Crédit : Zeresenay Alemseged/University of Chicago L’Homme est la seule créature terrestre à se déplacer exclusivement sur ses deux membres postérieurs, avec le corps parfaitement droit. Cette bipédie ne date pas d’hier, mais grâce à l’étude d’un fossile d’hominidé – surnommé Selam – découvert en 2006 par le paléoanthropologue de l’université de Chicago Zeresenay Alemseged, il a été démontré que certaines fonctionnalités de la marche sur deux pieds étaient déjà établies il y a au moins 3,3 millions d’années, bien plus tôt que ce que nous pensions jusqu’ici. C’est la conclusion d’un rapport paru le 22 mai dans la revue de l’Académie des sciences américaine. Depuis leur découverte, Alemseged n’a cessé d’étudier ces os très anciens. Deux éléments en font une découverte remarquable : d’abord, l’exhaustivité des ossements, et ensuite, l’âge précoce de la mort de Selam, qui n’avait que deux ans et demi. Ce qui fait de lui le plus ancien, le plus complet, mais aussi le plus jeune de nos ancêtres jamais découverts. « Ce type de préservation est sans précédent, en particulier chez un jeune dont les vertèbres n’ont pas encore complètement fusionné », explique le paléoanthropologue. Et ses dernières recherches ont identifié ces os comme étant l’exemple le plus ancien de bipédie. Selon les résultats de l’analyse, des segments clés de la structure de la colonne vertébrale qui ont permis aux hominidés de marcher un jour sur leurs jambes, sont déjà développés dans les ossements de Selam, en dévoilant un peu plus sur l’évolution de la race humaine. « Cela montre que la structure générale de la colonne vertébrale humaine a émergé il y a plus de 3,3 millions d’années, mettant en lumière l’une des caractéristiques de l’évolution humaine », affirme Alemseged. Selam appartient à l’espèce des Australopithèques afarensis, tout comme la célèbre Lucy. Cependant, il vivait près de 120 000 ans avant elle. Comme nous, Selam ne possédait que 12 vertèbres thoraciques et 12 paires de côtes, alors que la plupart des singes en ont davantage. En revanche, les humains ont plus de vertèbres dans le bas du dos, ce qui nous aide à nous tenir debout et à marcher en nous tenant droit. Pour étudier les ossements, Alemseged et son équipe se sont rendus en France pour utiliser la technologie d’imagerie de l’Installation européenne de rayonnement synchrotron. Cela leur a permis de visualiser les parties manquantes de la structure osseuse. Source : Proceedings of the National Academy of Sciences