En 1842, le cartographe J.H Colton a tenté de retracer l’histoire de l’univers sur un peu moins de trois mètres carrés. Son schéma, appelé « Stream Of Time, or Chart Of Universal History », prend la forme d’une carte constituée de fleuves sinueux et d’affluents, se croisant les uns avec les autres. Leur source, tout en haut de la carte, est représentée par les Cieux – l’épicentre de toute la Création selon Colton. Sur la carte, l’histoire commence en 4004 av. J.-C. L’attention particulière qu’il porte aux détails nous donne un beau portrait des allées et venues des civilisations, des empires et des personnages qui ont circulé à travers le temps. La carte de J.H. Colton, datant de 1842. Crédits : Colletcion David Rumsey. Trois épaisses bandes, de chaque côté de la carte, nous montrent les périodes que Colton considérait comme les plus importantes dans l’histoire – comme la destruction de Sodome et Gomorrhe –, de grands personnages comme Charlemagne et Shakespeare, ainsi que des événements et des inventions, classées par exemple de « Création du monde », à l’origine des temps, à « horloges avec roues » en 1100 ap. J.-C. Les autres fleuves, au cœur de la carte, représentent les États qui ont éclos, fusionné ensemble, ou cessés d’exister complètement. Au niveau de l’année 1842, la rivière représentant la Prusse gonfle pour devenir plus grande que la plupart des autres courants, s’élargissant largement par rapport à ses débuts de petit ruisseau, à la fin du premier millénaire. Au tournant du XIXe siècle, une branche se divise brusquement, depuis la rivière représentant l’Espagne. Cette nouvelle rivière se divise ensuite en plusieurs courants, représentants les États d’Amérique du Sud devenus indépendants suite a une série de révolutions. Ces pays rejoignent les rangs de la France, de la Perse et de la Chine. L’indépendance de l’Amérique est réduite a une ligne à peine visible, dans un contexte de millénaires de développements historiques, comprenant la naissance de Jésus Christ, la montée et la chute de l’Empire romain, l’union de la Castille et de l’Aragon ou encore la Révolution française. L’Empire Romain prend une place importante sur la carte de Colton. Une partie des développements historiques les plus importants de l’époque de Colton – comme le Congrès de Vienne de 1814 et la guerre d’indépendance grecque, qui commença en 1821 – font une apparition légitime sur la carte. D’autres, comme la classification de William Henry Harrison, ont moins de poids historique aujourd’hui. La carte de Colton n’était pas la seule de ce type à l’époque. Son schéma connaît de fortes ressemblances avec celle de Friedrich Strass, datant de 1803. En l’occurrence, il s’est basé sur son travail sur cette carte. Une carte encore plus sinueuse que celle de Colton, créée en 1836 par Emma Williard et appelée « Picture Of Nations », conserve la même structure générale, mais elle se concentre plus sur la création et la dissolution des États et des empires. Un trait de lumière éclatante, en l’an 0, représentant la naissance du Christ, est beaucoup plus frappant que les mots « Jésus Christ » que Colton avait écrit en lettres capitales. Le français Eugène Pick a créé sa propre version de la carte de Colton. Crédits : Colletcion David Rumsey. Mais cette mode des cartes historiques ne s’arrête pas là. En 1858, un Français nommé Eugène Pick a créé sa propre version, appelée « Tableau de l’Histoire Universelle ». La carte de Pick reprend le design de Colton, mais avec une abondance de couleurs et de vignettes, représentants des grands monuments, des tableaux et des étapes historiques importantes. Toutes ces cartes, et bien d’autres encore, sont présentées sur le site de la collection de David Rumsey. Source : Collection David Rumsey. Il arrivait à prévoir l’arrivée de navires rien qu’en regardant le ciel. ↓