Aux États-Unis, Uber n’est pas seul en scène sur le marché des applications de transport avec chauffeur. Et samedi dernier, au lendemain du décret anti-musulmans promulgué par Donald Trump le vendredi 27 janvier, son principal concurrent Lyft a eu une réaction autrement plus humaine que la sienne. Lors de la manifestation qui avait lieu à l’aéroport JFK de New York pour protester contre les expulsions et interdictions d’entrer sur le territoire exigées par Trump, Uber a cru bon de casser ses prix pour profiter de la mobilisation des chauffeurs de taxi et bénéficier de la tourmente. Ainsi, pendant que les taxis manifestaient, les chauffeurs de l’entreprise dirigée par Travis Kalanick pratiquaient des tarifs inférieurs à ceux en vigueur normalement dans la zone. https://twitter.com/Uber_NYC/status/825502908926066688?ref_src=twsrc%5Etfw Uber n’a pas tardé à être accusé de chercher à casser la grève sur les médias sociaux, et de nombreux utilisateurs de Twitter ont posté sur le réseau des photos d’eux en train de supprimer l’application de leur téléphone, accompagnées du hashtag #DeleteUber. L’entreprise, qui ne s’était pas prononcée jusqu’ici clairement pour dénoncer le décret, a été contrainte de le faire pour éteindre les flammes. De son côté, Lyft n’a pas attendu avant de manifester sa désapprobation. Dans un email adressé à leurs utilisateurs et dans un post du blog de la société, les cofondateurs du service Logan Green et John Zimmer ont exprimé leur opposition radicale au décret : « Ce week-end, Trump a fermé les frontières du pays aux réfugiés, aux immigrants, et même aux citoyens munis de papiers issus du monde entier, en fonction de leur pays d’origine. Empêcher des personnes d’entrer aux États-Unis en se basant sur leur foi, leur idéologie, leur identité, leur sexualité ou leur ethnicité est l’antithèse des valeurs fondamentales de Lyft et de notre nation. Nous sommes fermement opposés à ces actions et nous ne resterons pas silencieux face à des problèmes qui menacent les valeurs de notre communauté. » Plus loin, les deux entrepreneurs ont déclaré faire don d’un million de dollars sur quatre ans à l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU), une association new-yorkaise dont l’objectif est de « défendre et préserver les droits et libertés individuelles garanties à chaque personne dans ce pays par la Constitution et les lois des États-Unis ». Mic drop. Le PDG de Uber, Travis Kalanick, avait déjà déclaré qu’il serait prêt sans souci à travailler avec Trump : « Nous collaborerons avec n’importe qui dans le monde, tant que qu’il s’agit d’améliorer les moyens de transport en ville, de créer des emplois, de faciliter la mobilité des personnes, de chasser la pollution de l’air et le trafic des rues. » Kalanick a déclaré dans un post Facebook après la tempête, samedi soir, qu’Uber allait apporter son soutien à leurs chauffeurs victimes du décret, en compensant financièrement l’attente de la levée de l’interdiction. « Nous avons déjà pris contact avec une douzaine de personnes », affirme-t-il. Le geste vient un peu tard. Sources : The Verge/Esquire