Crédits : John Carl Warnecke & Associates Planter un gratte-ciel monumental, capable de résister à une explosion nucléaire, en plein New York City, au su et au vu de tous : c’est l’idée folle qui a donné naissance au bâtiment qui abrite l’un des plus importants centres de surveillance de la NSA, l’agence de surveillance américaine. L’édifice en question contiendrait assez de nourriture pour nourrir 1500 personnes, et ce durant deux semaines. Il est composé de 29 étages et de trois sous-sols. Il ne possède aucune fenêtre ni éclairage. Dans la nuit, il se dresse sur le skyline de Manhattan comme une silhouette sombre, monumentale et menaçante. Le but premier de ce monstre de béton, surnommé Project X par les initiés, aurait pu être de protéger les américains contre les radiations toxiques d’une éventuelle attaque nucléaire. Mais en fait, l’édifice constituerait le plus grand pôle de télécommunications du pays. La tour appartiendrait d’ailleurs à AT&T, d’après le département des Finances de l’état de New York. Project X a été pensé par le cabinet John Carl Warnecke & Associates. Il avait pour ambition de donner vie à une “forteresse du XXI siècle, où les lances et les flèches seraient remplacées par des protons et des neutrons montant silencieusement la garde au milieu d’une armée de machines”. Visionnaire. La construction a démarré en 1969. En 1974, elle était terminée. Project X est situé au 33 Thomas Street, au sud de l’île de Manhattan. “Long Lines Building” : c’est ainsi que les New-Yorkais surnomment le monstre. Des années durant, sa fonction première n’était pas connue, ce qui a participé à alimenter les fantasmes les plus fous. Depuis, quelques informations ont fuité. Project X s’est avéré être l’un des sites les plus importants de la NSA, qui sert principalement à exploiter des informations sur des appels téléphoniques, des faxs et des données internet. Une des maquettes de l’agence John Carl Warnecke & Associates. Crédits : John Carl Warnecke & Associates La majorité des informations connues sur Project X proviennent d’Edward Snowden, qui les a notamment transmises au site américain The Intercept. TITANPOINTE serait en fait le nom que l’agence aurait attribué au bâtiment. Les documents dévoilés suggèrent que la NSA aurait parfois pioché dans les conversations téléphoniques qui passaient par ce hub des télécoms. Cela aurait concerné des communications entres les États-Unis, le FMI, la Banque Mondiale et au moins 38 autres pays. AT&T aurait donc collaboré. Elizabeth Goitein, co-directrice du programme américain pour la liberté et la sécurité nationale aurait déclaré qu’il existait désormais de véritables preuves que les opérateurs téléphoniques américains étaient devenus, volontairement ou non, un outil pour la surveillance nationale. Mais la NSA ne s’est jamais exprimée sur le sujet. Des informations très précises, datées et chiffrées appuient l’hypothèse avancée par l’enquête menée conjointement par The Intercept et la boîte de production Field of Vision. Crédits : The Intercept Sources : The Intercept / Field of Vision. Edward Snowden parle de ce qui a et va changer, deux ans après ses révélations fracassantes sur la surveillance massive des citoyens par les gouvernements.