Depuis 62 ans, les ovnis sont interdits de séjour à Châteauneuf-du-Pape. Le petit village du Vaucluse, connu dans le monde entier pour ses vins merveilleux, a pris un arrêté municipal étonnant en 1954. À l’époque, Lucien Jeune est maire de la ville et il décide d’interdire aux extraterrestres de survoler sa commune ou d’y atterrir. Voici ce que stipule l’arrêté :
Art. 1er. Le survol, l’atterrissage et le décollage d’aéronefs dits soucoupes volantes ou cigares volants de quelque nationalité que ce soit, sont interdits sur le territoire de la commune. Art. 2. Tout aéronef, dit soucoupe volante ou cigare volant, qui atterrira sur le territoire de la commune, sera immédiatement mis en fourrière. Art. 3. Le garde champêtre et le garde particulier sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent arrêté.
Le village s’en amuse encore et l’arrêté est toujours effectif. Mais il a une raison d’être.
Les années 1950 étaient propices à l’observation d’ovnis en France, et la panique est venue du Nord par un vendredi soir de 1954. Marius Dewilde, ouvrier métallurgiste résidant à Quarouble, a déclaré avoir reçu la visite de deux Martiens aux portes de son jardin. Ils seraient sortis d’un appareil en forme de cigare (d’où le « cigare volant » de l’arrêté) qu’ils ont posés sur la voie ferrée toute proche. M. Dewilde a fait le portrait d’humanoïdes de petite taille engoncés dans des combinaisons argentées. Lorsqu’il s’est approché pour observer l’engin, les Martiens l’auraient paralysé à coup de rayon vert. Quand il s’est réveillé, ils avaient disparu.
À l’époque, l’histoire a fait couler de l’encre jusque dans les pages du New York Times. Le comportement des Martiens a dû scandaliser Lucien Jeune, qui s’est empressé de rédiger un arrêté pas piqué des hannetons. Rayon laser ou pas, ils iront chercher leur carlingue à la fourrière s’ils atterrissent dans les vignes provençales. Mais pour peu que le garde champêtre ait descendu quelques verres de Châteauneuf dans la soirée, saura-t-il différencier un objet volant non identifié d’un airbus A320 ? Rien n’est moins sûr.
Source : New York Times