainsi que des ressources », explique Daniel Kronauer, de l’université Rockefeller. Et si les rôles sociaux sont bien définis, les gènes, eux, sont tous similaires chez chaque insecte. Les chercheurs des deux universités ont donc pioché quelques fourmis au sein de colonies et modifié le gène qui leur permet de capter les phéromones qu’elles utilisent pour communiquer. Ils les ont ensuite replacées dans leur habitat naturel. Le constat est sans appel : les fourmis-mutantes, privées de 90 % de leur capacités olfactives, ont montré de graves déficiences dans leur comportement social, qui leur ont valu d’être rejetées par le reste de la colonie. « Nous sommes à présent en mesure de comprendre comment les phéromones sont perçues », explique Daniel Kronauer. « La façon dont les fourmis interagissent est fondamentalement différente de celle des insectes habitués à opérer seuls. Grâce à nos recherches, nous en savons plus sur ce qui a permis aux fourmis de créer des colonies si structurées. » Source : The Washington Post