C’est la plus longue étude de personnalité réalisée à ce jour. L’université d’Édimbourg, en Écosse, vient de dévoiler les résultats d’une expérience débutée en 1947, publiés par la revue scientifique Psychology and Ageing. L’étude en question prouve que la personnalité d’un individu peut changer du tout au tout au cours de sa vie. En 1947, les chercheurs avaient analysé les personnalités de 1 208 adolescents de 14 ans, en se basant sur les dires de leurs professeurs. Ceux-ci devaient remplir une grille d’évaluation comportant six critères : la confiance en soi, la persévérance, la stabilité de l’humeur, la rigueur, l’originalité et l’ambition. Ces résultats étaient ensuite condensés en une note globale, censée évaluer la rigueur des participants. Presque 70 ans plus tard, des chercheurs de l’université d’Édimbourg ont pris le relais afin de clore l’expérience. Sur les 1 208 patients testés à l’origine, 635 ont été contactés et 174 ont répondu à l’appel pour une seconde série de tests. Cette fois-ci, chaque individu devait s’auto-évaluer et demander à un proche d’en faire autant. Le test comportait alors sept catégories qui, une fois condensées, donnaient un indice de fiabilité. Après comparaison des résultats, aucune corrélation n’a été observée pour la majorité des individus. « Nous pensions observer des preuves de stabilité émotive après une si longue période. Mais les conclusions n’ont pas permis de vérifier cette hypothèse », a expliqué un membre de l’équipe. « Nous avons trouvé beaucoup d’incohérences avec les résultats précédents. » Ces résultats se sont révélés inattendus car d’autres recherches, qui comparaient l’enfance à l’adolescence ou l’âge adulte au troisième âge, montraient en revanche de grandes similitudes dans les personnalités des individus. « Suivant un changement graduel, il peut arriver qu’une personnalité paraisse relativement stable au cours des intervalles d’une vie », affirme également l’équipe. « Ainsi, plus les intervalles entre deux tests de personnalité sont espacés, moins la corrélation entre les deux est probable. » Mais au-delà des conclusions qu’ont avancé les chercheurs, l’étude comporte également de nombreux biais qui expliquent la disparité des résultats. Tout d’abord, l’échantillon étudié lors de la seconde phase, en 2016, était très réduit (174 patients). Ensuite, contrairement à l’étude réalisée en 1947, ceux-ci devaient en partie s’auto-évaluer, ce qui prête quand même à une grande subjectivité. Enfin, les professeurs des adolescents ne sont peut-être pas les personnes les plus à même de juger de leur personnalité… En 2014, une étude similaire a été réalisée par l’université de Berlin, en Allemagne, auprès d’un échantillon de 23 000 individus. Celle-ci révélait déjà que la personnalité d’une personne âgée pouvait être aussi instable que celle d’un adolescent. Elle prouvait notamment que, durant le troisième âge, 25 % des participants étaient sujets à un changement émotif radical. « Contrairement à ce qui a été observé chez de jeunes adultes, les changements de personnalité chez des individus plus âgés ne suivent aucune tendance », avait alors expliqué Jule Specht, le directeur de l’étude de chercheurs, en 2014. Vieillesse ne rimerait donc pas forcément avec sagesse, loin de là. Source : Psychology and Ageing