The Young Family — sculpture de Patricia Piccinini Les chimères génétiques sont désormais une réalité. Dans un rapport paru dans la revue scientifique Cell en janvier 2017, une équipe de scientifiques de l’institut Salk révèle être parvenue à créer un embryon mi-humain, mi-cochon. En génétique, une chimère est un organisme hybride, formé de populations de cellules appartenant à différentes espèces animales ou végétales. Une allusion à la créature monstrueuse de la mythologie grecque à corps de lion, tête de chèvre sur le dos et queue de dragon, qui ne semble pas décourager les scientifiques de poursuivre sur cette voie. Ainsi, l’équipe de chercheurs internationale a créé artificiellement dans son laboratoire un embryon hybride dans le but de cultiver sur les animaux des organes susceptibles d’être transplantés aux êtres humains. Pour cela, ils suppriment de l’ADN du cochon les gènes correspondant à certains organes comme le cœur ou le foie. Ils injectent ensuite des cellules souches humaines dans les embryons de cochons, qui viendront remplir le vide laissé par les gènes supprimés. La croissance de l’embryon a été stoppée après quatre semaines : de quoi affirmer que l’expérience était réussie, sans s’aventurer plus loin sur des territoires inconnus (et dangereux) pour la science. On craint notamment que de tels cochons puissent développer une intelligence humaine si les cellules souches venaient à se développer en cellules cérébrales humaines. Le Dr Stuart Newman, du New York Medical College, s’inquiète à ce sujet. « Un animal dont le cerveau serait en partie composé de cellules humaines pourrait développer une conscience et des besoins similaires aux nôtres. Nous ne savons pas ce qu’il peut se passer », dit-il. Les soucis éthiques que posent de telles avancées scientifiques ne sont pas inconnus des chercheurs. « Cela provoque des réactions que nous ne pouvons pas ignorer et auxquelles il nous faut répondre », reconnaît Juan Carlos Izpisúa, qui a participé à l’expérience. Pour l’heure, leurs recherches sont permises par des fonds privés, les gouvernements américain et espagnol se refusant à financer de telles expériences. Source : Cell