De nouvelles recherches indiquent que certains trous de mémoire pourraient être causés par un mécanisme de sécurité du cerveau, conçu pour lui assurer de ne pas être saturé d’information. En d’autres termes, perdre la mémoire pourrait s’avérer être bénéfique pour l’activité cérébrale. D’après deux chercheurs de l’université de Toronto, au Canada, la mémoire n’a pas pour objectif d’aider à transmettre l’information la plus précise, mais l’information la plus utile, afin de prendre les décisions les plus avisées à l’avenir. « Il est important que le cerveau oublie les détails sans importance et se focalise sur les choses qui l’aideront à prendre des décisions concrètes », expliquait le coauteur de l’étude Blake Richards au journal de l’université de Toronto, le 21 juin. Il y aurait d’après Richards et son collègue Paul Frankland deux raisons pour lesquelles le cerveau nous fait constamment oublier des choses. La première, c’est que cela nous aiderait à nous ajuster à de nouvelles situations en nous débarrassant de souvenirs superflus. Admettons que votre bar préféré déménage à l’autre bout de la ville, oublier son ancien emplacement vous aidera en somme à retenir le nouveau. La deuxième raison est qu’oublier nous permet de mettre de côté les événements passés, afin de nous aider à prendre des décisions face aux nouveaux. Dans le domaine de l’intelligence artificielle, c’est ce qu’on appelle la régularisation. Se rappeler de l’impression générale d’une expérience plutôt que de tous ses détails demande moins de travail au cerveau, sans l’empêcher de savoir comment se comporter la prochaine fois qu’il sera confronté à une expérience du même type. « Si votre cerveau était constamment saturé de souvenirs contradictoires, cela rendrait plus difficile le fait de prendre les bonnes décisions », explique Richards. Il va sans dire qu’oublier des informations que nous avons besoin de nous rappeler est une expérience frustrante, et sa récurrence peut être le signe d’afflictions plus ou moins graves. Mais ces nouvelles recherches suggèrent que jusqu’à un certain point, l’oubli est un outil naturel conçu pour nous rendre moins bêtes. Source : U of T News