Les Black Ops, ou black operations, sont les opérations clandestines menées par la Maison-Blanche, l’armée ou les agences militaires américaines. Comme les autres forces du pays, les membres de ces opérations secrètes arborent des insignes à l’épaule, permettant d’identifier le groupe auquel ils appartiennent et l’objectif de leur mission. Enfin presque, car comme le révèle l’artiste Trevor Paglen dans son livre illustré sur le sujet, ces emblèmes souvent délirants ont des significations cryptiques. Cryptiques, car issus d’opérations hautement confidentielles. Si bien que Paglen se les procure grâce à des fuites anonymes. « J’ai entendu dire qu’un commandant avait lancé une petite chasse aux sorcières pour trouver qui m’avait fait parvenir un insigne lié à l’espace », a confié Paglen à Wired. « Aucun de ces insignes n’est “classé top secret” à proprement parler, mais certains d’entre eux ont été réalisés avec l’accord tacite qu’ils ne seraient pas rendus publics. J’espère que personne n’a eu de problème. » Voici les plus étonnants d’entre eux. Le Special Projects Flight Test Squadron a pour mission de tester les prototypes d’avions à signature réduite de l’armée américaine, tel que le Lockheed Martin F-117 Nighthawk. Leur complexe de Groom Lake se situe dans une base secrète de l’Air Force à proximité de la Zone 51, dans le désert du Nevada. Cet emblème appartient lui aussi au Special Projects Flight Test Squadron, mais il fait référence à un projet très précis : « Rat 55 » est l’insigne des pilotes du Boeing NT-43A. Appareil de soutien aux essais en vol, il est équipé d’un puissant radar (radar testbed, ou rat) et comporte un numéro de série de l’Air Force qui s’achève par 55. Le rat sur l’image brandit des radars et il est affublé d’un chapeau de sorcier – une possible référence à d’autres insignes de l’Air Force représentant des attributs magiques. Groom Lake est aussi la base du drone secret Desert Prowler, un programme hautement confidentiel dont les participants restent muets comme des tombes. Cet insigne psychédélique fait potentiellement référence aux missiles que l’arme volante tire depuis le ciel afghan. Celui-ci appartient au 6594e Groupe de test, basé à Hawaï, les récepteurs du renseignement militaire. L’explication de l’étoile tombant sur Terre ? Ses membres avaient pour mission dans les années 1960 de récupérer les satellites retombés sur Terre pour en analyser les données. Aujourd’hui, évidemment, plus besoin de les rapatrier pour ça. L’USA-207, ou PAN pour Palladium at Night (palladium de nuit), est un satellite top secret des Américains lancé en orbite géostationnaire en septembre 2009. Son opérateur, agence militaire ou de renseignement, est inconnu. Paglen soupçonne qu’il s’agisse d’un satellite relais de la CIA. Celui-ci a posé une véritable colle à Trevor Paglen. Il ne lui a pas été possible d’identifier à quelle unité appartient cet insigne des « chasseurs de sonde ». Illustré par un espion de MAD Magazine et affirmant qu’ « aucun pays n’est trop souverain », l’unité mystérieuse est probablement liée à des opérations d’espionnage international. Non, cet emblème n’est pas celui des soldats de la Zone 51. Il désigne une constellation de satellites de télécommunications militaires de la Navy, conçue par Boeing. Ils permettent aux marins de rester en contact les uns avec les autres lorsqu’ils sont en mer, loin de la base. Le programme s’appelle Ultra-High Frequency Follow-On, qu’ils contractent en UFO, « OVNI » en français. L’un des marins a eu la riche idée d’en faire un insigne à l’effigie d’un extra-terrestre. Paglen appelle celui-ci l’Unknown Dragon Patch : il ne sait pas non plus à quelle unité il s’applique. Cependant, les représentations spatiales se rapportent généralement aux unités travaillant sur des programmes satellites de l’armée. Vu sous cet angle, le dragon fait froid dans le dos. Rien ne prouve cependant qu’il s’agisse d’une arme cosmique crachant du feu. La phrase en latin au-dessus du phénix signifie : « Le démon que tu connais. » Cette maxime sibylline fait référence à un échec cuisant du National Reconnaissance Office, où s’affairent les opérateurs de satellites espions. Les satellites du Future Imagery Architecture auraient coûté dix milliards de dollars pour finalement se révéler incapable de percer les couvertures nuageuses. Un fiasco dont l’armée américaine s’est remise depuis, mais qu’elle n’est pas près d’oublier. Ne vous emballez pas trop vite 🙂 : l’Alien Technology Exploitation Division n’existe pas, à priori. Un ancien officier de l’Air Force Space Command a confié à Paglen que lui et ses équipiers s’étaient fait faire cet insigne à l’effigie de l’extraterrestre de Roswell après avoir travaillé des mois sur un projet dans une chambre forte, « à côté de là où ils conservent les corps des aliens ». Quant à la mystérieuse inscription au bas de l’emblème ? C’est le klingon pour « ne posez pas de question ». Elle est bien bonne. Source : Wired