Lancé aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale, le projet Manhattan réunissait militaires et scientifiques pour mettre au point les premières bombes nucléaires (bombes A). En 1946, l’une des expériences du programme a entraîné la mort de Louis Slotin, un des scientifiques participant au projet. Reproduction de l’expérience sur le noyau de plutonium Crédits : Los Alamos national laboratory C’est le « cœur de démon » qui a causé la mort de Louis Slotin. Cette masse de plutonium a été surnommée ainsi à la suite d’une série de graves accidents. L’un des plus connus a eu lieu en 1946 à Los Alamos, au Nouveau-Mexique. Dans le cadre d’un essai qu’ils appelaient « titiller la queue du dragon », le physicien canadien Louis Slotin et sept autres scientifiques ont voulu vérifier le point exact à partir duquel une masse sous-critique de plutonium (une matière fissible) provoquerait une réaction nucléaire. Un test qui devait s’effectuer à mains nues, avec pour seul outil un tournevis… Sauf que le 21 mai 1946, le tournevis a glissé des mains de Slotin et le physicien a été exposé à une radiation de 10 grays, soit l’équivalent d’une dose mortelle. Le noyau de plutonium tel qu’il était sûrement pendant l’expérience de Slotin Crédits : Los Alamos national laboratory Tous les scientifiques présents dans la pièce ce jour-là ont immédiatement été conduits à l’hôpital. Deux d’entre eux ont souffert d’un syndrome d’irradiation aiguë, mais pour Slotin, c’était trop tard. L’éminent spécialiste de la gestion des risques du plutonium est décédé neuf jours après. Cette expérience, dont l’issue fut un désastre, était censée servir à l’avancée du projet Manhattan, conduit entre 1942 et 1946 au sein du laboratoire de Los Alamos, au Nouveau-Mexique. C’est dans ce laboratoire que les bombes d’Hiroshima et de Nagasaki ont été fabriquées – bombes qui feraient plus de 200 000 morts au Japon en 1945. Reconstitution d’une vue globale de l’expérience Crédits : Los Alamos national laboratory Près de 70 ans plus tard, le projet Manhattan a refait parler de lui. Le site de Los Alamos a ouvert au public en 2015, pour commémorer le projet de recherche atomique qui provoqua la mort de plusieurs scientifiques. Une décision qui a soulevé de nombreuses critiques. En effet, certains y ont vu l’occasion de célébrer une page peu glorieuse de l’histoire américaine. Louis Slotin (à gauche) et un collègue devant la première bombe nucléaire partiellement assemblée Crédits : Los Alamos national laboratory Source : The New Yorker Un témoignage impressionnant. ↓