Saddam Hussein lors du verdict de son procès, en 2006 D’après l’analyste de la CIA qui a interrogé l’ancien dictateur irakien, les États-Unis se sont gravement trompés sur Saddam Hussein et l’Irak. John Nixon a eu de nombreuses discussions avec Saddam Hussein, après sa capture en 2003. Pour lui, le gouvernement américain n’a absolument pas compris quelles étaient les intentions irakiennes, remettant en question les fondements de l’invasion controversée de 2003. L’analyste est notamment convaincu que la CIA s’est mépris sur les velléités de Saddam Hussein quant à l’utilisation d’armes de destruction massive, mais aussi sur ses habitudes de vie et son engagement pour diriger le pays. Durant l’un des nombreux interrogatoires, John Nixon a demandé à Saddam Hussein s’il avait imaginé une seule fois utiliser des armes de destruction massive contre les troupes américaines basées en Arabie saoudite. L’ancien dictateur lui aurait répondu : « Nous n’avons jamais pensé à utiliser des armes de destruction massive. Ce n’était pas sujet à débat. Utiliser des armes chimiques contre le monde ? Quelle personne censée voudrait faire une telle chose ? Qui voudrait utiliser ce type d’armes alors qu’elles n’ont jamais été utilisées contre nous ? » « Ce n’était pas quelque chose que nous nous attendions à entendre », a avoué John Nixon. Saddam Hussein aurait d’ailleurs ajouté que les États-Unis avaient fait cette erreur car « il n’y avait pas d’esprit d’écoute et de compréhension », ajoutant qu’il en était en partie responsable. John Nixon critique lui aussi le manque d’écoute du président de l’époque, George W. Bush. Pour lui, l’ancien président considérait que le travail de la CIA était basé sur des approximations, alors que lui-même « n’entendait que ce qu’il voulait entendre ». La destruction de la statue de Saddam Hussein à Bagdad, en 2003. D’après John Nixon, Saddam Hussein avait également mis en garde les États-Unis contre ce qu’ils essayaient de faire en Irak. « Vous allez tomber de haut et vous allez vous rendre compte qu’il n’est pas facile de gouverner l’Irak », aurait-il dit à la CIA. Quand ils lui ont demandé pourquoi il disait cela, Saddam Hussein aurait répondu que les États-Unis ne comprenaient pas le peuple irakien, car ils ne comprenaient ni leur langage, ni leur mentalité, ni leur histoire. Ni même le climat, d’ailleurs. Saddam Hussein a été exécuté en 2006, trois ans après sa capture. Depuis l’invasion américaine, près de 200 000 personnes sont mortes et il reste, treize ans plus tard, au moins 5 000 soldats américains sur le territoire irakien. Source : The Independent