Un monocle est un verre de lunette unique et circulaire, que l’on attribue surtout aux gentlemen du XIX et XXe siècle. Mais dans les années 1920 et 1930, à Paris, cet objet était également un signe de reconnaissance de la communauté lesbienne. Les femmes le portaient parfois avec des cheveux gomminés et un costume trois pièces. Dans l’entre-deux-guerres à Paris, Montmartre était le refuge des esprits non-conformistes et avant-gardistes. Artistes, bohémiens, gays et lesbiennes s’y donnaient rendez-vous la nuit. Le Monocle était donc aussi la plus célèbre boîte de nuit lesbienne de l’époque, nichée dans une petite ruelle du XVIIIe. Le lieu se présentait comme un cabaret spécialement pour les femmes, uniquement fréquenté par des femmes. Il était tenu par Lulu de Montparnasse, une patronne à l’allure de garçonne. Lulu de Montparnasse. Crédits : Georges Brassaï Lulu de Montparnasse. Crédits : Georges Brassaï En 1940, l’occupation allemande à Paris a balayé toutes les frivolités du quartier. Les nazis ont commencé à persécuter la communauté homosexuelle de la capitale. Le Monocle a donc fermé ses portes pendant la Seconde Guerre Mondiale, mettant un terme aux nuits de la communauté lesbienne à Montmartre. À la libération, le New Monocle a pris le relais, un temps, dans le quartier de Montparnasse, sans que l’esprit burlesque des années folles et de l’établissement initial ne perdure. La devanture de l’établissement, sphérique et défraîchie, est toujours visible, boulevard Edgar Quinet. Le devanture du New Monocle, de nos jours. Crédits : Georges Brassaï