Nous connaissons tous plus ou moins les techniques de camouflage des soldats de l’armée. Mais il se trouve que ces derniers n’ont rien inventé ! Une équipe de chercheurs de l’Académie chinoise de sciences, menée par Bo Wang, a découvert qu’à la période du Crétacé des insectes utilisaient des débris pour se camoufler, tant pour se protéger de leurs prédateurs que pour piéger leurs proies. Crédit: Wan et al Des restes de ces espèces ont été retrouvés dans des échantillons d’ambre. Il est fort probable qu’au milieu de cette période géologique, ces insectes se soient encastrés dans des arbres et y soient restés bloqués pendant des millions d’années. 300 000 fossiles d’ambre ont été étudiés par les chercheurs chinois, ce qui leur a permis de découvrir que plusieurs dizaines d’insectes pratiquaient cette technique de camouflage, notamment le chrysope (chrysopidae), le fourmillon (myrmeleontidae) ou le réduve (reduviidae, la punaise). Le chrysope. C’est une surprise pour les scientifiques. En effet, « les insectes qui utilisent des débris pour se camoufler aujourd’hui sont étroitement liés aux angiospermes (plantes à fleurs) », explique Wang, « nos découvertes suggèrent qu’en réalité la pratique complexe du camouflage était déjà répandue chez trois groupes d’insectes avant même l’arrivée des plantes à fleurs ». Le fourmillon. Crédit : wikipédia En effet, se camoufler de débris n’est pas évident. L’animal doit d’abord sélectionner les éléments naturels qui lui permettraient de se dissimuler. Il doit ensuite collecter ces débris et s’en « habiller », tout en restant en parfaite adéquation avec l’environnement. Certains utilisent le cadavre de leur proie pour s’en faire un déguisement, à la manière du loup qui utilise la grand-mère dans Le Petit Chaperon Rouge. Lorsque le chrysope attrape sa victime, il lui injecte un liquide de sa salive qui liquéfie ses tissus et l’empêche de se débattre. Après s’en être nourri, le prédateur utilise le squelette pour s’en faire une enveloppe. Ce réduve moderne a empilé les corps de cadavres sur sur son dos pour tromper son prédateur. Crédit : smithsonianmag Cette technique semble assez efficace puisqu’elle a progressé et perduré dans le temps. « Elle a évolué indépendamment dans trois groupes d’insectes datant du Crétacé, et certains se sont propagé dans le monde entier », note Wang. Les réduves actuelles possèdent un duvet sur le dos qui leur permet de récupérer des débris, tout comme leurs ancêtres. C’est le contraire pour les chrysopes, qui eux ont des structures morphologiques différentes de leurs prédécesseurs. Ces découvertes soulèvent pourtant encore plusieurs questions : cette pratique du camouflage s’est-elle transmise d’espèces en espèces pendant des millions d’années ? Qui est arrivé en premier : les espèces qui se camouflent pour survivre ou leurs semblables qui vivent aujourd’hui sans de telles armures ? Source : Science Advances Cette méduse détiendrait le secret de la vie éternelle. ↓