Crédits : Maximilien Brice / CERN Seulement neuf mois après avoir observé la lumière de l’antimatière, l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN) vient de faire une nouvelle trouvaille de poids. Dans un article paru le 3 août dans la revue Natureles chercheurs rapportent leur première observation de l’antihydrogène, l’hydrogène version antimatière. Une particule d’antimatière est une particule dotée d’une charge opposée à une particule ordinaire, et la rencontre des deux est susceptible de les annihiler mutuellement, les transformant en importante masse d’énergie. C’est ce que décrit la célèbre formule E = mc², imaginée par Einstein. Si l’on s’en réfère à la théorie du Big Bang, l’antimatière devrait être présente dans l’univers en quantité égale à celle de la matière ordinaire. Mais il s’avère qu’elle est extrêmement rare dans l’univers local, et les scientifiques tentent de comprendre pourquoi. C’est la raison pour laquelle ils recréent eux-mêmes des particules d’antimatière dans de gigantesques laboratoires, afin d’observer son comportement et de l’examiner sous toutes les coutures. Pas facile. Pour mener à bien leurs recherches, les scientifiques ont ainsi reproduit eux-mêmes des atomes d’antihydrogène, grâce à leur Décélérateur d’antiprotons. Cette machine unique en son genre permet au CERN de créer sur-mesure des atomes d’antimatière de basse énergie. C’est un genre de Space Mountain à particules grâce auquel les physiciens peuvent « capturer » et « dompter » les « particules rebelles » que constitue l’antimatière. Crédits : CERN Vient ensuite la phase d’observation et l’occasion de dégainer son spectroscope, outil permettant de sonder la structure interne des atomes tout en gardant un œil sur leur interaction avec les ondes électromagnétiques. Résultat ? Aucune différence entre les lignes spectrales de l’antihydrogène et celles de l’hydrogène. En bref, le spectre lumineux de l’hydrogène et de son miroir se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Dit comme ça, ça semble logique, mais il fallait encore le prouver ! Cette découverte a eu lieu dans le cadre de l’expérience ALPHA menée par le CERN et laisse augurer des nouvelles mesures toujours plus précises concernant tous les composants de l’antimatière. Jeffrey Hangst, porte-parole de l’expérience, va même jusqu’à parler d’une « nouvelle ère » pour la recherche, affirmant que le CERN est désormais capable « d’observer en détail la structure d’atomes d’antimatière, en seulement quelques heures au lieu de quelques semaines ». Sources : Phys.org/Nature/CERN