Crédits : Corona Oui, techniquement, la bière peut avoir la même apparence que l’urine. De là à le faire décemment croire à des consommateurs avertis, on n’aurait pas osé. En 1987, Heineken l’a fait. Lorsque Corona a débarqué aux États-Unis, elle a très vite incarné le chill, la fraîcheur et le cool californien. En une dizaine d’années seulement, elle était devenue la seconde bière importée la plus vendue après Heineken. Craignant de passer rapidement numéro 2, la marque néerlandaise a décidé de contre-attaquer. Les distributeurs ont commencé à faire courir le bruit que l’ingrédient secret de Corona, c’était de l’urine. Heineken a appuyé cela en expliquant que les travailleurs mexicains utilisaient les conteneurs destinés à l’exportation comme urinoirs. L’ennui, c’est que la rumeur a pris et s’est vite répandue auprès des consommateurs. Les magasins ont commencé à refuser de distribuer de la Corona et à renvoyer leurs stocks. Les ventes ont chuté d’environ 80%. La marque elle-même a décidé de mener son enquête, pour remonter aux sources de la rumeur. Le distributeur responsable des États-Unis a remonté le filon jusqu’à un détaillant Heineken, Luce and Son Inc., désireux d’écraser son concurrent garantir sa bonne santé financière. Le petit mensonge a coûté plus de 3 millions de dollars à la marque mexicaine. Luce and Son Inc., ainsi que d’autres entreprise impliquées dans la propagation de la rumeur n’ont eu d’autre choix que de s’excuser publiquement, pour aider à réhabiliter la réputation de Corona. Au delà de la simple santé financière de l’entreprise et de sa réputation, cette affaire a hélas aussi contribué à enraciner un peu plus les stéréotypes racistes qui pesaient contre les mexicains à cette époque-là.